Édition du 19 novembre 2024

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Le blogue de Pierre Beaudet

Entre l’arbre et l’écorce : brexit ou pas en Angleterre

Je n’aimerais pas être un Anglais de gauche ces jours-ci. Ou même un Écossais. Face au referendum sur le « Brexit », j’ai l’impression que c’est « Pile tu gagnes. Face je perds ». Malheureusement, cela arrive assez souvent dans la gauche ici et là dans le monde qu’on se retrouve coincés de la sorte.

Par rapport au Brexit, les élites économiques et politiques sont à peu près unanimes pour demander aux gens de voter le maintien dans l’Union européenne. En fait, elles ne demandent pas, elles menacent. Elles sont assises sur leurs sordides affaires à la City (quartier financier) qui est le centre de la finance européenne et elles en profitent en masse de cette Europe pourrie.

Avec les politiques de l’UE, les politiques d’austérité, de précarisation et de coupures dans les services ont acquis du « prestige » : si l’Europe le fait, c’est que c’est bon.

Partout sur le continent, c’est l’UE qui est le gendarme, le gardien de prison et le tortionnaire, qui surveille tous ceux qui auraient l’audace de sortir du corset en béton du néolibéralisme. Comme on l’a vu en Grèce l’an passé. Comme ils vont le faire encore avec l’Espagne dépendamment du vote de la semaine prochaine. En attendant, on assassine des milliers de réfugiés et on travaille main dans la main avec toutes les dictatures qui sont autant de relais et de complices dans les sordides pratiques de pillage menées par les multinationales européennes.
 
C’est ridicule, mais c’est vrai : l’Union européenne fait 100 fois pire que le FMI ou la Banque mondiale pour imposer à tout le monde les mêmes politiques dévastatrices. Et en plus, ces politiques sont imposées par une bureaucratie de voleurs non-élus et non-imputables. Des vrais bandits en cravate et en Mercedes.

Alors beaucoup de gens ne sont pas fous, et ils sont contre, pas parce qu’ils sont ultra nationalistes, racistes ou nostalgiques de l’empire britannique.

Sauf qu’ils se font dire de partout, y compris de la social-démocratie (devenue social-libérale) qu’ils sont des demeurés… Alors survient la droite et l’ultra-droite, qui peut alors capitaliser sur une colère immense et en bonne partie, disons-le, légitime.

On peut comprendre d’autre part les hésitations des mouvements populaires et syndicaux et de la gauche de se retrouver dans un camp du brexit dominé par ceux-là. Mais n’est-ce pas un peu de leur faute de s’être coincés comme cela ?

Je me souviens il y a quelques années en France, il y avait un référendum sur le traité européen, où on demandait aux Français de voter oui à cette prison qui s’appelle l’UE. La droite était contre, évidemment, avec son discours grandiloquent sur la gloire de la France de pépé. La gauche « caviar », Parti socialiste en tête et quelques syndicats de moumounes comme la CFDT, étaient pour, en faisant des discours sur la solidarité européenne. Maudits menteurs !

Mais voilà, cela n’a pas marché. Une partie importante de la gauche a décidé de dire non aussi. Pas pour les mêmes raisons évidemment.

La campagne finalement a été menée par Attac et d’autres mouvements, contre le Parti socialiste et plusieurs syndicats, en affirmant qu’on n’avait pas à choisir entre la peste et le choléra. On disait que l’adhésion à l’Europe, dans les conditions spécifiques qui étaient imposées par le traité, n’était pas un choix rationnel du point de vue des revendications populaires. Et on ajoutait aussi que l’avenir de la France n’était certainement pas dans le rétablissement de ses frontières et une sorte de repli nationaliste, mais dans une autre ouverture, une « altermondialisation » en quelque sorte.

Et imaginez-vous ce qui s’est passé : le non a passé et la gauche digne (pas les voyous du PS et de leurs intellectuels-mercenaires) en a profité. On avait évité le faux choix.

Pour l’Angleterre la semaine prochaine, il est trop tard pour cela. Je serais surpris que le maintien de l’adhésion à l’UE ne passe pas. Le discours menaçant et haineux des néolibéraux purs et durs est trop fort.

Et la gauche est désemparée.

À moins que …

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