On parle bel et bien de ristournes, que l’Ordre des pharmaciens et tous les ministres de la Santé ont condamné dans le passé. Ce que nous annonce le ministre Barrette, c’est un buffet à volonté pour les fabricants, les distributeurs fautifs comme McKesson et les propriétaires de bannières pharmaceutiques au détriment des patients et des contribuables. Ce sont les gens et la RAMQ qui vont financer ces cadeaux. C’est honteux », dénonce le député de Mercier Amir Khadir.
La part des dépenses de santé consacrée aux médicaments au Québec ne cesse d’augmenter, passant de 5,8 % en 1980 à 19,5 % en 2009. L’abolition du plafond de 15% des ristournes au Québec, qui sont d’ailleurs illégales en Ontario, fera exploser encore davantage ces dépenses. « Au Québec, les prix des médicaments sont gonflés. On paie déjà 25 à 35% plus cher nos médicaments que les autres provinces. Le gouvernement reste les bras croisés devant cela. L’abolition du plafond de 15% des ristournes est dangereuse. Cela occasionnera des relations de complète dépendance entre des pharmacies et des fabricants. Les Québécois.e.s perdront en choix de médicaments puisque ces ristournes forcent les pharmaciens propriétaires à donner l’exclusivité à certains fabricants. C’est extrêmement pernicieux », continue le député.
Plus tôt cette année, l’AQPP était en guerre contre le projet de loi 28 du ministère de la Santé, qui incluait des coupes de 133 millions $ imposées par le gouvernement aux pharmaciens. Or, les phamaciens propriétaires se sont passablement amadoués avec cette nouvelle entente. Les effets des coupes seront annulées par les dizaines de millions obtenus en ristournes.
« Ça sent l’appât du gain à plein nez. Lundi, un scénario financier plus qu’intéressant a été présenté aux membres de l’AQPP : si l’allocation atteint 30 %, les pharmaciens propriétaires vont faire 74 millions $ de plus annuellement. On tente de nous rassurer en disant que l’argent de ces ristournes servira à financer du personnel de laboratoire, des équipements ou des services en pharmacie. Mais ces ristournes sont en fait des rabais dont on prive les patients et la RAMQ qui assure 3,5 millions de gens qui paient des cotisations qu’on vient d’augmenter. C’est malhonnête pour le public et déloyal pour les contribuables. C’est choquant de voir l’ineptie de la RAMQ qui devrait, comme l’OHIP en Ontario ou le PharmaCare en Colombie Britannique, négocier d’important rabais qu’on laisse ainsi filer au profit des fabricants, des distributeurs et des chaines de pharmacies. Cela va à l’encontre de l’intérêts du public et des patients », continue M. Khadir.
En terminant, le député observe que la période où est signée cette entente n’est pas anodine. « Négocier cela quand tout le monde est en vacances et refuser de commenter par la suite prouve que les intervenants dans ce dossier savent très bien que c’est un scandale ».