Édition du 12 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 19 mars 2019

La résistance s'internationalise !

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

Elisabeth Germain, militante féministe et antiraciste, nous livre la présentation qu’elle a fait lors d’un panel sur l’islamophobie. Elle fait l’analyse des débats qui traversent les mouvement des femmes à propos des femmes voilées, musulmanes, qui sont l’objet de stigmatisation. Elle identifie trois grands courants, approches qui regroupent l’expression de l’attitude de la majorité des femmes à ce sujet. Elle constate la présence de préjugés, de la peur et du racisme « envers tout ce qui est différent » dans le mouvement. Engagée dans le courant voulant « interdire les interdits », elle plaide pour un « déplacement des perspectives », voir autrement la perspective par rapport aux religions.
 
Le Québec était au diapason du monde lors de la grande Marche des jeunes pour le climat alors que la manifestation de Montréal fut l’une des plus imposante. Elle s’additionne à 8 ou 9 autres événements organisé au Québec ainsi que plus de 2000 dans 123 pays vendredi dernier. Ce mouvement tente de donner un nouveau souffle au mouvement de lutte contre les changements climatiques alors que les échéancier pour éviter la catastrophe sont de plus en plus serrés. Il est rafraîchissant de voir les centaines de milliers de jeunes s’inscrivent en faux avec le consensus dominant qui veut que les pays font le maximum d’effort en ce sens alors que la plupart des gens voient bien que l’issue à cette bataille est loin d’être rassurant. Yvan Perrier revient sur l’événement de Montréal, impressionné par la jeunesse des participant.e.s, par la perspective planétaire des jeunes qui doivent relever le défi « d’inventer de nouvelles façons de penser et de faire. »

La démission de la députée Catherine Fournier a créé la surprise. Le PQ est maintenant tombé au statut de 3e opposition. Bernard Rioux essaie de décrire les fondements du déclin du PQ et de tracer les voies de la lutte pour une majorité indépendantiste dans la société québécoise.
 
Le conseil national de Québec solidaire qui doit trancher le débat sur la question de la laïcité approche et les contributions sont nombreuses. William Champigny-Fortier, candidat de QS dans Arthabaska lors des dernières élections, croit que les manoeuvres du gouvernement Legault sur le sujet n’ont rien à voir avec une véritable laïcité et qu’il s’agit davantage de « gagner de la sympathie politique sur le dos de minorités qui subissent déjà beaucoup de violence en tout genre. » Il se situe dans la mouvance qui veut éviter les interdit en matière de symboles religieux et aurait préféré que l’on s’attaque au crucifix à l’Assemblée nationale, à la prière qui est encore récitée lors de certains conseils municipaux ou encore au financement des écoles privées confessionnelles.
 
Québec solidaire a mobilisé plus de 300 personnes contre le projet de 3e lien lors d’une rencontre publique à Québec. Nous vous offrons les discours de Catherine Dorion et de Sol Zanetti à cette occasion ainsi qu’une conversation avec Étienne Grandmont d’Accès transport viable menée par Catherine Dorion.
 
Véronique Laflamme, impliquée dans la Coalition main rouge et organisatrice communautaire au FRAPRU, procède à un bilan d’étape de l’organisme qui mobilise contre l’austérité et pour des solutions de réinvestissement dans les services publics et des programmes sociaux. L’auteure rappelle les luttes qui ont meublé l’historique de la Coalition depuis sa fondation en 2010. Elle croit que la coalition est encore pertinente, les conditions ayant mené à sa mise sur pied sont encore bien présentes, mais que l’absence d’une lutte unitaire et soutenue, essentielle pour arracher des gains au gouvernement, fait en sorte que les perspectives s’annoncent plus difficiles. Elle appelle à une nouvelle unité afin de redonner à la Coalition un nouvel élan.
 
La lutte des salarié.e.s de GM à Oshawa se poursuit... et se radicalise. Aux grands maux, les grands moyens : face à l’intransigeance de la multinationale dans sa recherche de profits, le syndicat Unifor réclame ni plus ni moins que la nationalisation sans compensation de l’usine et ce, sous contrôle des travailleuses et des travailleurs et de la communauté. Dans une entrevue accordé à Presse-toi à gauche, Tony Leah souligne l’importance de la solidarité internationale dans cette bataille car l’usine d’Oshawa n’est pas la seule menacée par les plan d’austérité de GM mais une parmi 4 autres, aux Etats-Unis. Il s’inscrit également en faux avec la campagne nationale de boycottage des véhicules assemblés au Mexique de la direction nationale d’Unifor car ça cible les salarié.e.s.mexicains qui ne sont aucunement responsables des décisions de la direction de GM. La perspective de la nationalisation évite donc de chercher des coupables ailleurs qu’au conseil de direction de GM et oriente les efforts pour trouver des solutions pour conserver les emplois comme convertir l’usine afin qu’elle produise des véhicules électriques.

Sur la scène interntionale

La situation internationale cette semaine est bien sûr dominée par la présence des jeunes dans la lutte contre les changements climatiques et pour sauver la planète. Nous vous invitons à lire l’entièreté des articles sur ce thème dans notre édition de cette semaine.

Nous avons aussi porter notre regard non pas sur des événements mais sur deux réflexions : soit le devoir de mémoire et les liens entre structures dominantes et les violences en particulier faites aux femmes.

Le devoir de mémoire

Le premier devoir de mémoire que nous voulons vous présenter est celui d’une grève étudiante de 1977 à l’Université Laval à Québec. Le joli mai

Cette grève méconnue a duré un bon mois, davantage en préparation des actions et portait sur des prêts bourses suite à une grève des professeur-e-s de l’Université Laval. À l’heure des mobilisations étudiantes, il nous faut tirer bilan des différentes luttes menées par les générations précédentes pour éviter les erreurs commises. Cet article, très détaillé, nous offre une chronologie de la préparation, de l’organisation, de la structuration et du déroulement d’une lutte étudiante. Ce qui est intéressant dans ce conflit c’est que : « Le boycott des frais de scolarité par les étudiants de l’université Laval fut la première lutte étudiante après l’arrivée-surprise du Parti québécois au pouvoir en novembre 1976. » Cette grève « la plus improbable de toutes » a réussi a obtenir des miettes : un prêt sans intérêts et une indemnisation supplémentaires aux bourses. Elle a aussi tenu « tête au gouvernement et à la direction de l’université durant plus d’un mois, un exploit dans les circonstances. »
Et en conclusion sur le devoir de mémoire... « Pourquoi cette lutte a-t-elle sombré dans l’oubli ? …. Selon moi, pour deux raisons : tout d’abord, elle n’a concerné que les étudiants de l’Université Laval et ensuite elle fut relativement peu spectaculaire, …..Il faut admettre aussi que l’installation au pouvoir du Parti québécois attirait toute leur attention et ce au détriment d’une lutte aussi « mineure » que le boycott des frais de scolarité par les étudiants et étudiantes de l’Université Laval. Si elle s’était produite à l’Uqam ou à l’Université de Montréal, les choses auraient été différentes. Mais à Québec… »

Autre devoir de mémoire mais dans un registre totalement différent : les liens entre le sionisme, le racisme et le fascisme. Le sionisme est-il synonyme de racisme ?

L’auteure nous amène en Afrique du Sud au lendemain de la Deuxième guerre mondiale et nous relate la préparation et la mise en place du système d’apartheid à partir des fondements de l’idéologie fasciste. « En toute logique, on pouvait se demander et il fallait comprendre comment et pourquoi il a été possible, juste après 1945, que d’anciens complices du III Reich réussissent, en Afrique du Sud, à faire fonctionner durablement ce que, chez Hitler, le monde civilisé condamnait unanimement. Et voici une découverte on ne peut plus frustrante : j’ai appris non sans stupeur que, pour réussir en Afrique du Sud le rêve d’Adolf Hitler, les anciens nazis sud-africains ont bénéficié du soutien sans faille des puissances alliées. Les mêmes qui ont combattu militairement Hitler lorsque les victimes de celui-ci étaient des Européens. Ainsi donc, les Etats Unis, l’Angleterre et la France, forts de leurs sièges permanents au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies, ont usé et abusé de leur droit de veto pour laisser sans effet les résolutions approuvées par l’Assemblée générale contre le crime d’apartheid. » Voilà l’horreur et la nécessaire obligation de se souvenir. L’auteure conclut : « L’alliance israélo-apartheid s’est prolongée aussi longtemps que ce crime contre l’humanité s’est maintenu. A la lumière de ces faits dont la réalité demeure incontestable nous avons considéré que le sionisme, au même titre que le nazisme, le colonialisme, l’apartheid, le fascisme, repose sur une idéologie raciale profondément raciste. »

Et si on parlait de violences.

Le premier article choisi pour dénoncer les violences porte sur la situation des personnes migrantes. Survivre sous les arbres au cœur de la ville de Rabat : la situation des migrants refoulés au Maroc

Les personnes migrantes vivent exploitation et violence. En décembre prochain au Maroc se tiendra des rencontres internationales sur le sujet. Il nous fallait donc montrer le vrai visage de l’immigration en ce pays. Et la situation est loin d’être reluisante. Le Maroc depuis une dizaine de mois refoulent les migrants et migrantes dans le Nord « Tanger, Nador, Castillejos (près de Ceuta) ainsi que pour certains d’entre eux, moins nombreux, Oujda et l’Algérie »vers le Sud du pays. « Ils viennent de plus de 15 pays du Sud du Sahara : Côte d’ivoire, Sénégal, Nigeria, Niger, Sierra Leone, Liberia, Gambie, Ghana, Centrafrique, République du Congo (Congo Brazzaville), RDC (République démocratique du Congo, Togo, Burkina Faso, Bénin… et la liste n’est peut-être pas exhaustive. Les plus nombreux viennent des pays cités en premier : Cameroun, Guinée Conakry, Mali, Côte d’ivoire. »

L’article se poursuit en prenant comme exemples les personnes migrantes vivant près de la gare Al Kamra à Rabat. Violences, souffrances, emprisonnements, confiscation et vols sont décrits en détails. Le texte se termine en s’interrogeant sur les prochaines rencontres mondiales « Comment faut-il comprendre cet écart entre les réalités et le texte que les Etats, dont l’Etat marocain, sont en passe de signer ? De deux choses l’une. Ou bien c’est un texte qui réaffirme des principes fondamentaux pour satisfaire la bonne conscience des gouvernements.... Ou alors, les gouvernements attendent que le Pacte soit signé et ratifié (ce qui peut prendre vraisemblablement plusieurs années) pour le mettre en application, tout en enfreignant les principes qu’il énonce dans ses politiques actuelles. Ce qui jette un doute sérieux sur leur attachement aux principes qui sous-tendent les engagements qu’ils s’apprêtent à signer. »

« Abus sexuel », antiféminisme, les recettes d’un ordre

Autre violences, celles institutionnelles de l’Église catholique L’auteure définit la notion d’abus et la situe dans un système structurel : « Enfin, cette expression s’affiche au sein d’un ordre caractérisé par la hiérarchie, le sexisme endémique, la culture du silence, l’imperméabilité. Comme dans les autres ordres – médical, juridique, politique… –, l’impunité des violences sexuelles règne. » Le texte poursuit en marquant une différence importante dans la structure catholique. Ces abus et violences se font dans un contexte de : « vœu de chasteté, bannissent l’avortement, s’opposent à la « théorie du genre », rejettent toute sexualité contre nature – c’est-à-dire qui n’a pas vocation à « l’enfantement » –, glorifient « la femme comme mère, porteuse d’enfants », alors que le contraire se vit en son sein. »

L’article fait donc un lien intéressant entre structure hiérarchique, idéologie patriarcale et domination des femmes : « Le fond de l’entreprise reste effectivement familialiste : à travers tout ce bruit, il est question de promouvoir le mariage entre homme et femme, de protéger l’idée de famille. De plus, il s’agit de reconduire l’idéologie antiféministe portée de longue date par l’Église » L’auteure conclut sur la longue lutte du féminisme pour venir à bout du patriarcat.

Le dernier article sur les violences porte sur les massacres en Nouvelles Zélande.

Attentat. Brenton Tarrant, geek et terroriste d’extrême droite L’article n’est pas à lire : trop court, trop confus écrit sous le feu de l’événement et des émotions. Mais pose un questionnement important : les liens entre l’extrême droite et les médias sociaux. Le besoin de se faire voir et de se faire connaître pour un extrémiste en pleine action.

Bonne lecture

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