Édition du 19 novembre 2024

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Syndicalisme

Dévoilement d'un vaste sondage sur les soins à domicile - Les ASSS assistent à la dégradation des soins à domicile selon un sondage de la FSSS-CSN

MONTRÉAL, le 14 avril 2019 - La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) dévoile les résultats d’un sondage sur le quotidien des Auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS) et sur les services aux usagers. Ce sondage diffusé en marge du Forum national sur la profession d’ASSS illustre la dégradation des conditions de travail de ces intervenant-es qui font tout pour donner des soins de qualité alors que les employeurs et les gouvernements ouvrent toute grande la porte au privé.

Cette consultation a été menée du 17 janvier au 1er mars 2019. Ce sont 2 693 ASSS qui ont répondu à ce sondage, ce qui représente près de 50 % de l’ensemble des ASSS du Québec. Les ASSS sont celles qui rencontrent le plus souvent les usagères et usagers qui reçoivent des soins à domicile. Si elles répondent massivement aimer leur travail (90 %), elles sont aussi près de 97 % à considérer que le gouvernement ne reconnaît pas leur contribution.

Des conditions de travail qui se dégradent alors que les besoins de la population augmentent

Les ASSS sont bien placées pour voir l’ampleur des besoins des usagers. Pourtant, elles rencontrent plusieurs problèmes au travail :

 Manque de personnel (selon 76 % des répondantes)

 Manque de reconnaissance (69 %)

 Surcharge de travail (62 %)

 Problèmes de gestion (57 %)

 Pression au travail (47 %)

Avec des années de sous-financement chronique et la réforme Barrette, c’est plus de 82 % des répondantes qui ont vu leur charge de travail s’alourdir depuis le 1er avril 2015. Cela en raison de l’alourdissement des profils des usagers (82 %), de l’augmentation du nombre d’usagers (79 %) et de l’instabilité du personnel dans les équipes de travail (55 %).

Cela a des conséquences néfastes sur leur santé.

 Elles vivent de la fatigue durant ou à la fin de leur quart de travail (selon 74 % des répondantes) et de la douleur physique durant ou à la fin de leur quart de travail (68 %)

 90 % empiètent sur leur temps de pause et 80 % sur leur temps de repas

 60 % ont un niveau de détresse psychologique élevé

 Près de 47 % se sont absentées du travail au cours des 12 derniers mois en raison de détresse psychologique

 88 % ont été victime de violence psychologique ou physique de la part des usagers ou de leur famille

Et sur les services à la population :

 Compromis sur la qualité des services (61 %)

 Délais dans les services à la population (56 %)

 92 % ont observé des situations mettant à risque la sécurité des usagers

 79 % ont observé des situations exposant les usagers à de la maltraitance, des abus, de l’extorsion, de l’intimidation, de la violence verbale ou physique ou à des vols

« Ce que souhaitent les ASSS, c’est une réelle reconnaissance de leur expertise et une organisation du travail qui mise sur les besoins des usagers. Elles veulent que le travail d’équipe retrouve ses lettres de noblesse pour pouvoir ajuster les soins en cours de route. Les ASSS veulent que les employeurs écoutent ce qu’elles ont à proposer pour mieux servir les besoins de la population », explique Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

Vers la dislocation de la mission du réseau public

La désorganisation du réseau public observée par les ASSS vient nuire à la mission des soins à domicile. Un des avantages clés des soins à domicile offerts dans le public, c’est le travail d’équipe réalisé par l’ensemble des intervenant-es (ASSS, infirmière, professionnel-le). Pourtant, c’est plus de 83 % des répondantes qui ne sont pas invitées à participer à des rencontres visant la planification des plans de travail.

Comme elles manquent de temps, elles sont seulement 10 % à avoir toujours le temps d’effectuer les tâches qu’elles doivent accomplir et plus de 70 % n’ont pas le temps de répondre aux imprévus.

Les tentacules du privé nuisent à l’offre de soins à la population

Pendant que les conditions de travail des ASSS et le secteur public se dégradent, le privé prend de plus en plus de place dans les soins à domicile. Pour l’année 2016‐2017, le recours aux agences privées était de 38,2 % dans la région de Montréal. Que ce soit des entreprises privées, des entreprises d’économie sociale ou par le biais du chèque emploi service, les sommes investies par l’État pour financer le privé sont beaucoup plus importantes que ce qui finance le secteur public. Le constat est inquiétant : plus de 51 % des ASSS craignent pour l’avenir de leur titre d’emploi au sein de leur CSLC.

« La privatisation des soins à domicile est une tendance lourde qui va de pair avec la dislocation du réseau public. L’éclatement de l’offre nous nuit pour organiser des services qui répondent aux besoins. On a tout un retard à rattraper dans ce domaine. C’est pourquoi nous interpellons la ministre McCann et lui demandons de réagir aux résultats du sondage. Il est encore temps de changer de cap et de consolider nos CLSC », de conclure Jeff Begley.

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