Beaucoup de mérites reviennent à des gens comme mon collègue, Charlie Angus, qui a participé à améliorer la situation du logement en crise et à faire participer les gens. Si vous n’êtes pas encore au courant, Attawapiskat est une Première nation où beaucoup de gens sont sans abri pour l’hiver. Ils vivent sans eau courante. Leurs enfants sont privés d’école.
Ce n’est pas inhabituel.
Les gens peuvent se rappeler ce qui a été raconté à propos de Kashechewan ou de Pikangikum. Leurs histoires ont été rapportées dans tous les médias il y a quelques années. Il y en a beaucoup d’autres. La communauté de La Première nation de Sandy Bay au Manitoba veut faire savoir qu’elle vit une situation similaire.
On estime que 80 000 nouvelles maisons sont nécessaires et qu’un même nombre de maisons ont besoin de réparations majeures à travers le pays. Il y a plus de 100 communautés qui ont la consigne de faire bouillir leur eau. Il y a plus de 40 Premières nations dont les enfants ne peuvent fréquenter une école.
Embarrassé par les médias et l’attention du public, le gouvernement Harper a sauté dans l’action cette semaine et immédiatement blâmé la population d’Attawapiskat. Fondamentalement, ils ont dit que beaucoup d’argent a été dépensé là-bas, donc nous allons résoudre la situation par l’envoi d’un cabinet de comptables pour faire la gestion.
D’autres ont analysé les dépenses pour démontrer les faussetés sur lesquelles s’appuie M. Harper. Une démonstration qui ne devrait vraiment pas avoir besoin d’être faite. Y a-t-il quelqu’un qui pense que les communautés choisissent de vivre de cette façon ? Ou est-ce seulement qu’on ne peut pas faire confiance aux Indiens pour gérer l’argent ?
En dehors du gouvernement, des personnes se mobilisent pour faire des dons d’objets d’usage. La Croix-Rouge s’est impliquée. La plupart des gens considèrent que c’est une crise et ils soulignent que c’est une tragédie qui pouvait être évitée. Et ils demandent de l’aide pour qu’elle prenne fin. Espérons qu’ils réussissent. .
Mais qu’en est-il des dizaines de communautés que les médias ignorent ? Est-ce que les crises vont et viennent en passant relativement inaperçues ? Et quand va donc finir ce qui se produit encore et encore ?
Les gens ont besoin d’ouvrir leur horizon et de se concentrer sur les solutions.
Le tableau d’ensemble explique pourquoi Attawapiskat ne doit pas être considérée comme unique. Car cette situation est le résultat de politiques délibérées.
Cela commence avec la Couronne qui a brisé les partenariats avec les Premières nations qui étaient à la base des traités. La Couronne a ignoré ses propres lois, comme la Proclamation royale de 1763. Oui, il vous faut connaître l’histoire en question si vous voulez comprendre comment nous en sommes arrivés là.
L’histoire s’est poursuivie par une politique de ségrégation. Ils ont inventé l’idée du « statut » d’Indiens, tel que défini par la Couronne. Les réserves ont été créées, lorsque la Couronne a choisi ce qu’elle pensait être des terres sans valeur, elle a contraint les communautés à y rester.
Puis, ce fut la politique d’assimilation, où la Couronne a changé d’idée et a commencé à encourager les gens à quitter les réserves pour rejoindre le reste de la société canadienne. Cet encouragement a pris la forme d’une législation qui privait les gens de leur « statut ». Elle leur a refusé le droit de vivre avec leurs familles et leurs communautés s’ils voulaient recevoir une éducation.
La politique d’assimilation est toujours à l’oeuvre. Seulement maintenant, le gouvernement du Canada parle d’égalité formelle - il prétend traiter tout le monde exactement de la même manière - pour justifier le traitement des Premières nations. Le gouvernement du Canada prétend qu’ils n’ont pas de droits ancestraux ou de droits issus des traités, en dépit de la Constitution du Canada et de la Déclaration de l’ONU.
Donc, il n’y aura pas de partenariat avec les Premières nations pour les aider à assumer leur autonomie gouvernementale. Il n’y aura pas de coopération dans la planification et la mise en œuvre efficace et à long terme, de stratégies pour rendre les réserves vivables. Il n’y aura pas d’argent pour aider à rattraper des décennies de négligence et de mauvaise gestion par une lointaine bureaucratie. Il y aura de la paperasserie et de l’inertie bureaucratique. Leur objectif est que les réserves échouent et les gens les quittent. Du moins, ceux qui ne sont pas morts avant.
Ce plan est le plan auquel John Duncan fait allusion quand il parle de "réserves non viables". "Ils sont pressés de les fermer et d’envoyer des gens dans les villes comme ils ont essayé de le faire avec la population de Kashechewan. Ils mettent en place une législation pour privatiser les terres des réserves afin qu’elles puissent être vendues ou prises en défaut de paiement. Le fait que cela va rendre les ressources plus disponibles, comme les diamants autour d’Attawapiskat, et à moindre coût pour les entrepreneurs est une pure coïncidence, j’en suis sûr.
Il existe des solutions. Travailler dans l’esprit original de partenariat. Soutenu plutôt que contraint à l’auto-gouvernement, les Premières nations peuvent aller de l’avant. L’accord que j’ai aidé à négocier entre le Grand Conseil des Cris et le gouvernement du Québec appelé La Paix des Braves a atteint certains de ces objectifs. Ce sont les gens des communautés de la région, autochtones et non autochtones, qui en profitent maintenant. Ce n’est pas le seul exemple. C’est ce que l’on entend par la réconciliation.
De l’autre côté de la même baie d’Attawapiskat, leurs cousins, les Cris, ne vivent pas dans la même misère. Cela peut se produire ailleurs.
Roméo Saganash député, Abitibi - Baie-James - Nunavik - Eeyou
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