28 janvier 2022 | tiré du CADTM
https://www.cadtm.org/Des-rencontres-qui-redonnent-de-l-espoir
Plusieurs organisations de lutte et organisations de jeunes y ont pris part en plus du CADTM [1].
Les rencontres ont été aussi marquées par une grande présence des jeunes de 17 à 26 ans, tou-tes impliqué-es dans les dernières fortes mobilisations qu’ont connu plusieurs pays d’Europe et d’Amérique du Sud.
Les rencontres ont démarré dans la soirée du 21 Janvier 2022 avec une présentation et une introduction générale du programme et objectifs des rencontres ainsi que les attentes des participant-es.
Les objectifs de cette rencontre sont résumés dans la vidéo ci-après : https://vimeo.com/664516196
We need to talk. // 5th International Ecosocialist Encounters from Climaximo on Vimeo.
I. Des rencontres avec un programme riche et varié
La 2e journée a été marquée par l’organisation de 9 ateliers dont 6 en présentiel sur les thématiques suivantes :
1. Trouver notre stratégie dans une mer de tactiques
Dans cet atelier les participants ont dû discuter une panoplie de tactiques qui permettraient d’atteindre nos objectifs écosocialistes. Grève du climat, caravanes, semaines d’action, marches, occupations, désobéissance civile globale et action directe, il a été question d’analyser chaque tactique en fonction de chaque contexte et en regardant les facteurs internes et externes qui aident ou freinent leur réussite.
2. Au milieu de la tempête écosociale, quel rôle pour les syndicats vers l’écosocialisme ?
Dans cet atelier, les participant-es ont discuté de la nécessité de repenser nos demandes sociales en les connectant aux expériences de lutte ainsi que de la nécessité d’une décroissance juste avec une nette réduction du temps de travail et une amélioration de la qualité et des conditions de travail. De la nécessité d’un revenu minimum universel. Il a été aussi question des métiers du climat dont la priorité devra être donnée aux salarié-es qui seront affecté-es par la transformation climatique. De la nécessité d’une participation active des travailleur-euses et des communautés locales affecté-es dans la conception et l’implémentation des alternatives.
3. L’écoféminisme comme politique de la classe ouvrière
Notre écosocialisme ne peut être que féministe. Les participants-es à cet atelier se sont penché-es sur les façons dont les écoféministes peuvent s’organiser en vue de la révolution écosocialiste. Il a été aussi question de la grève féministe ou encore de la grève du prendre soin, la « Care strike », comme tactique efficace pour visibiliser le travail de reproduction social des femmes. Cette tactique permet aussi une meilleure mobilisation d’en bas. En ce qui concerne les propositions pour une meilleure réussite de cette tactique, les participant-es ont fait plusieurs propositions dont l’intégration du travail salarié féminin dans ces grèves ainsi qu’une meilleure préparation et coordination de cette journée de grève à l’échelle locale et mondiale.
4. Riposte via le contrôle public
Les discussions dans cet atelier ont eu lieu autour d’un texte/programme pour un avenir énergétique public, un programme qui est le résultat d’une année de travail de la Task Force syndicale, composée de plus de 30 syndicats de près de 20 pays du monde entier. (Voir le programme en anglais à cette adresse : https://www.alterecosoc.org/wp-content/uploads/2022/01/Trade-Union-Program-for-a-Public-Low-Carbon-Energy-Future.pdf )
5. Changement de système : Comment y parvenir ?
Étant donné l’extrême urgence de la crise climatique et de la nécessité de construire une alternative écosocialiste, les participant-es à cet atelier ont discuté des différentes tactiques de lutte : stratégie de transformation radicale en dehors du système et la lutte à l’intérieur du système en analysant les avantages et les inconvénients de chacune des deux stratégies. Si les expériences de lutte à l’intérieur du système ont montré les risques réels de cooptation, de bureaucratisation et de perte de boussole, des luttes en dehors du système mais déconnectées des masses s’apparentent plus à des bulles sans grands effets sur le système qui de par leur isolement finissent par disparaitre.
Les rencontres ont connu aussi l’organisation d’ateliers autogérés organisés par les participant-es dont un sur le sujet « dette et transition juste » ainsi que des plénières pour la restitution des rapports des ateliers.
II. Des rencontres avec une pédagogie participative
Les différents ateliers ainsi que les plénières ont adopté des techniques qui favorisent la participation et l’engagement des participant-es telles que des petits groupes de discussion ou encore des discussions organisées en bocal de poisson « Fishbowl ».
III. Des rencontres avec un plan d’action commun
Magazine écosocialiste
Avec pour objectif de permettre un débat continu sur les questions écosocialistes, et suite à l’initiative des camarades de Climximo du Portugal, un premier comité de rédaction a été formé pour assurer la sortie d’un magazine écosocialiste qui permettra de continuer le débat et de discuter et développer collectivement des alternatives écosocialistes pour faire face aux fausses solutions de greenwashing capitalistes. Le premier numéro est prévu pour juin 2022.
Caravanes écosocialistes
Afin d’aller à la rencontre des communautés locales, de les écouter, de soutenir leur lutte et d’échanger avec elles sur les alternatives possibles, il a été convenu d’organiser cette année dans plusieurs pays des caravanes. Ces caravanes seront aussi l’occasion de pointer du doigt et protester contre les projets polluants qui se trouvent à proximité de ces communautés.
Supply Chain Action
La proposition en une action visant à perturber une ou plusieurs chaînes d’approvisionnement mondial en combustibles fossiles, en ayant des actions sur le lieu d’extraction, raffinerie, transport, exportation, etc.
Actions de solidarité
La mise en place d’une structure pour que les organisations fassent des actions de solidarité à l’échelle internationale en cas d’avènement d’une catastrophe climatique.
IV. Des rencontres qui redonnent de l’espoir
Malgré le pessimisme de la raison, motivé d’un côté par les rapports alarmants des scientifiques sur la crise climatique déjà en cours ainsi que l’obstination des classes capitalistes dominantes à l’échelle mondiale à défendre le scénario « apocalyptique » du « business as usual », l’optimisme de la volonté et le sens de responsabilité des jeunes présent-es à ces rencontres forcent le respect et redonnent beaucoup d’espoir. Participer à ces rencontres et voir des jeunes militants-es plein d’enthousiasme et d’innovation avec des positions clairement anticapitalistes et clairement radicales i.e qui vont à la racine des problèmes et qui s’attaquent aux causes des maladies : mode de production capitaliste , patriarcat, racisme, extractivisme, etc. et non pas aux symptômes : crise sanitaire, crise financière crise écologique, crise alimentaire … des jeunes hautement conscient-es de la gravité de la situation, de la nécessité et de l’urgence d’agir ici et maintenant. De la nécessité d’agir localement et penser globalement mais aussi de la nécessité d’agir globalement et de penser localement. Les participant-es se sont donné-es rendez-vous l’année prochaine avec des propositions pour les prochaines rencontres qui devront être organisées dans un pays du Sud Global.
Notes
[1] ATTAC-CADTM Maroc et le CADTM Belgique participent de manière régulière aux rencontres écosocialistes notamment celles qui ont eu lieu à Bilbao en 2016 https://www.cadtm.org/Rencontres-ecosocialistes-a-Bilbao
Auteur
Jawad Moustakbal
Attac/Cadtm Maroc
Jawad Moustakbal est le coordinateur national au Maroc pour l’International Honors Programme : « Climate Change : The Politics of Food, Water, and Energy » à la School of International Training (SIT) dans le Vermont, aux États-Unis. Il a travaillé en tant que chef de projet pour plusieurs entreprises, dont l’OCP, l’entreprise publique marocaine de phosphates. Jawad est également un militant de la justice sociale et climatique, il est membre du secrétariat national d’ATTAC/CADTM Maroc, et membre du secrétariat partagé du Comité international pour l’abolition des dettes illégitimes. Il est titulaire d’un diplôme d’ingénieur civil de l’EHTP de Casablanca.
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