Édition du 17 décembre 2024

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LGBT

Groupes LGBTQ+ : les gouvernements ratent leur cible

MONTRÉAL, le 2 févr. 2022 - Les programmes de financement provincial et fédéral nuisent plus qu’ils n’aident les groupes communautaires LGBTQ+1. En effet, Québec et Ottawa offrent principalement du financement par projets plutôt qu’à la mission à ces groupes qui représentent des communautés marginalisées et qui peinent à effectuer leurs opérations courantes. L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) dévoile aujourd’hui un Portrait du financement des groupes LGBTQ+ au Québec. L’étude inédite évalue les différents programmes gouvernementaux disponibles et analyse, par le biais d’une enquête, la situation de près de 20 % de ces groupes.

Du sous-financement au malfinancement

« Les contraintes qu’impose le financement par projets nuisent à l’action des groupes et à leur autonomie », soutient Maxim Fortin, co-auteur de l’étude et chercheur à l’Institut. Après un sous-financement marqué dans les années 1990 et 2000, les organismes communautaires LGBTQ+ ont maintenant accès principalement à deux programmes, soit le Fonds de développement des capacités communautaires LGBTQ2 au fédéral et le Programme de lutte contre l’homophobie et la transphobie au provincial.

« Les gouvernements veulent aider les communautés marginalisées, mais offrent des programmes hypercontraignants et mal adaptés. Le problème, ajoute Maxim Fortin, c’est qu’on passe d’un sous-financement à un malfinancement des groupes communautaires LGBTQ+ ». Le chercheur compare les financements offerts à la construction d’une maison : « on offre un montant pour l’équivalent de la peinture alors que pour de nombreux groupes communautaires LGBTQ+, il n’y a même pas encore de plancher ». Bien qu’ils permettent aux organismes de disposer de sommes plus importantes qu’auparavant, l’enquête de l’IRIS met en lumière que « les nouveaux programmes de financement s’avèrent souvent incohérents, inadaptés et inadéquats ».

L’enquête de l’IRIS a également révélé que les programmes ont tendance à octroyer des financements aux organisations LGBTQ+ déjà bien établies. Cela semble contradictoire avec le mouvement communautaire LGBTQ+ qui est plus récent, « mais qui doit être financé adéquatement pour se solidifier », rappelle Maxim Fortin.

Du personnel en détresse

La détresse du personnel de plusieurs groupes communautaires LGBTQ+ ressort de façon flagrante de l’enquête qu’a mené l’Institut et confirme les contraintes associées au financement par projets. Plusieurs personnes font face à l’épuisement professionnel alors que d’autres mentionnent leur intention de quitter. « Ironiquement, le soutien gouvernemental peut devenir une forme de nuisance », analyse Wissam Mansour, co-autrice de l’étude. Elle ajoute que « les groupes n’ont pas obtenu la reconnaissance et le soutien financier qui leur auraient permis de construire des assises organisationnelles stables ».

À propos des programmes de financement disponibles, un groupe témoigne :

« [Les échéances] force[nt] l’équipe à constamment travailler, à ne pas prendre de vacances. Presque la moitié de l’équipe, pendant la pandémie, est tombée en congé-maladie, y compris la coordo, pendant un mois, à cause du stress, de l’épuisement… ».

L’importance du financement à la mission

« Alors que le financement par projet est synonyme de précarité, le financement à la mission amène quant à lui la pérennité », explique Wissam Mansour. Bien que 14 des 17 groupes participant à l’enquête aient accès à un financement à la mission par le gouvernement du Québec, 11 d’entre eux ont recours à du financement par projet pour boucler l’année. « C’est le financement à la mission qui permet une meilleure résilience du tissu communautaire », conclut Wissam Mansour.

À propos de l’enquête

L’échantillon représentatif de groupes communautaires LGBTQ+ ayant répondu au sondage est composé de douze groupes alors que cinq groupes ont participé à des entrevues semi-dirigées, dans huit régions administratives et avec une concentration dans la région de Montréal. Ils comptent pour près de 20 % de l’ensemble des groupes au Québec.

Historique du mouvement LGBTQ+ au Québec

Le mouvement communautaire LGBTQ+ compte 87 groupes dans toutes les régions du Québec. Le mouvement s’est développé plus tard que le reste du mouvement communautaire, vers le milieu des années 1970 dans un contexte de répression et d’affirmation politique. Il a d’abord reçu un financement accru avec l’épidémie de VIH/SIDA dans les années 1980 et 1990. Cela explique que les gouvernements aient malheureusement cantonné les groupes communautaires LGBTQ+ aux enjeux de santé.

Pour lire la note : https://bit.ly/financement-LGBTQ.

1- On utilise ici LGBTQ+ pour désigner les communautés et les personnes s’identifiant comme gaies, lesbiennes, bisexuelles, queers, trans, non-binaires, bispirituelles et intersexes.

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