Le 10 mai, jour de la fête des Mères, elles invitent toute la population à venir marcher avec elles à Ottawa devant le Parlement et ailleurs au pays pour faire entendre leur cri du cœur. Vêtues de noir, un cœur vert sur la poitrine et le nom de leurs enfants inscrits sur des pancartes, pour seuls slogans, elles marcheront en silence. Nombreuses, fières et déterminées, elles se lèvent par devoir, par colère et par amour, parce qu’elles n’acceptent pas de rester les bras croisés alors que l’avenir de leurs enfants est menacé par l’inaction politique.
« On sait qu’il faut agir, et agir vite pour éviter l’emballement climatique, souligne Laure Waridel, auteure de La transition, c’est maintenant et co-instigatrice de Mères au front. Les solutions existent. Elles sont à notre portée. On les sait bénéfiques à notre santé et à notre bien-être, même si certains efforts seront nécessaires pour passer de la parole aux actes. Nous avons besoin de courage politique. Et du courage, nous en avons pour défendre nos enfants. »
« Au début, nous étions 40 mères et grands-mères à exprimer notre colère et notre désespoir, explique Anaïs Barbeau-Lavalette, auteure, cinéaste et co-instigatrice de Mères au front. Nous sommes aujourd’hui des centaines à travers le pays à vouloir nous battre pour l’avenir de nos enfants. C’est pourquoi, cette année pour la fête des Mères, on demande d’oublier les fleurs et le brunch : ce que nous voulons, c’est de la droiture politique et des gestes forts et immédiats ».
« La crise climatique menace déjà nos enfants. Dans le nord, le pergélisol fond, les caribous se meurent, nos communautés souffrent. Nous avons déjà dépassé la limite », affirme Melissa Mollen Dupuis, artiste, activiste innue et fondatrice du mouvement Idle No More.
« Quand la biodiversité s’effondre et que le climat s’emballe, mettre des enfants au monde exige de tout faire pour contrer l’irresponsabilité, le déni et la rapacité menaçant la viabilité du monde, des générations futures et de l’humanité, et de tout faire également pour ouvrir d’autres horizons de pensée et d’action pour la suite du monde », souligne Louise Vandelac, professeure titulaire en sciences de l’environnement et en sociologie à l’UQAM.
« Depuis quelque temps, j’ai l’intuition profonde que l’amour et l’altruisme — le véritable souci du bien d’autrui — pourraient être des remèdes puissants à notre inaction, déclare Isabelle Lopez, médecin, psychiatre. C’est ce sentiment profond qui m’amène à devenir une Mère au front, et à croire que la force de cet amour sera notre arme de construction massive pour l’avenir ».
« Un peu comme des Antigone du XXIe siècle, les femmes refusent aujourd’hui d’accepter ce qui leur paraît injuste, affirme Christine Porlier, enseignante en littérature au Cégep de la Gaspésie et des Îles. La situation environnementale actuelle et l’inaction politique par rapport à celle-ci m’amènent à penser que nous n’offrons pas ce qu’il y a de mieux à nos enfants, ce qui est à la base de mon devoir de mère, de parent. Imaginez ce que ce doit être de grandir dans un monde où on ne prend pas en considération votre futur ».
« Je suis d’un territoire d’épinettes, de neige et de banquise, une mer de glace qui recouvre la baie, une bonne partie de l’année, déclare Catherine A Gagnon, PhD, Sciences de l’environnement. Mais depuis des années mon coeur de mère doute et s’inquiète que nos enfants ne puissent jamais savourer cette nature telle que je l’ai connue : saine, rassurante. Nous avons peuplé notre quotidien de petits gestes verts, pour la protéger, mais cela ne suffit plus ! C’est donc armée d’amour en colère que je joins Mères au front ».
Mères au front lance une invitation aux mères et grands-mères de tous horizons confondus, et à tous ceux et celles qui sont préoccupées par l’avenir de leurs enfants, à passer à l’action le 10 mai prochain et après, à Ottawa ou dans leur communauté, par le biais de marches et d’actions qui seront dévoilées au cours des prochaines semaines.
À propos de Mères au front
Mères au front est un mouvement pancanadien décentralisé et diversifié qui rassemble des mères et grands-mères propulsées par le désir profond d’agir sur différents fronts pour protéger l’avenir de nos enfants et la vie sur terre face à l’urgence climatique.
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