La privatisation menace le droit à la santé
Alors que plusieurs personnes peinent à avoir accès aux soins de santé et aux services sociaux, le gouvernement Legault propose une réforme qui, selon toute vraisemblance, va encore plus restreindre cet accès. En effet, le PL15 viendra consolider le système de santé à deux vitesses : une voie rapide pour les plus riches et une voie lente et laborieuse pour les personnes en situation précaire, ce qui menace carrément le droit à la santé.
« En santé mentale actuellement, on finance des services du privé pour désengorger la liste d’attente. Avec le projet de loi, ça va sans doute s’intensifier. Ce que je constate dans mon groupe d’entraide avec cette marchandisation de la santé, c’est qu’on ne vise plus à créer des rétablissements. Dans cette logique marchande, ce qu’on veut, c’est que les gens retournent fonctionner. Qu’iels retournent au travail, consomment, produisent et fassent tourner la roue de l’économie, “ s’indigne Joanne Boutet du Centre d’Entraide Émotions.
Contrôler pour mieux régner
Le ministre Dubé a annoncé en grande pompe vouloir une petite équipe de gestionnaires (issus du secteur privé) pour gérer l’agence Santé Québec et, par ce fait, centraliser le plus possible les décisions, s’éloignant des services de proximité et des préoccupations des communautés locales. L’attaque envers l’autonomie des groupes d’actions communautaires en santé et services sociaux est frontale. À plusieurs reprises, dans l’énorme projet de loi, on considère ces groupes comme des fournisseurs de services à moindre coût plutôt que des groupes poursuivant une mission qui leur est propre. En confiant la gestion du Programme de soutien aux organismes communautaires à une agence, le ministre se détache des engagements du gouvernement à respecter l’autonomie des groupes. Cela pourrait également orienter leur financement en fonction des lacunes du système public au détriment d’un financement adéquat et stable qui respecte la mission des organismes communautaires.
L’autonomie des sages-femmes est également attaquée de front : les conseils des sages-femmes seront abolis ; les services de sage-femme seront assujettis à une gouvernance hiérarchique médicale ; leur travail sera évalué par un conseil composé à majorité de médecins. Cela se répercutera vraisemblablement sur l’autonomie des femmes et des familles dans leurs choix et leur accès aux soins.
Reculer n’est pas un signe de faiblesse, mais de grandeur
Finalement, que dire d’une réforme dont plusieurs groupes sociaux et l’ensemble du personnel du réseau de la santé et des services sociaux n’adhèrent pas ? “La réforme Barrette a déjà mis à mal le réseau de la santé et voilà que le ministre Dubé en rajoute une couche avec son imposante réforme ! “ dénonce Naélie Bouchard-Sylvain du RÉPAC 03-12. « Dès le dépôt de sa réforme, le ministre Dubé a limité les avis contraires aux siens en excluant de nombreux groupes lors des consultations. Malgré l’absence de consensus, le ministre Dubé persiste sur l’adoption d’ici la fin d’année, n’écartant pas le recours au bâillon, ce qui est un affront à notre démocratie » conclue Élise Landriault-Dupont, du RGF-CN.
Suite à cette action, si le ministre continue à s’engager dans la voie actuelle, le RÉPAC 03-12 et le RGF-CN promettent de continuer à se mobiliser. Le prochain rendez-vous est le 30 novembre pour un rassemblement devant l’Assemblée nationale, 12h, où la population est invitée à venir se joindre à la grogne des groupes communautaires.
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