La CSQ exposera ce midi son analyse du projet de loi no 23 avec la présentation d’un mémoire devant les membres de la Commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée nationale, lequel contient 14 recommandations ciblées. « Alors que l’enjeu primordial, en éducation, demeure l’attraction et la rétention du personnel, nous sommes évidemment déçus que le ministre se rabatte sur des changements dans la gouvernance et la gestion du réseau de l’éducation, dont certaines propositions sortent tout droit des boules à mites », ajoute Éric Gingras.
Quand centralisation rime avec appauvrissement
Globalement, le projet de loi no 23 met en place un modèle qui ouvre la porte au contrôle de la pratique du personnel scolaire comme seule voie pour atteindre les cibles de réussite qu’il fixerait. Il le fait en modifiant la ligne d’autorité pour renforcer le pouvoir du ministre sur les centres de services scolaires (CSS), en mettant en place un système de pilotage basé sur les données de même que des outils de reddition de comptes plus contraignants et, finalement, en proposant la création d’un institut d’excellence en éducation orienté vers un type de recherche bien précis et axé sur le changement des pratiques pédagogiques.
Pour la CSQ, ce modèle ne peut que résulter en un appauvrissement des lieux de participation et de réflexion collectifs, de la pluralité des perspectives de recherche en éducation, de la mission éducative et de la pratique enseignante.
Les données, oui, mais à quelles fins ?
En renforçant la gestion axée sur les résultats (GAR), le projet de loi reflète une conception étroite de la réussite éducative, où l’école n’est plus définie comme une institution qui est un milieu de vie, mais comme une organisation mobilisée sur des résultats.
L’accent mis sur l’atteinte de résultats ne favorise pas le travail en commun de toutes les catégories de personnel pour agir en prévention, pour répondre aux besoins des élèves, pour favoriser le développement de leur plein potentiel et pour assurer leur bien-être. Le rôle joué par l’équipe-école, à cet égard, est essentiel.
« Nous convenons qu’il est essentiel pour un ministre de l’Éducation d’avoir accès à des données pour lui permettre d’avoir une vue d’ensemble des besoins du réseau. Mais la question ici est de savoir dans quelle optique le ministre pourrait utiliser ces données. Parce que la manière dont elles sont utilisées peut aussi entraîner des dérives qui ne serviront ni les élèves, ni le personnel scolaire, ni la société en général. En renforçant, par exemple, l’attention portée "aux chiffres" et en négligeant des dimensions importantes de la mission de l’école », poursuit le leader syndical.
La CSQ fait aussi valoir que cette avenue induirait une pression indue sur les enseignantes et enseignants, sans que ne soient pris en compte le contexte d’enseignement ni les caractéristiques des élèves qui composent leur classe. Une pression aussi sur le personnel de soutien scolaire et les professionnels afin de répondre aux constats liés aux résultats scolaires et non aux besoins des élèves en amont.
Un appauvrissement des lieux de participation, de réflexion collective et des perspectives de recherche en éducation
La CSQ se désole de la transformation radicale du Conseil supérieur de l’éducation (CSÉ). Alors que la crédibilité et la légitimité du CSÉ ne sont plus à démontrer, nous comprenons très mal la volonté du gouvernement de limiter les fonctions du Conseil supérieur de l’éducation aux questions relatives à l’enseignement supérieur. Mais cette réforme ne touche pas uniquement le CSÉ.
« C’est l’ensemble des lieux de participation qui sont touchés indirectement par le projet de loi no 23. Des comités consultatifs du centre de services scolaire (CSS) au comité d’engagement pour la réussite des élèves, en passant par les conseils d’établissement et les comités de participation mis en place dans les écoles et les centres, tous ces lieux se retrouvent affaiblis », déplore Éric Gingras.
Nous reconnaissons l’importance pour les enseignantes et enseignants, comme pour tous les acteurs du réseau de l’éducation, de connaître et de s’approprier les meilleures pratiques. Toutefois, le projet d’institut national d’excellence en éducation ne nous apparaît pas nécessaire et, dans la forme proposée, nous fait craindre un appauvrissement de la pluralité des perspectives de recherche en éducation et, par conséquent, de la richesse des connaissances auxquelles ont accès les praticiens. « Il ne nous apparaît pas nécessaire, car le monde de la recherche et du transfert en éducation est déjà bien vivant », fait remarquer le président de la CSQ.
En outre, le projet d’institut, tel que proposé, sous-entend qu’il sera seul à détenir les connaissances scientifiques sur la réussite et le bien-être des élèves et à identifier les meilleures pratiques, niant par le fait même l’expertise interne développée par le personnel scolaire. C’est le cas notamment des conseillères et conseillers pédagogiques.
Pour consulter le mémoire de la CSQ, cliquer ici.
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