1. Chasser les familles enracinées depuis des générations en facilitant la transformation des bâtiments et terrains industriels en milliers de condos pour du monde plus instruit avec plus de cash.
2. Réduire la proportion de logements locatifs à prix abordable en choisissant de ne pas intervenir lorsque les nouveaux propriétaires transforment, en catimini, un triplex en maison unifamiliale.
3. Ouvrir la porte à la privatisation du parc immobilier socialisé en refusant de renouveler les subventions pour les coops d’habitation.
4. Créer un désert alimentaire et culturel en manquant de soutenir adéquatement les entreprises collectives balbutiantes et en fermant les services de proximité.
5. Fomenter un sentiment de ne plus être chez soi en ouvrant des magasins de cupcakes, des restaurants chics et des services de toilettage de chiens.
6. Aguicher l’insécurité et la peur en installant des caméras de sécurité un peu partout.
7. Stimuler la honte et le désespoir en contraignant les chômeurs et chômeuses à suivre des formations de tout acabit pour pouvoir ensuite vivre dans la précarité et la misère tout en renflouant les poches de leurs boss par la sueur de leurs fronts.
8. Éteindre la flamme de la jeunesse militante qui essaye d’exprimer son désarroi en la réprimant par la violence ou en l’embobinant dans des processus institutionnels à ne plus en finir.
9. Casser la fierté et le sentiment de bien-être des personnes ayant des handicaps ou des problèmes de santé mentale en leur coupant leurs vivres.
10. Briser les liens sociaux, le « chez nous » public, en décidant de combler le déficit des commissions scolaires en mettant dehors les centres d’éducation populaires…
…et dans mon quartier, une dizaine d’organisation communautaires de la Maison Saint-Charles qui cohabitent depuis une quinzaine d’années avec l’École Charles Lemoyne.
J’ai la gorge serrée. Le cœur en feu. La nuit, parfois, la pression est trop forte. Je me lève, j’ouvre la fenêtre et je cri, « non ! ». J’entends l’écho de ma voix. J’entends le cri de mes voisins, de mes voisines.
Mais nos cris ne sont pas assez.
On doit agir. En répondant à l’appel des organisations communautaires et des mouvements sociaux. En participant aux assemblées et aux rassemblements. En avertissant nos proches. En défendant notre chez nous. En bloquant le rouleau compresseur. Avec nos idées, nos cœurs, et le jour venu, nos corps.
Anna Kruzynski
Résidente de Pointe-Saint-Charles et professeure d’affaires publiques et communautaires à l’Université Concordia
Le 23 octobre 2014