La publication du Livre vert avait été retardée une première fois en raison de la maladie de Claude Béchard ; elle a ensuite été retenue tout au long de la transition assurée par Laurent Lessard. Bientôt six mois se sont maintenant écoulés depuis que Pierre Corbeil a été nommé titulaire de ce ministère et le nouveau ministre n’a même pas parlé publiquement une seule fois du Livre vert.
« Ces délais à répétition, selon le coordonnateur de la Coalition, Roméo Bouchard, nous amènent à penser que le gouvernement ne veut plus, ou n’a jamais voulu, appliquer vraiment les recommandations du Rapport Pronovost ». Richard Favreau, un maraîcher biologique de Saint-Valérien-de-Rimouski, ajoute : « Maintenant qu’ils ont colmaté l’hémorragie de la Financière agricole, en resserrant les critères de compensation, il ne sont visiblement plus intéressés à entreprendre les réformes structurelles qui heurteraient de front les défenseurs du statu quo ».
La Coalition est forcée de constater que le gouvernement, plus de 3 ans après la publication du Rapport Pronovost, s’est contenté de demi-réformes, comme celle de l’Assurance stabilisation du revenu agricole (ASRA) et de la Financière agricole, ou de programmes ponctuels à petit budget, comme ceux sur les circuits courts de mise en marché, le développement du Bio, le soutien à la multifonctionnalité ou la promotion des aliments du Québec. Rien de substantiel n’a toutefois été fait sur les questions de fond, comme le soutien de base équitable pour les petites et moyennes entreprises agricoles, les monopoles de mise en marché et de distribution, le zonage agricole, les pratiques agricoles industrielles ou le monopole de représentation syndicale. Les attentes crées autour du Livre vert risquent elles-aussi d’être déçues si celui-ci ne va pas davantage au-delà des belles intentions et des belles paroles.
Malheureusement, pendant que le gouvernement tourne en rond, la situation des agriculteurs indépendants et des petits fermiers ne cesse de se détériorer. Les cris d’alarme et les conflits se multiplient. Le retard du gouvernement à agir ne peut qu’accélérer le transfert des fermes entre les mains de quelques grands intégrateurs et maintenir les fermiers de proximité dans la précarité et la marginalité. La survie de plusieurs d’entre eux en dépend. Il ne sera bientôt plus possible de revenir en arrière.
Pour les membres de la Coalition, les consultations en coulisses ont assez duré : il est plus que temps d’amener le débat sur la place publique. Si nous avons encore un ministre de l’agriculture, il est urgent qu’il se montre, qu’il parle et qu’il agisse avant qu’il ne soit trop tard.
La Coalition SOS-Pronovost regroupe un large éventail de groupes, de fermes et de citoyens en faveur de l’application des recommandations de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois (Rapport Pronovost), notamment l’Union paysanne, l’Union des consommateurs, Greenpeace, les AmiEs de la Terre, Québec solidaire et l’Association Manger Santé.