Édition du 19 novembre 2024

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Chronique d’un voyage en France : Euro 2016 - Les plages - Planning familial - 14 juin, une manif à un point tournant de la conjoncture

Chronique d’un voyage en France : Euro 2016 - Les plages - Planning familial - 14 juin, une manif à un point tournant de la conjoncture

L’Euro 2016

L’euro 2016, impossible de passer à côté. C’est l’équivalent des séries éliminatoires de hockey chez nous. Partout des lieux d’écoute collective sont installés : dans de très nombreux cafés et restaurants, mais aussi dans des « fans zones » comme ils disent ici : d’immenses places clôturées avec sécurité à l’entrée.

L’euro, c’est un sport de compétition. C’est aussi la fibre nationaliste qui vibre. Qui des Irlandais, des Anglais, des Russes vont gagner la joute. Cela n’est pas sans entraîner des fictions d’autant plus si des hooligans alimentent le trouble….la bière en sus. On peut donc se poser des questions sur ces défis à la sauce nationaliste quand les actes de violence blessent ou tuent des gens.

L’euro 2016 c’est aussi une tentative pour masquer une situation économique difficile en France.

"L’Euro en France, c’est un ’booster’ extraordinaire", s’est réjoui Didier Arino, le directeur du cabinet Protourisme. L’homme calcule les investissements d’infrastructures (stades, hôtels...) à 3 milliards d’euros, auxquels il convient d’ajouter un milliard d’euros rapportés par le tourisme. Soit au total 4 milliards d’euros. "Avec les retombées directes et indirectes, les retombées des salaires, des charges versées, on estime qu’au final l’impact économique est globalement doublé par rapport à cette somme", a-t-il précisé. S’il est difficile de mesurer précisément et à priori le poids économique, il reste un certitude : l’économie du football français va en profiter, avec des infrastructures modernisées et rentables à moyen terme. http://www.europe1.fr/economie/l-euro-2016-va-booster-l-economie-203765. Mais est-ce vraiment le cas ? Un autre économiste, monsieur Duchotoit a déclaré qu’en bout de piste il faudra attendre la fin des jeux pour bien camper les indices économiques mais que les effets risquent d’être peu nombreux. Beaucoup d’émois et peu de résultats.

Les plages

Saviez-vous que sur la Côte d’Azur plus de 80% des plages sont exploitées par l’entreprise privée ? Vous devez payer pour vous étendre sur les chaises longues cordées sur le sable devant une buvette. Des comités se mettent sur pied dans certaines municipalités pour inverser le pourcentage et rendre les plages au grand public. Cependant une autre partie de la population voit d’un bon œil ces installations visant à attirer une clientèle plus aisée… et à laisser moins de place aux groupes de jeunes qui avaient l’habitude de se retrouver dans un endroit agréable et gratuit.

Il faut savoir aussi que les municipalités sont intéressées par cette privatisation qui leur permet d’augmenter leurs revenus après les coupures drastiques qui leur ont été imposées par le gouvernement Holland.

L’expérience d’une militante du « Planning familial »

Nous avons rencontré Marie qui a milité activement au Planning familial dans les années 70. Ce mouvement avait pour objectif de faire changer la loi de 1920 qui interdisait l’avortement ainsi que l’utilisation et la diffusion de tout moyen contraceptif en France. Le Planning familial se définit comme un mouvement d’éducation populaire et de lutte pour le droit à l’information et à l’éducation permanente. Pendant une dizaine d’années Marie a été intervenante au sein de ce mouvement, animant des groupes d’échange entre femmes sur l’avortement et la contraception, des ateliers d’information dans les établissements de santé et les écoles ainsi que et des kiosques dans les lieux publics (marchés etc.).

Les luttes pour le droit à l’avortement ont abouti en 1975 à la loi Veil, permettant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) pour des raisons non médicales. À l’image des groupes similaires du Québec le mouvement existe encore mais il regroupe moins de militantes depuis que les principales revendications ont été gagnées et que des politiques publiques ont été mises en place au sein des institutions de la santé et de l’éducation.

14 juin : une manif à un point tournant de la conjoncture

La CGT et d’autres syndicats avaient appelés à une énorme manifestation à Paris. Plus de 1 million de personnes y étaient attendues. À Nice c’est plus de 3 000 manifestants et manifestantes qui ont pris la rue sous le soleil et dans la bonne humeur. Un militant nous a expliqué que plus de mille personnes étaient parties par train pour rejoindre la manif de Paris.

Un tract distribué sur place expliquait les principaux éléments de contestation à la loi travail. Il y a d’abord la dénonciation des possibles ententes d’entreprises au détriment des ententes de branches, des accords défensifs d’entreprises qui peuvent apporter des modifications de durée, d’organisation du travail et de rémunération, les possibilités accrues de licenciement, la remise en cause de la représentativité syndicale en permettant des référendums pour valider des accords d’entreprises, une médecine du travail mise à mal, la possible extension de la loi à la Fonction publique. Mais surtout, c’est le sort des jeunes sur le marché du travail qui est remis en cause. Ces jeunes sont déjà aux prises avec la précarité, cette loi va entamer dangereusement leur droit au travail, fragiliser leur parcours et faciliter leur licenciement.

Françoise Roinsol
Ginette Lewis

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