" En Biélorussie, en Ukraine et en Russie, l’accident a provoqué de nombreux cancers de la thyroïde chez les personnes exposées âgées de moins de 18 ans au moment de la catastrophe. Aujourd’hui, l’augmentation des cancers de la thyroïde est encore observée.
Pour ce qui concerne les intervenants sur le site de la centrale de Tchernobyl, le bilan des effets aigus dus à l’irradiation a peu évolué au cours des dernières années . Aujourd’hui, la poursuite du suivi sanitaire des liquidateurs vise à surveiller l’apparition d’une augmentation de la fréquence de certains effets chroniques à long terme, tels que les cancers. Trente ans après l’accident, il est ainsi impossible de dresser un bilan sanitaire exhaustif. Les résultats disponibles sont limités par la qualité des études épidémiologiques réalisées, la difficulté d’identifier précisément les populations exposées et les incertitudes associées aux estimations dosimétriques." affirme aujourd’hui l’Institut (français) de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire qui est le bras technique et scientifique de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (1).
Une déclaration en forme d’aveux lorsque l’on se souvient des déclarations officielles internationales de l’AIEA (Agence internationale pour la promotion du Nucléaire dit civil) et nationales russes et françaises minimisant à quelques dizaines les victimes de la catastrophe nucléaire de la centrale atomique qui a commencé ses ravages le 26 avril 1986. Car chez certaines personnes, enfants, femmes et hommes : " les doses à certains organes par exemple la thyroïde du fait de l’incorporation d’iode radioactif ont pu dépasser le Gray. (2) "Des effets aigus (dits déterministes) ont été observés" avoue pudiquement après coup les experts.
Autres aveux, 30 ans plus tard : "En plus des intervenants sur le site de la centrale de Tchernobyl, environ 5 millions d’habitants de Biélorussie, d’Ukraine et de Russie ont été exposés." D’autant plus dramatique que ce n’est pas le fruit du hasard mais le résultat de la volonté des autorités pro-nucléaires de tous les pays de la zone (France comprise) de mentir à la population pour sauver l’image du nucléaire : " L’exposition de ces populations est due à la contamination interne par inhalation et ingestion de radionucléides ainsi qu’à l’exposition externe liée aux dépôts sur le sol."
Mensonge et manipulations en France comme en Russie ou au Japon
En France les autorités avaient affirmé dans un jargon pseudo météo-médicalo-scientifique que le nuage radioactif mortel s’était arrêté à la frontière franco-allemande. Combien d’habitants en France ont-ils ainsi été piégés et atteints de cancers organiques ou des tissus de par ce mensonge institutionnel ? A ce jour nul ne peut le savoir car les autorités sanitaires et le lobby nucléaire s’opposent toujours à la tenue de registre épidémiologique de cancers notamment radio-induits sur l’ensemble du territoire et département par département.
Il faudra attendre plus de 20 ans avant que la France reconnaisse du bout des lèvres que " Les particules plus volatiles et plus fines sont transportées sur de plus grandes distances et forment des dépôts radioactifs d’importance variable sur une bonne partie de l’Europe." et que " Les particules radioactives transportées dans les masses d’air finissent par retomber au sol sous forme d’un dépôt sec lorsque les particules sont à proximité du sol et sous forme de dépôt humide, sous l’effet de la pluie ou de la neige contaminée par les éléments radioactifs de l’air. Ces dépôts recouvrent aussi bien les végétaux, la terre qui les supporte, les plans d’eau mais aussi les surfaces bâties et les lieux de vie. Lorsque le dépôt est formé par les pluies, il se distribue au gré du ruissellement. " (3). Et donc " entraînent la contamination des végétaux (plantes cultivées, herbe, forêts) et, par conséquent, des denrées alimentaires produites sur les territoires contaminées" Les effets continuent de nos jours à porter atteintes à la santé et à la vie.
Dans le déni historique de ses propres affirmations, l’IRSN cherche à présent à garder un semblant de légitimité technique et scientifique auprès du cénacle atomiste mondial. Aussi il masque son accompagnement systématique des exigences du lobby nucléaire tout en le protégeant. D’un côté donc " En France, une contamination temporaire de certaines productions végétales et animales est observée en 1986. Elle est encore aujourd’hui mesurable dans les sols et occasionnellement dans certains produits naturels comme les champignons de forêt." Mais, d’un autre côté, pas questions d’en tirer la logique pour les sols et produits alimentaires cultivés qui devrait conduire à la mise à l’arrêt immédiat de toutes les installations rejetant de la radioactivité en France. La logique du profit financier et du consumérisme à outrance doit se poursuivre coûte que coûte et accompagner l’entretien de la bombe atomique tricolore. Fut-ce au prix de milliers de victimes de tout âge.
Après 30 ans de mensonges : il y a bien une relation entre radioactivité et leucémie
IRSN : " Deux études internationales ont estimé une relation entre la dose reçue à la moelle osseuse et le risque de leucémie proche de celle observée chez les survivants des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki. Chez les liquidateurs biélorusses, russes et baltes, le risque de leucémie pour une dose d’un gray est multiplié par 6, selon le Centre international de recherche sur le cancer, et chez les liquidateurs ukrainiens, il est multiplié par un facteur de 3 à 4, selon le National Cancer Institute (États-Unis)" . Et de livrer quelques données chiffrées à l’appui sur l’etendu du désastre : " Au total, ce sont près de 12 milliards de milliards de becquerels qui, en 10 jours, partent dans l’environnement, soit 30 000 fois l’ensemble des rejets radioactifs atmosphériques émis en une année par les installations nucléaires alors en exploitation dans le monde. " (4)
Le nombre de cancers de la thyroïde a été multiplié par cent chez les enfants
" Le nombre de cancers de la thyroïde a été multiplié par cent chez les enfants du sud de la Biélorussie ; cette épidémie est clairement reliée à l’exposition importante à l’iode 131 en 1986." affirme à présent l’IRSN. Alors qu’elle affirmait le contraire depuis 30 ans (5). D’autant que "le panache radioactif dissémine des éléments radioactifs tels que l’iode 131, le césium 134 et le césium 137 sur la plupart des pays d’Europe." France comprise. L’augmentation a été notamment observée dans les 4 à 5 ans suivant l’accident, en particulier chez les individus qui étaient alors enfants : "Entre 1991 et 2005, 6 848 cas de cancers de la thyroïde ont été diagnostiqués chez les enfants âgés de moins 18 ans au moment de l’accident en Biéolorussie, Ukraine Russie, en particulier chez ceux âgés de moins de 4 ans suite à la consommation de lait contaminé par l’iode 131. "
Tchernobyl_maladies-congenitales.pngLe panache correspondant aux rejets du 27 avril se dirige vers l’Europe de l’Ouest, l’Allemagne, la France et le nord de l’Italie, où il parvient entre le 30 avril et le 5 mai, Jusqu’à dépasser " le 26 avril les 10 millions de becquerels par mètre cube (Bq/m3)"en proximité de l’installation en perdition et "quelques dizaines de becquerels par mètre cube le 1er mai en France. " (1Bq = 1 désintégration atomique par seconde). Les principaux éléments radioactifs propagéé dans l’air au début mai 1986 en France sont : Iode 131, Tellure 132, Tellure 129m, Ruthénium 103, Césium 137, Césium 134, Baryum 140.
Augmentation de la fréquence des cataractes et des pathologies cardiovasculaires
Et d’avouer aussi que : "Certaines études ont également observé une augmentation de la fréquence des cataractes et des pathologies cardiovasculaires et cérébrovasculaires avec la dose reçue dans certains groupes de liquidateurs"
Mais comme à l’accoutumé les vieux réflexes négationnistes ressurgissent dans leur froideur extrême : " Trente ans après l’accident, il est impossible de dresser un bilan sanitaire exhaustif. Et pour cause : les résultats disponibles sont limités par la qualité des études épidémiologiques réalisées, la difficulté d’identifier précisément les populations exposées et les incertitudes associées aux estimations dosimétriques. Surtout, la réalisation de bilans sanitaires est rendue extrêmement compliquée par les changements socio-économiques majeurs survenus dans ces régions suite à la chute de l’Union soviétique." Refermons vite les portes et les fenêtres.
Cynisme sur le gâteau pro-nucléaire
Cynisme sur le gâteau : " Sur la base de ces informations, et dans l’éventualité d’un accident nucléaire survenant en Europe, l’IRSN et l’InVS (Institut de Veille Sanitaire) collaborent au sein du programme européen Shamisen pour définir la meilleure stratégie d’intervention à adopter. Associée à des mesures de prévention et de communication sur le risque radiologique, elle permettrait de minimiser les incertitudes sur l’exposition des populations et de réduire l’anxiété." Pour les institutions il ne faut donc pas mettre un terme au nucléaire mais en cas d’accident atomique comme à Tchernobyl ou à Fukushima rendre responsable la population qui ne se sera pas suffisamment protégée des radiations en affirmant haut et fort qu’il faut apprendre à gérer son stress personnel.
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(2) unités de mesure de la radioactivité : 1 gray (1 joule par kilogramme). Le sievert (Sv) unité de même dimension que le gray indique les effets négatifs biologiques de la radioactivité sur un organe. Effets délétères qui varient en fonction de la nature des rayons radioactifs (alpha, beta, gamma) et du type d’organes touchés par les irradiations (poumon, coeur, organes génitaux, thyroïde, cerveau, peau, os,...). Limite d’exposition aux rayonnements artificiels imposée à la population en France : 1 mSv/an/personne (mille fois moins que le sievert) selon le Code de la santé publique (Article R1333-8). 1Bq = 1 désintégration atomique par seconde.