Il y a toujours eu un déficit démocratique important avec le mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour qui est le nôtre depuis 1792. Il avantage les grands partis et minimise les autres en déformant la volonté populaire. Il donne des majorités parlementaires à des minorités électorales. Lors des élections de 2018, avec 37 % des suffrages, la CAQ a remporté 59 % des sièges à l’Assemblée nationale, et ceci n’est que la dernière d’une longue série de détournement de la volonté populaire au cours de notre histoire.
« La profonde crise qui nous frappe actuellement doit être une opportunité pour bâtir le Québec de demain sur de nouvelles bases, sociale, économique et démocratique », soulignent les membres de la Coalition pour la réforme électorale maintenant !
Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Pour aboutir à une vraie réforme qui corrige de manière significative l’injustice démocratique du système actuel, il va falloir considérablement bonifier le projet de loi qui est sur la table. Dans cette optique, nous saluons l’ouverture de la ministre Sonia LeBel aux « discussions constructives » visant à bonifier le projet de loi, comme elle a pu l’affirmer hier au Salon bleu, et nous invitons tous les partis à contribuer positivement en ce sens.
Pour notre part, nous avons identifié une série de propositions de bonification du projet de loi 39 qui font largement consensus et qui devraient guider la suite du travail parlementaire :
1- Abolir la prime au vainqueur et établir une méthode de calcul plus juste pour l’attribution des sièges de région en comptabilisant l’ensemble des sièges de circonscription remportés par chacun des partis et non la moitié ;
2- Garantir la relation de proximité entre la population et leurs représentantes et représentants en augmentant leur budget de fonctionnement pour faire face à l’accroissement du territoire à couvrir et en majorant les dépenses électorales pour les régions éloignées ;
3- Assurer une représentation égalitaire des deux catégories de députés (de circonscription et de région) en spécifiant dans la Loi sur l’Assemblée nationale que toutes et tous ont des droits et privilèges égaux et en clarifiant le rôle de la députation de région tout en évitant une spécialisation excessive ;
4- Inscrire clairement l’exigence de parité dans la loi par des mesures concrètes et structurantes de mise en œuvre, notamment en obligeant les partis politiques à déposer des listes régionales paritaires avec alternance femmes-hommes et à présenter un nombre global de candidatures féminines pour les sièges de circonscription qui respecte la zone paritaire ;
5- Inscrire clairement l’objectif de représentation des jeunes et de la diversité dans les articles de la loi et prévoir des mesures concrètes afin d’assurer une représentation équitable des personnes de moins de 35 ans et des personnes racisées et/ou immigrantes ;
6- Consulter les communautés autochtones afin de connaître leurs demandes en matière de représentation à l’Assemblée nationale et s’assurer que les modalités du mode de scrutin choisi permettent d’en tenir compte par la suite ;
7- Garantir la stabilité gouvernementale grâce à la mise en place de mesures législatives afin d’encadrer les motions de censure à l’encontre du gouvernement ;
8- Abaisser le seuil national minimal pour pouvoir obtenir des sièges de région afin de favoriser l’expression du pluralisme politique ;
9- Permettre la double-candidature, soit le libre-choix des partis à présenter des candidatures à la fois dans une circonscription et sur une liste régionale.
Comme cela a été souligné à plusieurs reprises lors des débats parlementaires hier, nous avons un rendez-vous avec l’histoire à ne pas manquer. Cela fait des dizaines d’années que l’on étudie, consulte et analyse, il est désormais temps d’agir.
La Coalition pour la réforme électorale maintenant ! a pour objectifs de promouvoir un vaste mouvement populaire en faveur de la réforme électorale à travers le Québec, d’informer et sensibiliser largement la population aux enjeux de cette réforme et d’amener le gouvernement à tenir ses promesses et renforcer la démocratie. Elle regroupe actuellement plus de quatre-vingts organismes et réseaux issus de tous les secteurs de la société civile répartis sur l’ensemble du territoire québécois, qui représentent plus de 2 millions de membres actifs dans plus de 12 000 organisations.
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