Si la CSN ne prend jamais position pour aucun parti, préservant ainsi son indépendance, chaque campagne électorale est l’occasion pour elle de peser de tout son poids pour interpeller les candidats et les candidates sur des questions incontournables pour ses membres et pour la population.
C’est ainsi que la centrale syndicale rend publique une plate-forme d’interpellation qui porte sur différents thèmes : la réforme du mode de scrutin, le droit de se syndiquer et de négocier, le renforcement des systèmes publics de santé et d’éducation, la pertinence des partenariats public-privé, la protection de l’économie face à la crise mondiale, la politique familiale, l’environnement et le développement durable.
« Nous comptons interpeller tous les partis lors de cette campagne pour tenter d’obtenir des réponses à nos questions », a indiqué la présidente de la CSN à l’occasion de la tenue d’une instance extraordinaire sur les élections.
Le droit de se syndiquer et de négocier
Le 31 octobre, la Cour supérieure invalidait les lois 7 et 8 adoptées sous le bâillon, en décembre 2003, par le gouvernement Charest. Ces lois interdisaient la syndicalisation de 25 000 travailleuses des services sociaux et de la santé et des services de garde à l’enfance travaillant à domicile. « Le gouvernement a jusqu’au début de décembre pour décider s’il ira en appel. Je lui demande de ne pas en appeler de cette décision. Tous les partis doivent s’engager à respecter le droit à la syndicalisation de ces travailleuses », a martelé Claudette Carbonneau. Pour l’instant, seuls le Parti québécois et Québec solidaire se sont engagés à le faire.
Dans son discours devant les quelque 250 délégué-es présents, la présidente de la CSN a également interpellé les partis pour qu’ils fassent connaître leur position sur la révision du régime de négociation des secteurs public et parapublic. « Les travaux entrepris cet automne avec le Conseil du trésor sont ralentis par la campagne électorale. Nous demandons à tous les partis de s’engager à compléter cet exercice dans des délais rapides et sur les bases des grandes conventions internationales. »
Priorité à la santé
Pour répondre à l’arrêt Chaoulli, le gouvernement Charest a adopté la loi 33 qui permet le recours à l’assurance maladie privée pour la hanche, le genou et la cataracte. Quelques jours seulement avant le départ du ministre Couillard, le gouvernement a adopté un règlement qui ouvre tout grande la porte à un système de santé à deux vitesses qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain. À cette date, à peu près toutes les chirurgies pourront êtes faites dans le secteur privé.
La CSN demande que la santé soit remise à l’ordre du jour de la présente campagne électorale et que les partis politiques prennent l’engagement de réviser ces législations, d’abroger le règlement et d’entreprendre de vastes chantiers pour trouver des solutions publiques aux problèmes d’accessibilité.
« Après nous avoir fait croire qu’il limiterait à trois chirurgies l’ouverture à l’assurance duplicative, le gouvernement Charest a adopté, les lumières éteintes, un règlement qui permet au privé de faire à peu près toutes les chirurgies. Quel beau cadeau pour le lobby de l’assurance ! Tout un coup pour le réseau public en pénurie de personnel. Et tout ça, sans débat public. Il s’agit d’une véritable traîtrise. Au premier janvier, nous serons dans un des systèmes à deux vitesses les plus avancés au Canada. De ça, le Parti libéral ne dit rien pendant cette campagne, lui qui faisait de la santé, en 2003, sa grande priorité ! » de dénoncer Claudette Carbonneau. Deux formations proposent une série de mesures pour renforcer le réseau public. Le Parti québécois a déjà annoncé son intention d’abroger le règlement. Québec solidaire veut mettre un frein à toute forme de privatisation.
Une stratégie économique pour affronter la crise
Relativement à l’important ralentissement économique qui s’annonce, la CSN croit que le Québec doit se doter d’une stratégie d’envergure pour protéger les emplois et soutenir sa base industrielle. « Nous demandons à tous les partis politiques de mettre en place un plan musclé comprenant une série de mesures qui mettent l’emphase sur la formation de la main-d’œuvre, un meilleur financement de l’éducation postsecondaire, du soutien pour les entreprises, dont des programmes de prêts et de garanti de prêts, un accent particulier sur l’innovation et la modernisation des entreprises et la consolidation de l’économie », a indiqué Claudette Carbonneau. Le gouvernement doit utiliser les instruments d’intervention à sa disposition, y compris la CDPQ, la SGF, Investissement Québec et les fonds de travailleuses et de travailleurs.
NON au PPP
Le recours au partenariat public-privé (PPP) s’est accéléré au cours des derniers mois. Cette formule est présente notamment dans le secteur des routes (autoroutes 25 et 30, échangeur Turcot) et celui de la santé et des services sociaux (CHUM, CUSM, Sainte-Justine, Saint-Luc, Hôtel-Dieu de Québec, CHSLD en Montérégie). La CSN demande aux partis de rejeter le recours aux PPP, une formule qui n’est pas gagnante.
Consigne de vote
Alors que le mode de scrutin uninominal à un tour ne permet pas de refléter le vote populaire en l’absence d’une dimension proportionnelle, la CSN invite les membres de ses syndicats et la population à choisir le candidat ou la candidate du parti dont les valeurs, les actions, la clarté des engagements autant que la capacité de les réaliser correspondent le plus aux orientations de la centrale.
Un blogue syndical
Pour la première fois, une centrale syndicale québécoise fait un pas dans la blogosphère. La CSN a inauguré un carnet d’information et de débat sur la campagne électorale. Claudette Carbonneau y blogue au quotidien. Visitez le blogue de la présidente de la CSN sur les élections au http://csn2008.blogspot.com/
Source : CSN - 14 novembre 2008