Tiré de Courrier international.
“J’ai entendu crier ‘cours’. Mais tout s’est effondré avant que je ne réalise ce qui était en train de se passer.” Sabujan est une survivante du drame du Rana Plaza, du nom de cet immeuble qui s’est effondré le 24 avril 2013, causant la mort de plus de 1 000 personnes et en blessant plus de 2000, à Dacca, au Bangladesh.
The Daily Star a recueilli le témoignage de cette ouvrière dix ans après l’accident le plus meurtrier de l’histoire de l’industrie du textile dans le pays. Sabujan a été extirpée des “décombres de l’immeuble neuf heures après qu’il s’est effondré”. La cuisse percée par une barre de fer, des blessures sur tout le corps, elle souffre toujours de stress post-traumatique.
The Business Standard revient sur le quotidien des survivants et leur difficile combat pour retrouver un emploi. Mahmudul Hasan Hridoy, à la tête de l’association des victimes du Rana Plaza, a ouvert une pharmacie en 2017. Mais ses blessures, “qui ont principalement affecté sa colonne vertébrale”, l’empêchent de rester assis ou debout trop longtemps. “J’ai l’habitude de me reposer et de m’allonger par intervalles sur le lit derrière l’étagère de la pharmacie”, a-t-il expliqué au média économique bangladais.
Ses maux de tête extrêmes le handicapent également :
“Les gens se souviennent de nous une fois par an, mais nous vivons cette vie toute l’année. Il n’y a pas de fin en vue pour ma propre souffrance.”
Mahmudul Hasan Hridoy regrette le manque d’aides financières, même si l’association des victimes organise des levées de fonds pour venir en aide à ses membres qui en ont besoin.
Le deuxième exportateur mondial de vêtements
Le Bangladesh est le deuxième exportateur mondial de vêtements, rappelle pour sa part Nikkei Asia. L’effondrement du Rana Plaza, qui abritait cinq usines de vêtements où travaillaient au moins 5 000 personnes, a mis en lumière les conditions déplorables de sécurité et le manque cruel de protection des ouvriers. La catastrophe a été imputée à des constructions de mauvaise qualité sur fond de corruption.
“Il y a dix ans, Shila Begum travaillait comme opératrice dans une usine au cinquième étage du Rana Plaza, dans la capitale bangladaise, produisant des vêtements pour les plus grandes marques internationales”, relate Nikkei Asia.
Aujourd’hui, à 32 ans, elle a perdu l’usage de sa main droite et trois de ses vertèbres ont été brisées le 24 avril 2013, lorsqu’une poutre est tombée sur elle alors que le bâtiment s’effondrait. Elle ne peut payer les livres dont sa fille, étudiante à l’université, a besoin. Pour ajouter à sa peine, elle doit subir une opération pour se faire retirer des tumeurs à l’estomac. “Les survivants de l’effondrement du Rana Plaza meurent lentement”, a déclaré Shila Begum.
Plus de la moitié des survivants sont au chômage
Plus de la moitié des survivants du Rana Plaza sont au chômage, selon une étude de l’ONG ActionAid. Parmi eux, 89 % n’ont pas travaillé au cours des cinq à huit dernières années. “La bonne santé physique continue d’être un obstacle important à l’emploi pour de nombreux survivants, ce qui souligne la nécessité de poursuivre les efforts pour soutenir leur rétablissement et améliorer leur accès aux opportunités d’emploi”, a déclaré ActionAid dans un communiqué.
Le ministère du Travail et de l’Emploi bangladais a pourtant insisté sur le fait que le gouvernement faisait ce qu’il pouvait, à la fois en matière d’ajustement du droit du travail et de soutien aux survivants. “Les survivants du Rana Plaza reçoivent l’argent nécessaire à leur traitement médical d’un fonds fiduciaire”, a ainsi affirmé le gouvernement à Nikkei Asia.
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