Rami Ayari, membre fondateur de Without Restrictions, organisme qui oeuvre pour la défense des droits LGBT en Tunisie, Maurice Tomlinson, avocat jamaïcain spécialisé dans les droits des personnes LGBT, et Kamoga Hassan, réalisateur et activiste ougandais ont pris la parole chacun leur tour pour discuter de la réalité des personnes LGBT, en Tunisie, en Jamaïque et en Ouganda. Par la suite, la réalisatrice montréalaise Karin Hazé a expliqué ses projets avec certains des conférenciers.
Rami Ayari a rappelé qu’il était toujours illégal d’être homosexuel en Tunisie, selon l’article 230 du Code pénal et qu’avant 2011, il n’existait aucun groupe de soutien aux personnes LGBT en Tunisie. La révolution a, selon lui, un peu amélioré les choses, mais beaucoup de progrès reste à faire. En 2015, a eu lieu la première manifestation homosexuelle en Tunisie, mais le gouvernement a empêché les médias locaux de couvrir l’évènement. Il a rappelé que les homosexuels en Tunisie faisaient face à d’atroces violences quotidiennement.
Maurice Tomlinson a, de son côté, présenté un récent sondage qui estimait que 81 % de la population en Jamaïque considère toujours l’homosexualité comme quelque chose d’immoral. Selon lui, l’influence de la religion dans le pays y est pour beaucoup, mais aussi l’influence de la culture. « De nombreuses chansons locales sont anti-gay et à force d’écouter ça à longueur de journée, ça a certainement une influence », a-t-il expliqué. Il a parlé des conséquences de l’homophobie et de la difficulté à faire changer les lois là-bas, puisque le gouvernement est fortement contrôlé par l’Église.
Kamoga Hassan, tant qu’à lui, se prépare à tenir un premier festival de film queer en Ouganda. Pour lui se sera une façon d’éduquer les gens. Il a expliqué qu’en Ouganda il était toujours criminalisé d’être homosexuel, et qu’il serait difficile de faire son projet puisque les autorités pourraient demander à voir les films qui y seraient présentés.
La dernière intervenante à prendre la parole fut Karin Hazé, réalisatrice montréalaise a été inspirée du parcours de ses collègues, M. Tomlinson et M. Hassan, elle a pris un moment pour expliquer à la foule ses rencontres avec eux et comment elle comptait soutenir leurs projets respectifs.
La conférence s’est terminé avec une période de question. « Qu’en est-il de la situation des lesbiennes ? », a demandé une femme du public. Du côté de M. Tomlinson, il a mentionné que même si les rapports sexuels entre femmes ne sont pas criminalisés comme c’est le cas pour les hommes en Jamaïque, les lesbiennes font face à des violences et sont, elles aussi rejetées de la société. Alors que Rami Ayari a soulevé que c’était peut-être même pire pour les femmes homosexuelles en Tunisie, puisque les femmes n’ont pas d’indépendance tant qu’elles ne sont pas mariées, alors que les gays au moins sont libres de se promener et de faire comme s’il n’était que des hommes pas mariés encore.
Alors que Fierté Montréal a eu lieu cette semaine, cette conférence rappelle qu’il y a encore énormément de travail à faire pour lutter pour les droits des personnes LGBT partout dans le monde.