Dans son enquête de deux ans à travers la planète, on côtoie avec elle les victimes de cette globalisation : au Sénégal, en Indonésie, en Roumanie et plusieurs autres pays. On constate les ravages de cette globalisation qui détruit les sols, les forêts, épuisent les ressources de la mer et affament les gens.
Elle décrit comment les plantations de soja qui servent principalement à nourrir les animaux destinés à notre surconsommation de viande détruisent la la vie des gens et leur territoire. De même ces immenses plantations de palmiers dont l’huile servira à nourrir nos moteurs.
On la suit à Londres et à Genève, où on côtoie ces traders, ces hedge funders qui engrangent des milliards en spéculant. Auparavant, on spéculait sur le pétrole, les minerais, mais maintenant c’est sur les « ags », (agricultural commodities). Ces matières premières qu’on peut manger - riz, blé, maïs, l’huile ou le soja - sont désormais des occasions de s’enrichir : « la finance s’est mariée avec les denrées agricoles ». [1]
Doan Bui nous amène faire un tour à l’OMC, cet endroit « où se décide le sort des 6 milliards d’individus de la planète » [2] Elle effectue un survol sur ces négociations de l’OMC qui tente de nous faire croire qu’elles sont démocratiques alors qu’en fait c’est la loi du plus fort qui l’emporte au détriment des pays pauvres.
Derrière toute cette destruction, cette spéculation, nous retrouvons ces quelques méga-entreprises de l’agrobusiness, comme Monsanto et Cargill, qui contrôlent la nourriture du monde, appuyés dans les coulisses tant par l’OMC que le FMI et la Banque mondiale.
A Bornéo, écrit l’auteur, les paysans racontent comment dans les immenses plantations de palmiers à l’huile, les criquets dévastent les récoltes, les rats et autres rongeurs prolifèrent. Selon le fondateur d’une ONG : « C’est une conséquence directe de l’extinction de la biodiversité. Beaucoup de petits prédateurs sont morts, ce qui a modifié la chaine alimentaire. Ceux qui survivent sont les plus nuisibles » [3]
Parfois, j’ai bien peur que les humains qui survivront dans ce monde globalisé soient également les plus nuisibles...
D’un côté ceux qui saignés à blanc peinent à survivre, de l’autre ces vampires à cravate...
Cela m’a rappelé la crise du verglas. Une amie manquait de bois pour son poêle. Le vendeur de son village avait reçu l’ordre de son patron, qui se prélassait en Floride, d’aller vendre le bois à Montréal, car étant donné la pénurie, il pouvait le vendre deux à trois fois plus cher ! Par contre, pendant cette crise, plein de gens donnaient leur temps et tout ce qu’ils pouvaient pour aider les autres.
Cela illustre bien le monde dans lequel on vit : un petit nombre de puissants cherche par tous les moyens à faire de l’argent peu importe la souffrance des autres. Heureusement que d’autres, comme dans la crise du verglas, se battent pour un monde plus humain.