Rappelons que la création de l’Université du Québec (UQ) en 1968 résultait de la volonté de démocratiser l’université dans un Québec qui ne comptait alors que trois universités francophones élitistes, privées et catholiques. Depuis sa création par l’État, l’université publique réalise sa mission de démocratisation de deux façons complémentaires. D’une part, elle donne accès à la formation universitaire au plus grand nombre de citoyens, notamment en tablant sur un réseau d’établissements autonomes et complémentaires implantés sur tout le territoire et en accueillant des groupes socioéconomiques qui n’ont pas de traditions familiales et sociales de fréquentation universitaire ou vivant des situations particulières (parentalité, précarité financière, formation continue, etc.). D’autre part, plutôt que d’adopter la structure de gestion hiérarchique et parfois occulte des universités traditionnelles, l’université publique a choisi des pratiques de gestion participative, comme la cogestion et l’autogestion, qui privilégient la prise de décision collégiale. Plus important réseau universitaire au Canada, l’UQ constitue aujourd’hui un formidable instrument collectif de développement social, culturel, scientifique et économique inestimable pour la population du Québec.
Pour accomplir sa mission d’université publique au service du bien commun, l’UQ est redevable de l’action d’un corps professoral engagé dans la sauvegarde de la liberté universitaire. Or, en tant que garants de cette liberté, nous avons assisté au cours de la dernière décennie à une ingérence croissante de l’État, des corporations professionnelles et du secteur privé. La pression pour adopter une « assurance qualité » et des structures de gouvernance calquées sur l’entreprise privée, la commercialisation de la recherche universitaire, la concurrence stérile entre les établissements, la coûteuse course à la « clientèle » et au recrutement d’étudiants étrangers, le projet de hausse draconienne des frais de scolarité, la judiciarisation perfide du conflit étudiant et l’adoption d’une loi brimant le droit d’expression témoignent du projet politique de transformer l’université d’État en université-entreprise.
Car au-delà de la lutte contre la hausse des droits de scolarité, le mouvement de contestation étudiant de 2012 a clairement mis en évidence que l’université québécoise est aujourd’hui le champ d’affrontement de deux visions : l’une, axée sur l’autonomie universitaire, considère l’éducation supérieure comme un levier d’émancipation personnel et collectif ; l’autre, centrée sur les occasions d’affaires, considère la formation et les produits de la recherche universitaire comme des marchandises qui s’échangent au bénéfice d’intérêts particuliers.
Pour que le Sommet sur l’enseignement supérieur s’inscrive réellement dans la poursuite de l’intérêt supérieur du Québec, la réaffirmation de la mission essentielle de l’université publique doit être inscrite au cœur du débat. C’est pourquoi les professeurs du réseau de l’UQ demandent à être entendus dans le cadre de cet exercice démocratique.
Le CLIUQ regroupe :
Association des professeures et professeurs de l’École nationale d’administration publique (APPENAP)
Association des professeurs de l’École de technologie supérieure (APETS)
Syndicat des professeures et professeurs de l’Université du Québec à Chicoutimi (SPPUQAC)
Syndicat des professeures et professeurs de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (SPUQAT)
Syndicat des professeures et professeurs de la Téluq (SPPTU)
Syndicat des professeurs et des professeures de l’Université du Québec à Rimouski (SPPUQAR)
Syndicat des professeurs et des professeures de l’Université du Québec à Trois-Rivières (SPPUQTR)
Syndicat des professeurs et professeures de l’Université du Québec à Montréal (SPUQ)
Syndicat des professeures et professeurs de l’Université du Québec en Outaouais (SPUQO)
Syndicat des professeurs/es de l’Institut national de la recherche scientifique (SPINRS)