30 octobre 2024 | tiré du site de Révolution permanente
Nous traduisons une déclaration initialement parue en espagnol sur izquierdadiario.es.
Au cours des dernières 24 heures, la province de Valence et les régions frontalières, Albacete et Cuenca, ont connu les pluies les plus intenses du siècle. La « goutte froide » [1], a commencé mardi soir et a surpassé la précédente « goutte froide » de 2019. Les précipitations se dirigent maintenant vers la Catalogne et l’Aragon, mais aussi vers le sud-est de l’Andalousie.
A 15 heures ce mercredi, le bilan provisoire était de 70 morts et des dizaines de personnes sont toujours portées disparues [2]. Une tragédie qui va sans doute dépasser le bilan des dernières grandes inondations de 1982 et 1987, qui avaient fait respectivement 38 et 81 morts.
Mardi, des centaines de milliers de personnes ont été surprises par des torrents d’eau alors qu’ils se trouvaient à leur travail ou à leur domicile, ou bien sur la route. Des milliers de personnes ont passé la nuit sur les toits des maisons ou de leurs voitures sans aucune communication possible. Les inondations ont détruit plusieurs routes et autoroutes, tandis qu’une coupure de courant a affecté 150 000 personnes. Les réseaux téléphoniques ont été indisponibles dans une grande partie de la région et la totalité du trafic ferroviaire a dû être suspendu.
La CRT (Courant Révolutionnaire des Travailleurs et des Travailleuses, organisation sœur de Révolution Permanente dans l’État Espagnol, NdT), exprime sa solidarité avec les victimes et envoie tout son soutien aux travailleurs et travailleuses des équipes de secours qui risquent leur vie.
Une catastrophe naturelle et un crime social
Nous sommes confrontés à une catastrophe naturelle, dont l’ampleur ne peut être séparée de l’augmentation des phénomènes extrêmes produits par le réchauffement climatique, résultat de l’irrationalité capitaliste et de l’inaction absolue des États capitalistes pour y mettre un terme.
Mais en plus de ces responsabilités fondamentales, et contre ceux qui cherchent à présenter cette tragédie comme un évènement imprévu face auquel rien ne pouvait être fait, le gouvernement valencien, celui de Pedro Sánchez et le patronat ont aujourd’hui les mains tachées de sang.
Le gouvernement PP [3] à la tête de la région, dirigé par Carlos Mazón avec le soutien de Vox [4] au Parlement, a fait du démantèlement des services publics sa marque de fabrique. Ils sont donc de ceux qui ont détruit les services indispensables pour faire face à une telle situation. Peu après être arrivé au pouvoir, une de leurs premières mesures a été la dissolution de la « Unidad Valenciana de Emergencias » (Unité Valencienne des Urgences), une décision présentée comme un exemple de « restructuration du service public ».
Cette unité avait été créée lors des derniers mois du gouvernement régional du PSPV (Parti Socialiste) et Compromís (coalition de gauche et écologiste, NdT), mais n’avait en réalité jamais réellement fonctionné. Aussi, alors que les « progressistes » valenciens critiquent le PP et Vox, il est nécessaire de rappeler qu’eux non plus n’avaient pas pris de mesures efficaces pour renforcer les services d’urgence lors de leur mandat. Et cela, précisément, dans une région comme Valence sujette à des phénomènes comme les pluies torrentielles et les inondations périodiques.
Leurs profits avant nos vies
En outre, la gestion de l’inondation et l’absence de la mise en place de mesures immédiates pour protéger la population ont révélé un niveau d’incompétence qui n’est pas seulement le fait de l’inaptitude du gouvernement du PP.
Le gouvernement régional a envoyé mardi à 13 heures un message de calme et a assuré à 18 heures que le pire était passé. C’est dans ces coordonnées qu’ils ont été évacués de leurs confortables bureaux, alors que des milliers de personnes étaient déjà piégées entre des torrents d’eau dans l’attente d’un secours qui n’arrivait pas.
La raison de ces appels au calme est loin d’être innocente. Comme dans beaucoup d’autres crises, la priorité a été donnée au maintien de l’activité économique et sociale, malgré le risque que cela représentait pour des centaines de milliers de Valenciennes et de Valenciens. La bureaucratie des grands syndicats a gardé un silence complice et, à l’heure actuelle, n’a toujours pas dénoncé cette décision.
Le gouvernement central du PSOE et Sumar n’a non plus choisi de décréter des mesures d’urgence, bien qu’il contrôle directement les agences météorologiques de l’Etat qui surveillaient la situation.
Des centaines de milliers de travailleurs ont ainsi été envoyés au travail et des centaines de milliers d’enfants et de jeunes à l’école. Une répétition de la gestion de la pandémie, lorsque le gouvernement de PSOE et d’Unidas Podemos avait suspendu la fermeture des activités non essentielles au milieu de la première vague et sans même avoir fourni de masques à l’ensemble de la population.
Contre les lamentations hypocrites du gouvernement de Valence et du gouvernement national : cinq mesures d’urgence pour faire face à cette crise
Mardi, la priorité, une fois de plus, a été accordée aux profits des entreprises plutôt qu’à nos vies. Ce mercredi, tous les partis du régime se lamentent hypocritement sur la catastrophe. La droite au pouvoir à Valence veut cacher sa responsabilité directe dans la gestion de la crise. Le gouvernement Sánchez et Díaz cherchent à masquer qu’ils ont laissé faire Mazón et ses alliés.
Ensemble, ils promettent désormais « toutes les aides publiques » nécessaires à la reconstruction. Il est certain que les entreprises de la région les recevront bientôt. Pour les familles de travailleurs qui ont tout perdu, c’est moins sûr. Les victimes de la catastrophe du volcan de La Palma en 2021, attendent toujours l’indemnisation qui leur permettra de retrouver un logement.
La solidarité avec les victimes des inondations implique de dénoncer les responsables qui ont transformé cette catastrophe naturelle en un nouveau crime social. Nous exigeons des mesures urgentes et immédiates qui fassent passer nos vies avant leurs profits :
· Renforcement de tous les services d’urgence disponibles dans l’État espagnol pour garantir le sauvetage immédiat de toutes les victimes et la recherche des disparus.
· Suspension de toutes les activités non essentielles, sans réduction de salaire et à la charge des bénéfices des grandes entreprises. Les familles de travailleurs et les classes populaires doivent disposer du temps et des ressources nécessaires pour pouvoir reconstruire leur vie et se remettre de cette tragédie.
· Création d’un fonds spécial de reconstruction à la charge du budget général de l’État et alimenté par des taxes spéciales sur les grandes entreprises valenciennes et du reste de l’État.
· Des commissions d’enquête indépendantes, composées de représentants des victimes et des syndicats, afin de clarifier les responsabilités politiques et économiques dans ce qui s’est passé.
· Renforcement du corps d’urgence - santé, pompiers, équipes de secours - et nationalisation de tous les services externalisés et privatisés.
Notes
[1] une dépression de haute altitude qui provoque des pluies soudaines et extrêmement violentes, NdT
[2] A 22 h ce mercredi, le bilan est désormais de 95 morts
[3] Le Partido Popular, de centre droit
[4] Parti d’extrême droite
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