Dans les derniers sondages, les soins de santé occupent le haut de la liste des enjeux électoraux pour les Canadiens. Avec raison. Chaque jour, nous sommes bombardés de témoignages de listes d’attente interminables et d’infections contractées à l’hôpital pendant que les pages jaunes sont parsemées de publicités pour des cliniques privées à fort prix.
Mais alors, que fera notre prochain gouvernement pour redresser la situation ?
Si l’on se fie au leadership actuel de Stephen Harper, la réponse est « rien ». Sous le gouvernement Harper, les soins de santé privés se répandent plus vite que jamais.
L’une des principales responsabilités du gouvernement fédéral en matière de santé est de distribuer aux provinces les milliards de dollars d’impôts destinés à la santé et de contrôler l’utilisation de cet argent. Selon la Loi canadienne sur la santé, le gouvernement fédéral est responsable de superviser la collecte de données sur les dépenses de chaque province.
Cette exigence de supervision prévue dans la Loi canadienne sur la santé oblige les provinces à rendre compte de toute violation des droits accordés en vertu de l’assurance-maladie. Le seul problème, c’est que le gouvernement Harper ne se soucie pas de faire respecter la loi. En conséquence, le gouvernement obtient une information incomplète sur la façon dont les provinces dépensent l’argent distribué par le gouvernement fédéral pour les soins de santé. De fait, le Québec et l’Alberta ne participent même pas au conseil.
Le refus du gouvernement Harper de faire respecter la loi a surement un lien avec la prolifération des cliniques privées à but lucratif partout au Canada. Le nombre de nouvelles cliniques privées a doublé en quatre ans. Mais les détails sont flous, parce que le gouvernement fédéral refuse de recueillir les données.
Ce que nous savons, c’est que plusieurs tendances inquiétantes minent rapidement notre système d’assurance-maladie équitable et à une vitesse.
– L’absence de leadership fédéral a ouvert la porte à la prolifération des cliniques privées, des frais illégaux et du resquillage
– Même s’il devient de plus en plus évident que les partenariats public-privé (PPP) coûtent plus cher et donnent de moins bons résultats, 38 hôpitaux en PPP sont projetés ou en cours de réalisation dans quatre provinces
– Les aînés peinent à obtenir les soins dont ils ont besoin et aucun plan national de soins de longue durée ne pointe à l’horizon
– Les services de nettoyage dans les hôpitaux sont sous-traités, malgré le risque important que cette privatisation fait courir aux patients
De nombreuses familles canadiennes comptent sur des soins de santé publics à coût abordable et accessibles. Ceux-ci augmentent notre qualité de vie et améliorent notre société. La privatisation diminue l’accessibilité des soins de santé, surtout pour ceux qui en ont le plus besoin.
Les conservateurs veulent nous faire croire que les soins de santé privés sont le seul choix. C’est faux. De nombreuses solutions publiques éprouvées existent pour les Canadiens, notamment :
– La mise en œuvre d’une stratégie publique pour les délais d’attente et d’un plan national de soins de longue durée publics
– La création d’un fonds national d’infrastructure pour la construction et le réaménagement des hôpitaux et des établissements de soins de longue durée
– L’élaboration d’une stratégie nationale de lutte aux infections nosocomiales
– L’élaboration d’une stratégie de ressources humaines en soins de santé qui offre de meilleures conditions de travail, des programmes de formation et de perfectionnement et la parité salariale ; le but est d’améliorer la rétention et le recrutement dans le secteur de la santé
Les Canadiens ont judicieusement accordé la priorité aux soins de santé comme enjeu électoral. L’étape suivante sera de choisir un dirigeant qui luttera pour protéger et améliorer notre système public de santé. Et bien que les libéraux aient un beau discours, ils ont eux aussi imposé des compressions sévères au financement de la santé quand ils étaient au pouvoir.
Le NPD rendra public sous peu un plan de modernisation des soins de santé publics et de réduction des délais d’attente.
Des générations de Canadiens ont lutté vigoureusement pour notre système d’assurance-maladie universel à palier unique. Cet automne, nous devons prendre la parole pour défendre les soins de santé publics. Pas question d’élire un autre gouvernement qui restera les bras croisés pendant que s’effondre notre atout le plus précieux.