Mémoire de la Fédération de ressources d’hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec à la Commission Bouchard-Taylor.
La Fédération de ressources d’hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec soutient qu’un souci d’accommodement est souhaitable pour éviter que les femmes immigrantes et des communautés ethnoculturelles victimes de violence conjugale se retrouvent dans une situation où elles sont doublement victimisées par la société d’accueil et par leur communauté.
Le parcours de ces femmes vers une vie sans violence est souvent parsemé d’obstacles qui augmentent leur situation de vulnérabilité. La méconnaissance du français et des ressources existantes, l’ignorance de leurs droits, la peur de perdre leurs enfants sont autant de barrières pouvant freiner leur démarche pour s’en sortir. À ces facteurs s’ajoutent la peur de l’isolement et la pauvreté qu’entraîne le rejet par leur famille et les membres de la communauté pour qui la violence conjugale reste taboue et le divorce interdit.
Les défis que pose l’adaptation des services en violence conjugale participent de la volonté de répondre plus efficacement aux besoins des femmes immigrantes et des communautés ethnoculturelles. Ces femmes partagent non seulement les besoins de la plupart des femmes victimes de violence, soit la sécurité, la protection et l’hébergement, pour elles et leurs enfants, mais également le besoin d’être soutenues, accompagnées dans leur démarche et respectées dans leurs spécificités culturelles et religieuses qui teintent le rythme de leur cheminement vers une plus grande autonomie.
À l’instar de l’Avis du Conseil du Statut de la femme, la Fédération reconnaît les valeurs collectives de séparation de l’État et de la religion, de primauté du fait français et d’égalité entre les femmes et les hommes mais en contexte de violence conjugale, l’expérience a démontré qu’un accompagnement empreint de respect contribue favorablement à l’intégration de ces femmes à la société québécoise.
Ainsi, tout accommodement, dans une perspective d’harmonisation interculturelle, devrait s’inscrire dans la lignée des principes de la politique gouvernementale de 1995 et des engagements du Plan d’action 2004-2009 en matière de violence conjugale, notamment l’engagement 58 (annexe 9) qui est de donner suite aux mesures identifiées dans le Plan d’action en immigration du Ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration qui poursuivent l’objectif de prévenir et de contrer la violence conjugale faite aux femmes immigrantes et issues des communautés ethnoculturelles. Ces mesures touchent :
– l’accès aux services d’aide ou de protection ;
– la sensibilisation des intervenantes et des intervenants du réseau de la santé et des services sociaux aux difficultés particulières vécues par celles-ci ;
– l’élaboration d’un programme de prévention de la violence conjugale s’adressant aux jeunes issus des communautés culturelles avec une approche adaptée aux valeurs de leur communauté et de celles de la société d’accueil ;
– documenter la problématique de violence conjugale en contexte immigrant et ethnoculturel.
La Fédération de ressources d’hébergement pour femmes violentées et en difficulté du Québec invite la Commission à tenir compte de ces recommandations dans l’élaboration de son document final.
Source : http://netfemmes.cdeacf.ca/les_actualites/lire.php?article=9421