Cette consultation a révélé l’appui d’une majorité au modèle législatif abolitionniste ou modèle nordique. En effet, alors que les deux tiers des répondantEs croient que les personnes prostituées ne devraient pas être criminalisées, 56% croient qu’acheter les services sexuels de quelqu’unE devrait constituer une offense criminelle tout comme le fait de profiter de la prostitution d’autrui (62%).
Ces prises de positions sont en totale adéquation avec le modèle abolitionniste ou nordique défendu par la CLES qui conçoit la prostitution comme une atteinte à l’égalité entre les femmes et les hommes. Rappelons que la CLES est membre fondatrice de la Coalition des femmes pour l’abolition de la prostitution, coalition pancanadienne intervenue devant la Cour d’appel de l’Ontario et la Cour suprême du Canada afin de dénoncer le statu quo en matière de prostitution ainsi que le manque d’alternatives réelles pour les femmes et de proposer une troisième voie socio-juridique.
En rendant son jugement dans cette affaire, la Cour suprême du Canada a donné un an au gouvernement canadien pour rédiger de nouvelles lois sur la prostitution qui soient davantage respectueuses de la Charte des droits et libertés. En ce sens, la CLES souhaite ardemment que le soutien de la majorité des répondantEs au modèle nordique se reflètera dans le projet de loi que le gouvernement devrait présenter sous peu. La prostitution doit être vue comme le produit d’inégalités systémiques et une violence envers les femmes. C’est pourquoi l’adoption d’un modèle socio-juridique abolitionniste devra également s’accompagner de mesures sociales incluant des mesures contrant la pauvreté des femmes, de campagnes d’éducation pour déconstruire les mythes entourant la prostitution et de financement pour les ressources offrant du soutien aux femmes dans la prostitution ou l’ayant quitté.