Dans le cadre des débats en cours sur les avantages qu’il y aurait à conclure une alliance entre les différents partis d’opposition, étant entendu que cela excluerait la CAQ, il pourrait être utile de sortir des calculs, plus purement électoralistes, pour revenir sur notre propre expérience, au sein de Québec solidaire, d’apprentissage dans la lutte contre le sectarisme.
Trop souvent, on tend à se cantonner à des attitudes très défensives. On reste accroché à de vieux schèmes, à tels ou tels événements, pour ensuite fermer la porte à toute nouvelle initiative ou suggestion. Nous devrions néanmoins éviter d’agir de la sorte et reconnaître que des alliances, y compris certaines alliances de circonstance, peuvent être utiles dans le cadre du combat pour la conquète du pouvoir politique et l’avénement d’un changement plus radical de notre société.
Voilà des objectifs à mettre dans la balance pour d’éventuelles négociations avec les autres forces indépendantistes, y compris le Parti Québécois.
Pour se convaincre du bien fondé d’une telle approche, on peut, au sein de Québec solidaire, se baser sur notre propre expérience. Les alliances, entre les différentes composantes de la gauche québécoises, ont été bénéfiques dans tout le processus d’unité de ces mêmes forces et l’émergence, en bout de compte, de Québec solidaire. Au départ, il y a dix ou quinze ans, cela n’était pas évident et il y avait beaucoup de gens pour dire que cela ne marcherait pas, pour dire que cela allait presqu’inévitablement aller à droite, ou que les contradictions propres aux différentes composantes de la gauche québécoise finiraient par l’emporter et feraient éclater tout le projet. Et pourtant cela a fini par marcher ; Québec solidaire existe toujours et est aussi plus fort que jamais.
Tout cela devrait, dans Québec solidaire, nous encourager par rapport aux prochains défis.
Pourtant nous demeurons très craintifs devant un Parti Québécois qui, lui, est malgré tout de plus en plus obligé de reconnaître qu’il n’a plus le monopole de la question nationale. Cela ajoute à l’ironie de la situation. Cela devrait en même temps nous encourager, plutôt que de nous décourager.
Plusieurs, au sein du PQ, parlent déjà de l’importance qu’il y aurait à ce qu’il y ait de plus en plus de députés indépendantistes, sans que l’on ne fasse mention pouor autant que ces représentants soient nécessairement issus du Parti Québécois. C’est déjà un premier pas. D’autres, et ils sont de plus en plus nombreux, parlent ouvertement de la nécessité qu’on s’asseoit ensemble pour former une coalition. Tous craignent évidemment une éventuelle division du vote qui ne profiterait, en définitive, ni à la cause indépendantiste, ni au renforcement des idées de gauche.
Ce faisant, il ne s’agit d’aucune manière d’accepter de mettre de côté nos propres convictions, non plus que ce qui est déjà au coeur du programme politique de Québec solidaire, mais tout au contraire de les placer, dans le débat public, plus haut et plus fermement.
La politique consiste, dans une très large mesure, d’aller cherche le meilleur compromis possible dans chaque situation. Mais cela consiste aussi à trouver la bonne manière de confronter ses propres idées avec celles des autres, plutôt que de s’isoler dans son coin, de toujours chercher à devenir plus nombreux, bâtir des liens, aller se chercher des alliés, et c’est souvent aussi au travers de ces mêmes confrontations que surgissent des moments qui seront plus tard jugés comme des moments charnières.
Quelle tribune extraordinaire donnerait à Québec solidaire une telle confrontation, éminement démocratique, advenant qu’il y aurait effectivement début d’entente entre cette formation et celle du Parti Québécois, de même que celle d’Option Nationale ?
Nous n’avons vraiment rien à perdre dans une émulation électorale avec les autres forces souverainistes qui ferait sortir de l’ombre beaucoup d’aspects éminemment progressistes de notre programme ou de ceux des collectifs qui en font partie de Québec solidaire. Nous montrerions en même temps le sérieux de notre démarche, en même temps que le fait que nous savons, quand le moment le demande, aller au delà des intérêts plus bassement partisans. Qu’attendons-nous donc pour nous rallier à cette opportunité de sortir gagnants, aussi bien sur un plan politique, qu’en matière de sièges à l’Assemblée nationale ?
Les différentes parties de notre programme resteront toujours à l’ordre du jour des débats et aucune alliance ne nous demandera ou n’exigera de ne jamais y renoncer. Nous pourrons toujours revendiquer la paternité d’aspects programmatiques qu’on nous aurait empruntés sur notre propre cheminement vers le pouvoir. C’est un pensez-y bien.
Par Guy Roy, Co-porte parole du PCQ
et André Parizeau, chef du PCQ