Selon le SPGQ, le président du Conseil du trésor s’enlise en plein déni, car il refuse d’entendre les mises en garde formulées par ses pairs économistes. L’Association des économistes québécois (ASDEQ) ne pouvait pourtant être plus claire, en décembre dernier, en affirmant que le gouvernement doit faire preuve de discernement dans ses responsabilités d’employeur, tout en ayant à l’esprit que son redressement des finances, de manière générale, doit se faire dans une perspective à long terme. « M. Coiteux devrait employer un peu de temps pour écouter. Ce faisant, il réaliserait que plusieurs pays européens ont flirté avec la récession, car leur gouvernement a appliqué des mesures austères avec une trop grande précipitation qui s’est avérée néfaste au redressement des finances publiques », avance M. Perron.
Le SPGQ note que le gouvernement fédéral a reporté pour une troisième fois, il y a quelques semaines, l’atteinte de l’équilibre budgétaire pourtant promise, sans que personne s’en émeuve. La seule raison invoquée par M. Coiteux pour ne pas reporter cet objectif est qu’il a déjà été reporté une fois. « Lorsque le gouvernement répète sans cesse que la gangrène budgétaire est telle qu’il faut amputer la chaire, il ment à la population qui, comme certains journalistes et chroniqueurs, finit par le croire à force de l’entendre », déplore M. Perron.
Ce dernier avoue aussi avoir grand peine à comprendre la logique de M. Coiteux lorsqu’il prétend que les syndicats se dérobent devant le déficit zéro. « Pour notre part, nous avons pleinement collaboré à la Commission permanente de révision des programmes et à la Commission d’examen sur la fiscalité québécoise. Nous y avons présenté des solutions constructives pour éviter l’électrochoc brutal auquel M. Coiteux convie la classe moyenne, sans s’émouvoir des conséquences pour son bien-être », s’insurge le président du SPGQ. Il ajoute que les directives de mettre un terme aux déplacements des professionnels constituent une politique de compression mur à mur incompréhensible qui les empêche de faire leur travail et qui peut mettre la santé et la sécurité de la population en péril. « C’est grave et nos membres ne peuvent le dénoncer, de peur de représailles ! », exprime M. Perron.
Pour ce qui de la déclaration à l’emporte-pièce de M. Coiteux, voulant que les syndicats ne prennent que la défense de leurs membres, rien n’est plus faux, estime le SPGQ qui a apporté son soutien à la suite de la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic, en juillet 2013. Plus récemment, le SPGQ a également contribué à la campagne « Solidarité Ristigouche » afin de venir en aide à la municipalité de Ristigouche Sud-Est qui, en raison de l’adoption d’un règlement sur la protection de l’eau potable, fait face à une poursuite de 1,5 million $ intentée par l’entreprise pétrolière Gastem, poursuite pour laquelle le gouvernement n’a pas daigné lever le petit doigt pour appuyer la petite municipalité située dans la Baie des Chaleurs, en Gaspésie.
Par ailleurs, le gouvernement devrait cesser de brandir le spectre d’une décote par les agences de notation afin de justifier ses politiques de rigueur budgétaire, car même des économistes chevronnés réfutent cette thèse qui s’apparente à une grossière chimère. « Plutôt que de s’occuper de “vraies affaires” comme le bordel informatique qui nous coûte des milliards en sous-traitance, M. Coiteux préfère mépriser et dénigrer en bloc les syndicats. Plutôt que négocier de bonne foi en débattant de fausses prémisses, dénoncées par les économistes et sur lesquelles il se base pour amputer les services publics québécois, M. Coiteux préfère imposer d’entrée de jeu ses conclusions idéologiques qui mènent au cul-de-sac et à l’affrontement. Espérons qu’un jour, ses collègues économistes et le premier ministre sauront lui faire entendre raison », conclut M. Perron.
À propos du SPGQ
Le SPGQ est le plus grand syndicat de professionnelles et de professionnels du Québec. Créé en 1968, il représente près de 25 200 spécialistes, dont environ 17 800 dans la fonction publique, 4 400 à l’Agence du revenu du Québec et 3 000 en santé, en éducation et dans les sociétés d’État.