Réunis mercredi et jeudi au Palais des congrès de Montréal, les délégué-es du conseil confédéral, l’instance décisionnelle entre les congrès de la CSN, ont débattu de cette question et ont adopté la recommandation suivante :
Que la CSN s’engage dans une campagne pour le relèvement le plus rapidement possible du salaire minimum à 15 $ l’heure au Québec tout en construisant les alliances les plus larges possible sur cet enjeu, et de prévoir un mécanisme annuel d’ajustement.
Pour la CSN, cette nécessaire mobilisation pour le relèvement du salaire minimum s’inscrit dans une lutte plus large qui concerne aussi le rôle de l’État et le maintien d’un filet de protection sociale qui réponde aux besoins des Québécoises et des Québécois. La lutte aux mesures d’austérité du gouvernement libéral que mène le mouvement CSN depuis septembre 2014 va dans ce sens.
« Il n’est pas normal qu’une personne qui travaille à temps plein doive recourir à des banques alimentaires, par exemple, pour subvenir aux besoins de sa famille, a indiqué Jacques Létourneau. Il est impératif de relever le salaire minimum à 15 $ l’heure dans les meilleurs délais.
Le président de la CSN a insisté sur la nécessité de créer un large front uni autour de cet objectif : « Le rehaussement du salaire minimum à ce niveau ne peut être atteint que si toutes les forces progressistes du Québec s’unissent derrière cette revendication et se mettent en action pour revoir aussi la Loi sur les normes du travail. Car des résistances à améliorer la qualité de vie des bas salarié-es, il y en aura ! » Lors du dernier congrès de la CSN, en mai 2014, les délégué-es ont voté des résolutions pour œuvrer plus particulièrement avec les non-syndiqué-es.
Plus de 211 500 personnes travaillent actuellement au salaire minimum établi à 10,75 $ l’heure depuis le 1er mai 2016, soit 6 % de la main-d’œuvre, dont près de 57 % sont des femmes. La moitié d’entre eux ne sont pas aux études. En fait, plus de 40 % de celles et de ceux qui reçoivent le salaire minimum sont âgés de plus de 24 ans. Il est donc faux de prétendre, comme certains le font, que seuls les jeunes travaillent au salaire minimum. Et c’est encore plus vrai si on parle de ceux qui gagnent moins de 15 $ l’heure, soit plus du quart de l’ensemble des travailleuses et des travailleurs.
Des effets positifs
Pour le président de la CSN, le relèvement du salaire minimum aurait des impacts plus que positifs pour l’ensemble de la société. « D’abord, la qualité de vie s’améliorerait pour des centaines de milliers de personnes et de familles, a-t-il expliqué. L’augmentation de leur pouvoir d’achat aurait des effets bénéfiques sur l’économie. En outre, la satisfaction au travail s’en trouverait améliorée, le roulement de personnel dans les lieux de travail diminuerait, produisant un effet sur la productivité. »
Si la hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure est au cœur d’une stratégie visant à sécuriser un revenu décent tout au long de la vie pour l’ensemble de la population québécoise, il faut aussi considérer le relèvement des prestations d’aide sociale pour couvrir les besoins de base et l’adoption d’une loi favorisant le droit pour toutes et tous d’être couverts par un régime de retraite à partir des cotisations des employeurs. Jacques Létourneau : « La lutte à la pauvreté et pour le partage de la richesse concerne évidemment le rôle de l’État, comme pivot du développement économique durable créateur d’emplois de qualité et assurant un filet de protection sociale. Nous devons agir en ce sens. »