Depuis des années, la majorité de la population s’oppose aux orientations militaristes de la politique étrangère canadienne : guerre d’agression en Afghanistan, accroissement vertigineux des dépenses militaires, glorification de l’armée et du rôle de la force dans les relations internationales. Conscient de ce rejet, le gouvernement conservateur a doté l’armée d’un budget astronomique de relations publiques lui permettant d’être présente (en offrant souvent des commandites) dans un très grand nombre d’événements ‘grand public’ : de la coupe Grey et de la coupe Mémorial à l’envoi de la coupe Stanley en Afghanistan, de la Fête des Neiges et du marathon à Montréal au 400e anniversaire de la ville de Québec, des parades et des galas pour marquer le retour des soldats canadiens d’Afghanistan ou de Libye aux tournées dans les écoles secondaires et même primaires ! L’objectif est simple : associer l’armée au sport, au divertissement, au loisir, à la famille, bref nous la présenter de façon conviviale pour nous faire oublier les guerres qu’elle mène à l’encontre de notre volonté.
Le gouvernement conservateur a promis 490 milliards sur 20 ans à l’armée, mais il n’a pas d’argent pour des organismes comme Droits et Démocratie, Développement et Paix ou le Wapikoni mobile qui, chacun à leur façon, oeuvrent pour une vision des relations internationales bien différente de la sienne. Le gouvernement conservateur n’a pas d’argent pour que l’armée aide les sinistrés à se relever après les inondations de la rivière Richelieu mais il en a pour qu’elle nous offre un festival gratuit à chaque année pour tenter de redorer son image.
Pire encore, alors que le gouvernement conservateur coupe les fonds pour aider les créations québécoises et canadiennes à atteindre des publics internationaux et réduit le financement de l’Office national du film, de Radio-Canada et de Téléfilm-Canada – toutes des coupures qui auront un impact considérable au Québec et à Montréal – il ne manque pas d’argent quand il s’agit « d’offrir au public montréalais l’occasion de prendre conscience de l’apport militaire à la culture générale passée, présente et future » !
La présentation d’« Armée de culture – Festival culturel militaire de Montréal » est un gaspillage des fonds publics et, dans le contexte que nous venons d’esquisser, il s’agit d’un véritable affront à la population québécoise, à sa culture et aux créateurs et artisans de cette culture. Le Collectif Échec à la guerre appelle donc la population du Grand Montréal à boycotter l’événement et à protester contre sa tenue.