Tiré de Tlaxcala.org
Le Collectif de soutien aux mouvements sociaux en Tunisie suit avec une grande inquiétude l’évolution de la situation dans ce pays depuis le déclenchement des mouvements sociaux et protestations de jeunes en janvier 2021 qui ont abouti à plus de 1600 arrestations dont 300 mineurs, des procès expéditifs par dizaines dans toutes les régions et à de lourdes condamnations allant de 8 mois à 3 ans de prison ferme.
La réponse répressive adoptée par le gouvernement tunisien confronté à une crise politique, économique et sociale aiguë se traduit par une dérive sécuritaire alarmante qui cible tout particulièrement les jeunes et les activistes de la société civile.
Le Collectif a mené une large campagne de sensibilisation de l’opinion publique nationale et internationale et adressé une lettre ouverte au Président de la République tunisienne lui demandant de faire usage de son droit de grâce. Lettre demeurée sans réponse à ce jour.
Aujourd’hui encore, des dizaines de jeunes sont en prison au nom de prétendus chefs d’inculpation ou suite à des procès iniques reposant sur un arsenal juridique en contradiction flagrante avec les droits constitutionnels qui garantissent la liberté d’expression et de manifestation.
Le Collectif reprend à son compte la demande de larges composantes de la société civile qui réclament la libération immédiate et inconditionnelle de tous ces jeunes.
Les membres du Collectif tiennent à affirmer leur indignation face au décès dramatique et scandaleux d’un jeune homme à Sfax du nom d’Abdessalem Zayen. Arrêté pour non-respect du couvre-feu, le jeune homme est décédé durant son interpellation pour n’avoir pas eu accès à son traitement médical, vital pour lui. Le Collectif réclame que toute la lumière soit faite sur un comportement qualifiable de « non-assistance à personne en danger » commis par les agents de l’autorité publique.
La dérive sécuritaire à laquelle nous assistons s’illustre aussi par un climat d’intimidation que certains groupes et officines dont les syndicats de police s’emploient à instaurer à travers les réseaux sociaux, le quadrillage des quartiers populaires ou dans les manifestations. Ces campagnes de harcèlement et d’intimidation peuvent aller jusqu’à l’arrestation arbitraire et à l’organisation de procès infondés.
Le Collectif considère que l’arrestation et la condamnation à six mois de prison ferme dont a écopé la militante féministe et LGBT Rania Amdouni participent de cette logique qui vise à faire taire tous ceux qui contestent ou dénoncent les bavures policières.
Connue pour sa présence active lors des mobilisations pour les libertés et la démocratie depuis plusieurs années, Rania Amdouni a été la cible d’une campagne de dénigrement alimentée par des syndicats policiers suite à sa participation aux manifestations contre la répression policière de janvier dernier. Sa photo accompagnée de commentaires humiliants et d’autres données personnelles, telle que son adresse, ont été diffusées sur les réseaux sociaux.
Après de nouvelles insultes essuyées samedi 27 février, Rania Amdouni s’est rendue au commissariat où elle a été mise en état d’arrestation, maintenue en détention préventive et condamnée en deux jours à six mois de prison ferme pour outrage à un agent de l’État, ainsi qu’à neuf dinars (trois euros) d’amende pour ivresse, et autant pour trouble à l’ordre public.
En dépit des nombreuses démarches devant le Tribunal pénal et administratif, « personne d’autre n’a été entendu, ni témoins ni accusés, et la justice a refusé de partager les images de vidéosurveillance » qui auraient permis d’établir les faits, a déploré son avocat, Me Amine Hadiji. « Les insultes et intimidations étaient quotidiennes, elle était à bout de nerfs », a-t-il souligné à l’AFP.
Le Collectif apporte tout son soutien à Rania Amdouni et réaffirme son engagement total en faveur de la liberté, de la dignité et de la justice sociale.
Le Collectif appelle toutes les forces agissant pour les libertés, la démocratie et le progrès, dans les pays de résidence, à maintenir et à intensifier la mobilisation pour défendre les droits et les libertés acquis depuis 2011, s’élever contre la dérive autoritaire des autorités, les abus de la police et la complicité de la justice.
(Paris – Bruxelles –Genève – Milan – Montréal)
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