Édition du 18 février 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le mouvement des femmes dans le monde

« Trust but verify »

Les verdicts ont été rendus, les accusés vont retourner en prison, Gisèle P. et ses enfants vont rentrer chez eux et essayer de retrouver un semblant de paix. Et les femmes – je l’espère – vont tirer des leçons de ce procès.

Tiré de Entre les lignes et les mots

J’espère en particulier qu’une de ces leçons va être celle-ci : que davantage de femmes vont cesser de croire qu’il est absolument indispensable de se mettre en couple, qu’une femme qui ne se couple pas est une ratée, qu’il n’y a pas de vie réussie et de possibilité de bonheur pour les femmes en dehors du couple et de la maternité.

C’est l’idéologie dans laquelle Gisèle Pelicot, fille de militaire, a été élevée. Comme la plupart des femmes. Avec son corollaire : tout faire, tout accepter pour sauver son couple et garder sa famille unie – et c’est ce qu’elle a fait. Alors que ces deux institutions sont en réalité pour nous la source d’ennuis sans nombre, de désillusions constantes et de ruptures traumatisantes, tant sur le plan affectif que financier. Réalités désagréables face auxquelles les quelques bénéfices ou satisfactions retirées du couplage ne font pas le poids.

S’il s’avère, ce qui est très probable, que la majorité des femmes continueront à vouloir se coupler, qu’elles cessent au moins d’accorder une confiance aveugle et inconditionnelle à leur conjoint, sous prétexte qu’elles l’aiment, et que l’amour impliquerait de faire totalement confiance à l’être aimé.

Gisèle Pelicot et probablement la quasi-totalité des épouses des condamnés de Mazan ont fait confiance à leur conjoint. Presque toutes le décrivent comme un homme gentil, attentionné et un père proche de ses enfants ; certaines parlent d’un homme « fleur bleue », d’un amoureux romantique (!), dont elles refusent encore maintenant d’admettre qu’il ait pu faire de telles choses. Beaucoup ont refusé de porter plainte, et même de divorcer.

Gisèle n’a pas cru les policier quand ils lui ont parlé des agissements de son mari, et même après avoir vu les vidéos, elle a continué pendant des mois (en fait environ 2 ans, peut-être plus) à nier que son mari puisse être le grand criminel que révélaient ces images. Son monde s’est écroulé : comment aurait elle pu se douter que cet homme attentionné qui lui faisait les courses, qui la soignait quand elle était malade – mais qui était celui qui la rendait malade et aurait pu la tuer – pouvait lui faire ce qu’il lui a fait ?

Certes l’amour implique la confiance – mais cette confiance ne doit jamais être totale et inconditionnelle. Adopter une telle attitude est certes plus confortable, plus rassurant, moins fatiguant que de rester constamment vigilant/e mais elle fait immanquablement de vous une dupe, une personne vulnérable qu’il est facile d’exploiter et de manipuler. Avec toutes les conséquences traumatiques voire catastrophiques que cela implique : psychologiques mais aussi financières.

Car c’est après que la police ait fouillé l’ordinateur et les papiers personnels de Dominique Pelicot que Gisèle s’est rendu compte que son mari avait aussi contracté – au nom de sa femme ! – des emprunts énormes dont elle était légalement responsable, et que la famille était ruinée. Gisèle a donc été victime de son mari sur toute la ligne, et de multiples façons : on apprend dans le livre de sa fille Caroline Darian qu’elle a également été victime de violences conjugales physiques et psychologiques.

Gisèle Pelicot – et par suite sa fille, et ses belles filles – a payé très cher la confiance totale qu’elle avait accordée à son mari. C’est une leçon essentielle de l’affaire de Mazan pour les femmes. Et je vais citer en conclusion la règle de conduite qui devrait être la notre dans le couple, proposée par un personnage que je n’apprécie guère par ailleurs, le 40ème président des Etats-Unis Ronald Reagan : « trust but verify ».

https://sporenda.wordpress.com/2024/12/27/trust-but-verify/

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Francine Sporenda

Américaine qui anime le site Révolution féministe.

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