Ainsi, même si elle est à peu près terminée dans les régions métropolitaines du Québec, à l’exception de celle de Québec, la longue pénurie de logements locatifs vécue depuis 2000 y a fait augmenter la cherté des loyers. Ainsi, entre 2000 et 2013, le coût moyen des logements de deux chambres à coucher a augmenté de 43 % à Montréal, 38 % à Québec, 37 % à Gatineau, 35 % à Sherbrooke, 33 % à Trois-Rivières et 30 % à Saguenay. Dans le cas des logements familiaux de trois chambres à coucher et plus, le loyer mensuel moyen a augmenté de 48 % à Québec, passant de 597 $ en 2000 à 886 $ en 2013.
François Saillant, coordonateur au FRAPRU, affirme que « la hausse du coût du logement a dépassé celle des revenus, ce qui explique qu’entre les recensements de 2006 et de 2011, le nombre de ménages locataires engloutissant plus de la moitié de leur revenu pour se loger ait augmenté de 12 % à l’échelle du Québec, pour atteindre 227 875 ». Il ajoute que l’augmentation du nombre de ménages dans cette situation périlleuse a été encore plus importante dans certaines régions comme Gatineau (29 %), Trois-Rivières (21 %) et Montréal (14 %).
Ce sont d’autres régions qui sont maintenant touchées
Par ailleurs, des régions comme l’Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord, qui, au début des années 2000, avaient été épargnées par la sévère pénurie de logements locatifs, y sont plongées depuis plusieurs années.
Pour une, l’Abitibi-Témiscamingue vit sa huitième année de pénurie, avec des taux de logements inoccupés qui, malgré une légère amélioration, demeurent de loin inférieurs au taux d’équilibre de 3 %, soit 0,1 % à Val d’Or, 0,6 % à Rouyn-Noranda et 0,8 % à Amos. La Côte-Nord, et plus particulièrement la ville de Sept-Îles, est quant à elle affectée depuis sept ans par la rareté d’appartements de location. À l’automne 2013, le taux général de logements inoccupés était de 0,6 % à Sept-Îles, mais il n’était que de 0,2 % dans les logements familiaux de trois chambres à coucher et plus.
Selon François Saillant, « une pénurie d’aussi longue durée ne peut qu’avoir des effets néfastes pour les ménages à plus faible revenu qui peinent à se trouver des logements et qui, lorsqu’ils y ont accès, doivent payer de plus en plus cher en loyer ». Il fait remarquer que le loyer des logements déjà existants augmente beaucoup plus rapidement que l’Indice des prix à la consommation dans toutes les villes touchées par la pénurie. Ainsi d’octobre 2012 à octobre 2013, le loyer moyen a augmenté de 4,8 % à Sept-Îles, 3,5 % à Rouyn-Noranda, 3,0 % à Val d’Or, 2,7 % à Amos. À l’échelle du Québec, la hausse a été de 1,6 %.
Le phénomène des copropriétés en location
Le FRAPRU constate que le phénomène de mise en location d’unités de condominiums grandit continuellement et qu’il explique en large partie pourquoi les taux de logements inoccupés ont augmenté ou sont demeurés stables dans les régions métropolitaines du Québec. Le Rapport sur le marché locatif révèle que le pourcentage d’unités de copropriétés mises en location atteint maintenant 12 % dans la région métropolitaine de Montréal, 13 % sur l’île même de Montréal et 10 % à Québec.
Marie-José Corriveau, organisatrice au FRAPRU, analyse le phénomène de cette façon : « Quand 17 000 unités de copropriétés sont en location comme c’est le cas dans la région de Montréal, dont près de 11 000 sur l’île même de Montréal, ça soulage temporairement le marché locatif. Même chose à Québec où 2800 appartements en copropriétés sont offerts à des locataires. Dans les deux cas, c’est cependant à des loyers beaucoup plus élevés que la moyenne, soit 1124 $ par mois dans la région de Montréal et 958 $ dans celle de Québec ».