Le plan des pétrolières et du gouvernement américain
Les grandes entreprises pétrolières, avec l’aide du gouvernement Obama, visent à assurer que les États-Unis deviennent le principal producteur de pétrole de la planète d’ici cinq ans. Et cela se fait au nom de l’indépendance énergétique. Pour parvenir à cette fin, le gouvernement américain compte d’abord et avant tout sur le développement de l’exploitation des hydrocarbures. Les pétrolières sont prêtes à investir des sommes considérables pour développer les sources les plus coûteuses de ces hydrocarbures, le pétrole et le gaz de schiste à travers les États-Unis. Il s’agit de repousser le plus loin possible l’arrivée du Pic pétrolier, soit le moment où les réserves de pétrole vont amorcer un déclin inéluctable. C’est pourquoi les grandes pétrolières multiplient les plates-formes extracotières tant dans le golfe du Mexique que dans l’océan Articque sans parler de l’exploitation des réserves de charbon, une des énergies les plus polluantes. Depuis 2008, ces efforts ont conduit a une augmentation de 24% de la production de barils par jour.
Les plans du gouvernement Harper vont dans le même sens.
L’objectif stratégique du gouvernement Harper sur le plan de la politique énergétique est de faire du Canada l’ une des plus grandes puissances en ce qui a trait l’exploitation des hydrocarbures. Le Canada vise à augmenter considérablement sa production de pétrole à partir des sables bitumineux d’ici 2015. Le gouvernement cherche à développer de nouveaux marchés pour le pétrole et pour le gaz canadiens. Il s’organise pour satisfaire à la demande des États-Unis qui compte que 20 à 25% de ses besoins en pétrole proviennent du Canada. Le gouvernement Canada fait des pieds et des mains pour gagner le marché de la Chine et de l’Inde. Pour soutenir la capacité concurrentielle des entreprises pétrolières, le gouvernement fédéral consacre des sommes considérables en subventions. Comme l’écrit une étude de l’IREC [1], il existait en 2008, « 63 programmes de subventions ou d’aide fiscale destinés à accroître l’exploration et le développement de la production du pétrole. » On voit que le tournant pétrolier, est un projet global du gouvernement Harper, qui consacre des milliards en subventions (également payées par le Québec d’ailleurs) pour l’exploitation des sables bitumineux.
Pour livrer ce pétrole vers la Chine et l’Inde, il faut construire des pipelines. Déjà la construction de ces derniers est planifiée (Northern Gateway vers Kitimat et Transmoutain vers Barnaby et Anacorters). Ils devraient entrer en fonction en 2017. Vers les États-Unis, on est à construire le pipeline Keystone XL, qui a été retardé par la résistance des écologistes, mais qui devrait recevoir le feu vert du gouvernement Obama après sa victoire aux élections américaines. Afin d’expédier le pétrole albertain vers l’est., on veut inverser le sens de l’oléoduc Sarnia-Montréal. Et l’exportation du pétrole pourra également se faire vers l’est du continent américain jusqu’à Portland et ailleurs.
Dans l’est du pays, l’exploitation du pétrole dans les plates-formes en haute mer va bon train. L’exploitation se poursuit dans le golfe St-Laurent, sur la côte est du Canada, pour découvrir de nouvelles sources d’approvisionnement en pétrole.
Le gouvernement canadien protège l’irresponsabilité environnementale
Pour construire ces pipelines, pour agir le plus rapidement possible, il faut diminuer les contraintes des évaluations environnementales. C’est pourquoi, le gouvernement utilise des projets de loi mammouths dans lesquels, ils essaient de cacher un allégement considérable de ce qui est demandé aux pétrolières en termes d’évaluation et de protection environnementales.
Le gouvernement péquiste veut développer l’exploitation du pétrole
Dans son discours d’ouverture de la session, la première ministre Pauline Marois s’est dite ouverte l’exploitation pétrolière : « Parmi nos ressources naturelles, il y en a une qui demande une solide réflexion si nous voulons partir du bon pied. Je parle du potentiel pétrolier du Québec. Nous sommes déterminés à l’exploiter, mais à partir des pratiques les plus élevées en matière de protection de l’environnement, d’acceptabilité sociale. Quand nous produirons du pétrole, ce sera pour enrichir tous les Québécois, y compris les prochaines générations. » [2] Ce qui la préoccupe, c’est l’exploitation sécuritaire de la ressource... Non pas le fait démontré que l’utilisation d’une telle ressource a un effet désastreux sur le réchauffement climatique. Elle ne semble voir aucune contradiction entre le développement des énergies renouvelables et le développement de l’industrie pétrolière.
On se serait attendu d’un parti qui proclame son attachement aux énergies renouvelables une date précise pour la sortie totale du Québec du pétrole et la présentation d’un plan précis pour assurer cette transition énergétique vers les énergies renouvelables. Au lieu de ce plan, Pauline Marois décide de rassurer les pétrolières sur son ouverture à exploiter le pétrole dans le golfe St-Laurent. Désolant !
Tourner vers les énergies renouvelables, ça se planifie
En finir avec l’utilisation du pétrole dans un avenir prévisible doit être un objectif clairement affirmé et défendu. Certains parlent de sortir du pétrole d’ici 2030. C’est à partir d’un objectif clair qu’il faut travailler. Cela veut dire, bien sûr, ne pas s’inscrire dans l’orientation du gouvernement Harper ou Obama. Cela signifie surtout centrer la politique énergétique sur les économies d’énergies visant l’isolation et la performance énergiques de nos maisons et de nos bâtiments commerciaux et institutionnels. À ce niveau, tout un secteur, le secteur de la rénovation verte, peut se développer. Cela signifie également, des investissements publics majeurs dans les énergies renouvelables. Il faut d’abord nationaliser l’énergie éolienne et faire de l’État du Québec le maître d’oeuvre du développement des énergies renouvelables. Le développement de ces énergies doit être à la fois un développement public, mais planifié démocratiquement par les populations des régions et reposer sur la proximité de l’usage citoyen.
Les études ont montré que les émissions de gaz à effet de serre proviennent surtout du secteur des transports. Ce secteur, centré sur l’usage des camions et des automobiles, a un impact dévastateur en termes de changements climatiques. Il faut transformer le secteur des transports et favoriser le transport en commun en développant l’électrification de ce type de transport et assurer des liens interurbains ferroviaires à haute vitesse pour favoriser la diminution de l’usage des automobiles. [3]
Le rapetissement et le détournement du discours écologiste, il ne suffirait que de s’assurer l’exploitation sécuritaire des énergies polluantes.
Le gouvernement américain n’a jamais accepté les accords de Kyoto qui fixaient des cibles en ce qui a trait à la diminution des émissions des gaz à effet de serre. Le gouvernement Harper a été, lui aussi, assez rapide à rejeter ces accords du revers de la main. Aujourd’hui, ces gouvernements se rangent derrière les entreprises pétrolières et gazières pour relancer l’offre des hydrocarbures, même si ces derniers sont de plus en plus coûteux à exploiter et que leur usage s’avère dangereux pour la santé et désastreux pour le basculement climatique.
Le gouvernement Marois se dit ouvert à l’exploitation du pétrole dans le golfe et à l’île Anticosti pourvue que cela rapporte. L’urgence c’est d’assurer la sortie du pétrole et la transition vers une situation on l’on pourra compter essentiellement sur les énergies renouvelables. Ne pas établir un plan concret pour réaliser ces objectifs, c’est parler des deux côtés de la bouche et cela est complètement irresponsable.