La petite enfance sur le respirateur artificiel
L’heure est grave pour le réseau de la petite enfance. Le manque de places en services éducatifs à l’enfance, la surcharge de travail des intervenantes et la pénurie de main-d’œuvre forment un cocktail explosif qui a des conséquences réelles dans la vie des gens. Des milliers de parents, dont des travailleurs essentiels, doivent rester à la maison faute de places en services éducatifs à l’enfance. Ceux qui ont une place ne sont pas pour autant épargnés : ils doivent souvent se buter à des services fermés temporairement, par manque d’éducatrices ou en raison de la COVID-19, et même parfois fermés de façon permanente. Pendant ce temps, trop d’éducatrices quittent le réseau de la petite enfance malgré leur amour pour la profession, épuisées de porter à bout de bras un réseau en difficulté alors qu’elles ne reçoivent pas l’aide dont elles ont besoin, que leurs conditions demeurent modestes et que la valorisation n’est pas au rendez-vous.
Même si le gouvernement tente de créer des places en services éducatifs à l’enfance, il se bute à un manque criant d’intervenantes pour les livrer, et ce, tant en milieu familial qu’en CPE, dans les grands centres comme en région.
Les élus doivent intervenir
La présidente de la CSQ, Sonia Ethier, appelle les élus à faire de la santé du réseau de la petite enfance une priorité. « La situation est alarmante, et pour y remédier, on ne peut pas se contenter de colmater quelques brèches. Pendant que notre personnel de la santé sauve des vies, nos intervenantes bâtissent des vies et elles ont besoin d’aide pour poursuivre cette mission fondamentale. Nous demandons aux élus d’entendre l’appel du réseau de la petite enfance et de se mettre en mode urgence et à mettre en place des solutions permanentes pour donner au réseau l’oxygène dont il a bien besoin. »
La présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec, Valérie Grenon, abonde dans le même sens. « Les intervenantes en petite enfance, les gestionnaires des services éducatifs à l’enfance, les spécialistes et de nombreux parents sont tous intervenus sur la place publique récemment pour dénoncer l’urgence de la situation et les problématiques graves dans notre réseau. Si nous parlons tous le même langage, c’est parce que l’ampleur des enjeux est évidente. Le gouvernement doit stopper l’hémorragie en prenant des mesures à la hauteur de l’importance qu’il accorde au réseau de la petite enfance. »
Des solutions à portée de main
Enfin, la CSQ et la FIPEQ-CSQ proposent aux ministres de la Famille plusieurs solutions qui pourraient contribuer à redorer le blason des professions de la petite enfance, à favoriser l’attraction de la main-d’œuvre et à faciliter la création des places manquantes dans les services éducatifs à l’enfance.
Les solutions proposées sont les suivantes :
– Des mesures d’allègement du fardeau administratif des responsables en services éducatifs à l’enfance (RSE) en milieu familial, un engagement déjà évoqué par le gouvernement ;
– Un engagement du gouvernement à débuter rapidement les négociations de la prochaine entente collective des centres de la petite enfance (CPE), échue depuis mars 2020, et que ce dernier comprenne l’urgence d’offrir une augmentation de salaire importante aux intervenantes en petite enfance ;
– Un engagement ferme du gouvernement de donner suite aux travaux du comité de rémunération, qui débutent au cours des prochains jours, afin d’offrir aux intervenantes en milieu familial des conditions de travail équitables ;
– Des mesures incitatives pour favoriser le recrutement de nouvelles intervenantes, mais aussi favoriser le maintien de celles qui sont en poste ;
– Octroyer une prime COVID-19 aux intervenantes en petite enfance, afin notamment de compenser l’importante surcharge de travail, de limiter les départs dans le réseau et de favoriser le recrutement.
Les deux organisations sont disposées à collaborer avec les élus pour mettre en places des solutions constructives dans le meilleur intérêt des éducatrices, des parents et des enfants.
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