Les présidences de la CSQ, Éric Gingras, de la FEC-CSQ, Youri Blanchet, de la FPSES-CSQ, Valérie Fontaine, et de la FPPC-CSQ, Éric Cyr, font le constat suivant : le gouvernement ne priorise pas suffisamment le réseau collégial et ne prend pas les mesures nécessaires pour s’attaquer aux problèmes de pénurie de main-d’œuvre qui affectent l’ensemble des cégeps.
Les cégeps : au cœur de notre enrichissement collectif
Le président de la CSQ, Éric Gingras, rappelle toute l’importance du réseau collégial pour le Québec. « Année après année, les cégeps contribuent à former des milliers de jeunes et moins jeunes, qui feront valoir leur expertise sur le marché du travail ou qui approfondiront leurs connaissances à l’Université. Le réseau collégial contribue à notre enrichissement social, culturel et économique et ce constat n’est pas mesuré à sa juste valeur et à son importance. Le gouvernement Legault et la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, doivent envoyer des signaux clairs sur l’importance qu’ils accordent aux cégeps, plus encore dans le contexte actuel. »
« Du côté de la négo en cours, poursuit le président, nous sommes déçus de constater le relatif silence du gouvernement sur les enjeux majeurs qui touchent le réseau, dont les problèmes récurrents d’attraction et rétention du personnel enseignant, de soutien et professionnel. À l’heure actuelle, le message qu’il envoie traduit le fait qu’il ne s’agit pas d’une priorité gouvernementale. Or, il fait fausse route. Le réseau collégial est une spécificité du Québec dont il faut être fier. Et en pleine pénurie de main-d’œuvre, il faudrait plutôt miser sur le réseau plutôt que de le laisser dans l’ombre de celles et ceux qui y travaillent ! »
Du personnel qui passe sous le radar des priorités du gouvernement
Pour sa part, la présidente de la FPSES-CSQ, Valérie Fontaine, a fait l’éloge du personnel des établissements collégiaux, qui passe trop souvent sous le radar des priorités gouvernementales. « Nos cégeps regorgent de personnel qualifié, qui s’occupe au jour le jour, des inscriptions, de bâtir les horaires, de réserver des locaux, de préparer les laboratoires, de s’assurer du bon entretien des installations et d’offrir des services aux étudiants en situation de handicap, entre autres tâches. Il s’agit d’un travail essentiel à la réussite des élèves et à la bonne marche des institutions collégiales. On peut compter sur ces femmes et ces hommes l’été, parfois la nuit et entre Noël et le jour de l’An. Il est plus que temps que le gouvernement et, tout particulièrement, la ministre Déry, leur accorde toute l’attention qu’ils méritent. »
Cette catégorie de personnel est également affectée par la pénurie de main-d’œuvre. « Pour que les cégeps redeviennent des employeurs de choix, la partie patronale doit nous offrir autre chose que des reculs, précise la présidente. Pour le moment, les offres qui sont sur la table sont insatisfaisantes et ne répondent pas aux enjeux de pénurie. Ce n’est pas en réduisant les accès aux congés, en réduisant les possibilités de changer de service et en éclatant le cadre horaire que le réseau retiendra son monde. Précariser, c’est ajouter à la pénurie. »
Des taux de roulement alarmants
Même constat pour le président de la FPPC-CSQ, Éric Cyr. « Depuis quelques années, les départs se multiplient. Les gens quittent vers d’autres employeurs qui offrent souvent de meilleures conditions de travail (municipal, fédéral, universités, privé). Le taux de roulement du personnel augmente sans cesse. Résultat ? Les cégeps sont tristement en train de devenir une pépinière de talents professionnels pour les autres employeurs, ce qui entraîne une constante perte d’expertise et des surcharges pour les professionnelles qui restent. Les services fonctionnent souvent à effectifs réduits avec plusieurs personnes inexpérimentées. »
La FPPC réclame donc urgemment pour ses membres des conditions de travail plus modernes et des salaires plus compétitifs. « Les cégeps seront des employeurs plus attractifs s’ils travaillent avec nous à la table de négociation, afin de moderniser les conditions de travail, notamment en offrant plus d’autonomie professionnelle à nos membres, affirme le président. Par exemple, en offrant plus de flexibilité d’horaire, un meilleur accès au télétravail, plus de congés. Souvent, ces changements entraînent peu de frais pour l’employeur et font la différence pour la personne professionnelle. »
Des investissements à rééquilibrer
Quant au président de la FEC-CSQ, Youri Blanchet, il rappelle que le personnel enseignant n’a pas reçu sa juste part d’investissement au cours des dernières années, contrairement au personnel cadre. « Plusieurs investissements gouvernementaux n’ont pas profité autant que nous aurions pu le penser au personnel enseignant des cégeps. C’est ce que constate le professeur Martin Maltais, qui a étudié les rapports financiers annuels (RFA) des établissements collégiaux dans un rapport de recherche qui sera publié prochainement par notre fédération. Alors qu’entre 2010 et 2020 les effectifs étudiants ont stagné, on peut constater une baisse du nombre de profs mais une augmentation du nombre de cadres. En dollars constants, la masse salariale consacrée à la direction est passée de 78 à 81 millions, soit une augmentation de 4 % contre 0,1 % pour le personnel enseignant. »
En conclusion, le président demande un rééquilibrage du financement en faveur du personnel enseignant. « La ministre Déry envoie un mauvais signal lorsqu’elle passe plus de temps avec les directions des collèges qu’avec le personnel. Ça se ressent sur le terrain. Elle doit également écouter nos préoccupations et prendre à bras-le-corps les enjeux spécifiques aux cégeps, qui sont nombreux et capitaux pour l’avenir de la jeunesse. »
Rappelons également que la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) forment le Front commun afin de négocier d’une seule voix avec le gouvernement. Ensemble, ils représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs.
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