Édition du 5 novembre 2024

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Luttes sociales

Allemagne

Réforme des retraites : rien n'est joué…

Plus radicaux, malgré leur réputation en France, les syndicats refusent toujours la retraite à 67 ans. Un responsable d’IG Metall a même demandé la mise en place d’un référendum -constitutionnellement impossible- sur le sujet. Les syndicats critiquent par ailleurs les critères utilisés pour décider de l’application de la réforme.

Contrairement à l’idée entretenue en France, le relèvement de l’âge légal du départ à la retraite de 65 à 67 ans est loin d’être acquis en Allemagne. Le chemin est très long pour y parvenir et il est conditionné par l’amélioration de l’emploi des seniors. Et les syndicats s’y opposent.

Ingérables, ces Français qui combattent la retraite à 62 ans alors que les Allemands sont passés à 67 ans sans broncher ? L’argument a été cent fois répété ces derniers mois par les dirigeants français. Or, il est très largement inexact.

On oublie tout d’abord de préciser que cet allongement n’a pas encore commencé et que sa mise en place doit faire l’objet d’une évaluation régulière. En théorie, la première phase du relèvement de l’âge de départ en retraite devrait débuter en 2012, de façon très progressive, puisque le report d’âge se fera, dans une première phase, à raison d’un mois par an jusqu’en 2024.
Autrement dit, l’âge légal de départ à la retraite sera en 2012 de 65 ans et un mois, en 2013, de 65 ans et deux mois, etc.

On parviendra ainsi en 2024 à un âge légal de la retraite de 66 ans. Par la suite, le rythme s’accélérera, passant à deux mois supplémentaires par an. Ce sont donc les Allemands nés en 1964 qui devront attendre l’accomplissement de leurs 67 ans pour partir à la retraite. Autrement dit, les 67 ans, c’est pour 2031. Vingt-cinq ans après le vote de la loi.

Augmenter l’emploi avant de repousser la retraite

Mais même ce schéma reste théorique. Car la loi a mis une condition à cette lente évolution : l’amélioration de l’emploi des salariés âgés de plus de 55 ans. Une commission indépendante devra réaliser régulièrement des rapports d’étapes sur cette situation et le gouvernement pourra repousser l’allongement de l’âge de départ à la retraite s’il considère que les plus âgés ne peuvent pas trouver facilement un emploi.

Le premier rapport de ce type est attendu à la mi-novembre et devrait déterminer le lancement ou non de la réforme en 2012. L’idée est d’augmenter d’abord l’emploi des seniors avant de relever l’âge de départ en retraite afin d’assurer l’efficacité de la réforme.

Aujourd’hui, les deux partis de la coalition gouvernementale, conservateurs de la CDU et libéraux du FDP, n’entendent pas remettre en cause le lancement de la réforme en 2012. Mais les critiques se font de plus en plus vives concernant cette date de départ.

Les sociaux-démocrates du SPD, pourtant à l’origine de cette réforme au temps de la grande coalition, estiment aujourd’hui que les conditions ne sont pas remplies pour un démarrage dans deux ans. Il est vrai que le taux d’emploi des 60-64 ans n’est que de 21,5 %. Ils réclament donc un report à 2014 ou 2015 de la décision de commencer le relèvement de l’âge de la retraite.
Les syndicats réclament un référendum

Plus radicaux, malgré leur réputation en France, les syndicats refusent toujours la retraite à 67 ans. Un responsable d’IG Metall a même demandé la mise en place d’un référendum -constitutionnellement impossible- sur le sujet. Les syndicats critiquent par ailleurs les critères utilisés pour décider de l’application de la réforme.

Le chemin est donc encore long avant la mise en place de la retraite à 67 ans. Nul ne peut exclure qu’Angela Merkel, aux abois dans les sondages, ou l’opposition de gauche revenue au pouvoir après 2013, ne décident d’une pause dans la réforme. D’autant que le chômage structurel baisse rapidement et devrait améliorer les comptes de l’assurance-vieillesse.
Un pays moins peuplé que la France en 2060

S’il peut être freiné, le mouvement semble toutefois difficilement réversible : non pas pour des raisons de financement, mais pour des raisons démographiques.

A cet égard, la comparaison avec la France est risquée car la situation démographique de l’Allemagne est bien autrement préoccupante : sa population pourrait reculer de 17 millions d’habitants, selon Destatis, l’Insee locale, d’ici à 2060, alors que celle de la France augmenterait dans le même temps de plusieurs millions.

Dans une dizaine d’année, le pays risque de devoir faire face à une pénurie de main d« œuvre, surtout qualifiée. Il faudra alors ajuster l’âge de la retraite moins pour financer les pensions que pour faire tourner l’“usine Allemagne”.

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