1. Une politique énergétique qui préconise la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’électrification des transports, l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables est incompatible avec l’idée de « gestion responsable » des hydrocarbures. Une approche managériale basée sur l’évaluation étroite des risques, le calcul coûts/bénéfices et l’encadrement réglementaire de l’exploitation des énergies fossiles doit laisser place à une évaluation globale des alternatives de développement.
2. Le Québec doit impérativement réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES), selon les recommandations des scientifiques du GIEC, et viser les bornes supérieures actuelles de 40% d’ici 2020 et de 95% avant 2050 afin d’avoir les meilleures chances stabiliser la hausse de température moyenne du globe sous le seuil sécuritaire de 2°Celsius. Cet objectif s’inscrit dans une perspective internationaliste de justice climatique, et nécessite de sortir du pétrole énergétique d’ici 2030. Il s’agit non seulement d’une alternative désirable du point de vue de la justice globale, mais d’un projet viable et atteignable si nous commençons à lutter dès maintenant pour un changement social, économique et politique.
3. Comme le secteur des transports recourt au pétrole à 99% et produit 44 % des émissions de GES au Québec, le Plan québécois des infrastructures (f’QI) 2013-2023 doit augmenter radicalement les investissements en matière de transport collectif. celle-ci devant passer à 40% pour doubler à la hauteur de l,2G$ par année. Le développement des transports collectifs ne doit pas se faire aux dépens de la justice sociale mais se baser sur une lutte globale contre l’austérité, dont la gratuité des transports collectifs sur un horizon dix ans représente un élément incontournable d’une mobilisation populaire.
4. Une nouvelle politique des transports doit être liée à une planification urbaine basée sur l’inversion des priorités sociales favorisant les transports actifs et collectifs pour contrer le monopole de l’automobile et ses effets délétères sur le mode de développement : étalement urbain, construction de magasins à grande surface qui augmentent drastiquement de la consommation d’énergie par le secteur commercial. La lutte contre la spéculation immobilière, la dépendance des municipalités aux taxes foncières et la mondialisation néo libérale doivent ainsi être au cœur d’une politique favorisant l’économie locale, sociale et régionale, la protection des centres-villes et une meilleure occupation du territoire.
5. La transition énergétique ne pas doit être laissée aux aléas du marché et du secteur privé, mais financée en réorientant les investissements des plans d’infrastructures du gouvernement. Ces décisions ne doivent pas être décidées par une poignée d’élites politiques et économiques qui agissent selon une logique de court terme (électoraliste ou capitaliste), mais par une large délibération publique portant sur les conséquences économiques, sociales et environnementales de tels projets. Le contrôle démocratique des institutions étatiques, de même qu’une planification démocratique de l’économie et de la transition écologique par les communautés locales, sont des conditions essentielles à un développement qui soit réellement au service du peuple québécois.
6. Les projets d’inversion du flux de la ligne 9B d’Enbridge et de construction d’oléoduc par Transcanada visant à acheminer le pétrole albertain au Québec : présentent de nombreux risques pour l’environnement. Comme l’exploitation des sables bitumineux prévoit doubler sa production d’ici 2022 et que les pressions populaires contribuèrent à freiner les projets cie Northern Gateway en Colombie-Britannique et Keystone XL aux Etats-Unis, la pression pour acheminer le pétrole vers l’Est devient névralgique pour cette industrie. Il est donc nécessaire de lancer une large campagne de mobilisation pour contrer les projets d’Enbridge et Transcanada afin de créer un goulot d’étranglement à l’exploitation des sables bitumineux.
7. La transition énergétique, qui implique une reconversion écologique des industries, ne doit pas se faire au détriment des intérêts des classes populaires et ouvrières. La perspective de la « transition juste » vise à limiter les inégalités potentielles d’une telle transformation économique en favorisant la création d’emplois climatiques. Une politique économique favorisant le secteur des transports, l’efficacité énergétique, la rénovation des bâtiments et les énergies renouvelables permettrait ainsi de créer des milliers d’emplois sur l’ensemble du territoire québécois. Une transition juste représente un précieux outil de légitimation d’un projet de société pouvant susciter l’appui des syndicats, des mouvements sociaux et de larges secteurs de la population.
8. L’ouverture à l’acheminement des sables bitumineux albertains et l’exploitation des hydrocarbures sur le territoire québécois augmentent notre dépendance collective vis-à-vis l’économie canadienne, les compagnies étrangères et une industrie non viable. Le concept d’indépendance énergétique troque notre soumission nationale pour une illusion de croissance économique servant à palier les effets néfastes des politiques d’austérité. A l’inverse, la transition énergétique permettrait de développer une économie à faible émission de carbone à échelle humaine pouvant assurer la prospérité des communautés locales et la protection du territoire québécois. Il faut donc rejeter l’idée trompeuse d’indépendance énergétique menant à notre dépendance économique au profit du concept de transition énergétique favorisant notre indépendance économique.
9. Pour sortir du pétrole et assurer un véritable virage vert, le Québec doit devenir un pays. Un projet de société aussi important que la transition écologique ne peut se réaliser sans la pleine possession des pouvoirs aux plans politique, économique et des relations internationales. Bien que certaines politiques puissent d’ores et déjà amorcer ce changement, les compétences limitées d’une province au sein de l’É:tat canadien (ex : transport ferroviaire, négociation des accords commerciaux) viendront rapidement limiter les possibilités d’une transformation structurelle. La transition énergétique, l’indépendance économique et l’indépendance politique sont donc inextricablement liées.
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