Édition du 17 décembre 2024

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Projet de loi 23 : la FQPPU dénonce l'abolition du Conseil supérieur de l'éducation

MONTRÉAL, le 19 mai 2023 - Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, affirmait récemment en entrevue n’avoir qu’une seule ambition pour son mandat, soit celle d’améliorer la réussite scolaire. Or, proposant notamment l’abolition du Conseil supérieur de l’éducation (CSE), son projet de réforme ne s’attaque pas seulement à une voix indépendante ayant pour mission fondamentale de conseiller le gouvernement et d’informer le public. La loi proposée promeut également une vision de l’éducation risquant fort bien de nuire aux élèves que le ministre prétend servir, et ce, sans consultation. Joignant sa voix à celles, nombreuses, des intervenant·es du milieu de l’éducation critiques d’un tel coup de force, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) condamne la suggestion de balayer d’un revers de main des décennies d’expertise, pourtant essentielles à la prise de décisions éclairées.

Mentionnons que la création d’un Institut national d’excellence en éducation (INEE) par le ministre, de même que le remplacement du CSE par le Conseil de l’enseignement supérieur, ne préserveront pas ce qui sera perdu par le démantèlement d’un organisme agissant sans parti pris et proposant une vision équilibrée des défis de l’éducation au Québec. En effet, le caractère global et intégré du mandat du CSE, qui s’intéresse aux besoins de tous les ordres d’enseignement et peut ainsi avoir une vision d’ensemble cohérente sur le milieu, est le fruit d’un choix délibéré. D’ailleurs, le rapport Parent mentionne l’importance d’un tel Conseil unifié, attribuant au cloisonnement et à la pensée en silo une grande part de la faiblesse du système scolaire.

Fondé sur des valeurs démocratiques, favorisant le rapprochement entre la population, les décideurs et les parties prenantes de l’éducation, le CSE base ses rapports et ses avis sur des savoirs multiples, valorisant la comparaison de perspectives différentes sur des enjeux complexes. Le nouvel INEE, dont les sujets d’étude seraient choisis « en concertation avec le ministre », ne suggère pas la même impartialité, la même rigueur et le même appétit pour la consultation. Il ne prévoit pas non plus une place prépondérante pour la recherche en sciences de l’éducation ou dans des domaines connexes, puisqu’un seul des membres de son conseil d’administration serait issu du milieu universitaire. Mentionnons pourtant que le transfert et l’accompagnement font le plus souvent partie de la mission de ces chercheuses et chercheurs.

À cette lumière, la FQPPU exhorte le ministre de l’Éducation à revenir sur sa décision d’abolir le fleuron québécois que représente le Conseil supérieur de l’éducation et qu’il entende les voix qui s’élèvent contre la création de l’INEE. Les données probantes qui lui sont chères justifient plutôt qu’on aborde de front les problèmes soulevés par le milieu de l’éducation et que cette réforme ignore — soit ceux du financement déficient et des conditions de travail déplorables des enseignant·es du réseau. Finalement, un meilleur financement de la recherche en sciences de l’éducation et dans les domaines connexes permettrait de remédier à certaines lacunes que relève le ministre, et ce, sans que les résultats ne soient fléchis par quelque biais idéologique que ce soit.

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