En 2008, Écosociété faisait paraître Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique, d’Alain Deneault, William Sacher et Delphine Abadie, ce qui valut à la maison d’édition et aux auteur.e.s deux poursuites judiciaires de compagnies minières totalisant 11 millions de dollars. Dix ans plus tard, nous avons voulu reprendre la parole sur les enjeux démocratiques que cette affaire a soulevés.
À propos du livre
Cet essai est né d’une expérience vécue. Il ne prend pas pour autant la forme d’un témoignage. Il ne s’agit pas non plus de rouvrir, par les voies détournées de l’écriture, deux procès que des règlements hors cour auraient laissé inachevés. Si l’affaire Noir Canada mérite d’être soumise à l’analyse, c’est en tant qu’elle est symptomatique de la violence sociale qui s’exerce par le dispositif judiciaire et qu’elle nous donne à voir, sous une forme paradigmatique, le rôle stratégique joué par le droit dans la cartographie contemporaine des rapports de pouvoir et de domination. Elle fonde ici la genèse d’une réflexion sur les perversions et les torsions d’un droit organisant la suspension de la justice au service des fins les moins irréprochables, d’un droit de la sortie du droit, d’un droit du plus fort.
« Notre histoire est celle de la rencontre d’un pouvoir. Un voyage initiatique dans le monde des puissants. Celui des sociétés multinationales, des hauts dirigeants d’entreprise, des cabinets d’élite, des avocats d’affaires, des juges. Il n’est pourtant pas donné d’ordinaire au profane d’y pénétrer. [...] Il arrive toutefois qu’une ligne de fracture, un foyer de résistance, un irréductible vis-à-vis fasse en sorte d’obliger le pouvoir à sortir de l’ombre. Celui-ci se manifeste alors dans toute sa violence, avec une force conséquente à ce qui a été ébranlé, et marque vos vies d’un coup de griffe. Alors les masques tombent. »
Anne-Marie Voisard.
À propos de l’auteure
Anne-Marie Voisard a été responsable des affaires juridiques d’Écosociété de 2008 à 2013, pendant l’affaire Noir Canada. Titulaire d’une maîtrise sur la répression judiciaire de la liberté d’expression, elle poursuit ses recherches dans le champ de la sociologie critique du droit ainsi que sur la censure dans l’édition indépendante. Le droit du plus fort est son premier essai
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