Les débats sur la nature du PQ et des alliances possibles ou non avec cette formation politique, ont traversé Québec solidaire au cours de la récente période. André Frappier revient sur le passé du parti issu de la vague de mobilisation des années 60 et 70. Il en vient à la conclusion que les déboires récents du PQ ne sont pas le résultats de quelconque erreurs mais de sa nature même d’aspirant parti des élites. Le PQ a géré l’austérité, faisant porter le poids des mesures néolibérales aux classes populaires à chacun de ses mandats après le référendum de 1980. Il a définitivement exclu les membres des communautés culturelles de la lutte pour l’indépendance du Québec avec sa Charte des valeurs raciste et islamophobe. Il en vient à la conclusion que le PQ n’est plus le véhicule pour la lutte de libération nationale et sociale et que QS doit assumer ce rôle de façon indépendante et rejeter toute alliance avec le PQ qui n’a plus maintenant qu’un objectif, le pouvoir à tout prix.
Dans le dossier de la poursuite-baillon de la minière canadienne Canada Carbon contre la petite municipalité de Grenville-sur-la-Rouge, Catherine Caron n’en revient pas de la décision de la Cour supérieure du Québec qui refuse justement d’y voir une campagne d’intimidation de la part de la compagnie. Après avoir décrit les manoeuvres de la minière, elle exprime sa solidarité avec cette petite municipalité et ses citoyen.ne.s et exige de mettre un terme à la préséance des droits miniers, pétroliers et gaziers sur les droits des personnes.
La Coalition Sortons les radio-poubelles fait un bilan de l’année 2018 pour ce qui des discours d’extrême-droite diffusés par les radios de Québec en particulier et constate que malgré les événements de la Mosquée de Québec en janvier 2017, bien peu a changé. Menaces de mort, propos islamophobes et racistes, propagande en faveur du 3e lien dans la région de la Capitale, discours masculiniste, les Eric Duhaime, Jeff Fillion et Dominic Maurais de ce monde ont multiplié les propos digne de la droite extrême.
Un projet de gazoduc entre l’Ontario et le Saguenay est en gestation et les groupes écologistes sonnent l’alarme. La CAQ se montre favorable au projet et met en place les premiers jalons d’une stratégie pour rendre le projet acceptable par la population en scindant le projet en plusieurs entités et en refusant d’en faire une évaluation globale et un calendrier de consultation trop court. La riposte écologiste devra donc être à la hauteur des défis auxquels elle aura à faire face. Les groupes se préparent à une nouvelle confrontation que rappelle celle entourant le projet de pipeline Énergie Est.
Le débat entourant la laïcité reprendra rapidement cette année avec le dépôt par la CAQ d’un projet de loi à la reprises des travaux à l’Assemblée nationale. Québec solidaire aura aussi l’occasion d’en débattre en 2019. Déjà un document initiant le débat circule dans les rangs du parti de gauche. Charles C. et Julien D. souhaitent que QS prenne la défense des femmes salariées qui seront les premières victimes de ce débat, en particulier les femmes issues de l’immigration et musulmanes. Interdire le voile n’aura pour conséquence que d’isoler davantage ces femmes croient avec raison les auteurs.
Enfin, Presse-toi à gauche fait un bref retour sur son travail en 2018 et qualifie l’année de bonne pour l’hebdo de gauche. Plus de 730 000 visites, soit une moyenne quotidienne de plus de 2000 visites, 44 éditions au total, une couverture électorale en octobre dernier, le suivi de la campagne #MeToo et #MoiAussi, une meilleure couverture de l’actualité internationale notamment en rendant disponibles certains textes anglophones qui autrement ne paraitraient pas en français. Pourtant, l’hebdo doit de nouveau faire appel aux militant.e.s pour des contributions en matière de reportages (écrits, audios ou vidéos), de traduction, de financement, de gestion de la correspondance et des médias sociaux et bien d’autres choses encore. Vos contributions sont les bienvenues.
Sur la scène internationale
Début 2019, que retenir de la situation internationale ? Trump, Brésil, Chine ou prochaine crise économique ?
Nous avions le choix. Notre attention s’est portée sur les mobilisations des gilets jaunes en France, sur Israël et sur l’environnement et l’agriculture.
Sur les gilets jaunes
Paris, fin 2018, le bureau des légendes. L’article retenu aborde deux aspect du mouvements des gilets jaunes. : l’aspect politique et revendicatif et la répression policière. D’abord le contexte de lutte est mis de l’avant : « Aujourd’hui, en France, des luttes – grève, manifestation, occupation, actions dites « radicales » –, il y en a. Beaucoup, mais pas toutes très visibles. »
Malheureusement toutes ces luttes ne sont pas unifiées ni coordonnées. Mais au regard des gilets jaunes, l’auteur s’interroge sur le caractère de ce mouvement : « Ces trois dernières – maires ruraux, policiers, Gilets jaunes – sont-elles vraiment des luttes ? Forment-elles vraiment des espaces de rébellion, de résistance aux rapports de domination ? Non, si on prend en compte leur origine et leurs fondements globalement antipolitiques …….oui, si on prend en considération l’élan collectif ou, pour être plus juste, la manifestation de la défense conjointe d’intérêts plutôt individuels. »
Reste à voir la suite des mobilisations et des différentes formes qu’elles vont prendre. Le deuxième point qu’aborde l’auteure c’est celui de la répression. Elle mentionne au départ que les policiers ont été les seuls à obtenir rapidement une hausse salariale. On se demande bien pourquoi ! Ensuite, elle énonce les actes de violences policières. Elle conclut sur le constat suivant : « Aujourd’hui, les forces de l’ordre françaises sont parmi les mieux armées d’Europe : Flashball, grenade de désencerclement, grenade explosive, etc. En 2017, l’usage des armes à feu par la police a augmenté de 57%. »
Autre composante du mouvement des gilets jaunes, la place des femmes dans les mobilisations. Les mères en jaune. L’article commence en décrivant la situation des femmes gilets jaunes : « Prises d’une saine colère, elles disent leur ras le bol d’être paupérisées »…. « Elles n’ont pas de possibilité de se former, pas de mobilité géographique et pas de mutation possible. »…. « Elles vivent l’injonction paradoxale d’une société qui les ignore : on attend d’elles qu’elles travaillent comme si elles n’avaient pas d’enfant.s et qu’elles élèvent leur.s enfant.s comme si elles n’avaient pas de travail »... « Confrontées chaque jour à la dureté du quotidien, pour elles la question du partage des tâches ou de la « charge mentale » ne se pose pas : elles assument seules »
Nous avons donc droit à un bon tour d’horizons des problèmes quotidiens de ces femmes. L’article n’en reste pas aux constats mais tente de poser la question de ce qu’on peut faire pour changer les choses. Des revendications sont mises de l’avant mais deux éléments ressortent : « Première chose, ces femmes doivent être traitées dignement, elles peuvent être fières de ce qu’elles font, élever un ou des enfants seule est une chose très difficile quand on est dans la précarité. »….. « Bref, une véritable politique en faveur de l’égalité femmes hommes dont elles sentiraient vite les effets positifs. »
Israël
La situation au Proche-Orient est, depuis des années, un sujet d’actualité brûlant. Nous avons mis l’accent sur deux aspects concernant Israël.
Dans le premier article, c’est tout le tourisme en Israël qui est interpellé :
Bien se placer les pied.. L’auteur mentionne que « Les voyages touristiques de masse représentent de nos jours une industrie majeure et une précieuse source de devises étrangères pour plusieurs gouvernements ». Ensuite, il interroge les touristes sur leurs motivations « Beaucoup de visiteurs et visiteuses parcourent ces pays avec intérêt ou curiosité, mais sans se poser de questions sur leur régime politique ni sur le sort de leurs populations ». Mais à ce compte, il n’y aurait plus de tourisme si nos critères pour voyager porterait l ‘obligation de démocratie. L’auteur en est bien conscient mais insiste pour parler de la situation en Israël et du sort des Palestiniens et Palestiniennes. Il conclut en lançant une réflexion pour le tourisme en Israël : « Alors vertueux et vertueuses touristes qui préparez un voyage en Israël, réfléchissez à la question avant de vous rendre là-bas gonfler le bas de laine d’acier israélien »
Le second article sur Israël dénonce le sort d’un écrivain américain Marc Lamont Hill qui a été congédié suite à des commentaires sur Israël. Israël est intouchable… dans les médias américains.
L’auteur décrit tout le mouvement de dénonciation des propos de monsieur Hill sur les médias sociaux. Il mentionne la double politique en information : « Que se serait-il passé si Hill avait appelé à l’établissement d’un Etat juif entre le Jourdain et la mer ? Il aurait certainement conservé son emploi en toute sécurité. » et évidemment toute la politique médiatique américaine « Face à la dure réalité qui a pris le contrôle de la parole aux Etats-Unis, il n’y a pas de place pour des expressions qui pourraient offenser l’occupation israélienne. On peut, très éventuellement, être autorisé à parler d’une solution « à deux Etats » [prévoyant l’existence d’un Etat palestinien désarmé et sous forme de peau de léopard face à l’Etat israélien], à condition toutefois de le faire à voix basse. »
L’auteur conclut dans un cri de rage : « Continuez donc à licencier encore plus d’analystes qui osent critiquer Israël ou de suggérer des solutions justes à l’occupation, c’est de la sorte que davantage de personnes interrogées diront ce que tout le monde sait, à savoir que les Juifs et Israël ont un degré incroyable d’influence dans les médias occidentaux »
Environnement-agriculture
Comme dernier sujet, nous avons choisi un article qui tient compte de la crise écologique actuelle dans ce qui est la base de la vie sur terre : l’agriculture.
L’accaparement des terres est criminel L’auteur débute son article par une longue mais très pertinente citation d’une analyse de Grain sur l’accaparement des terre. « L’accaparement de terres est l’achat par des financiers étrangers, (en complicité avec les pouvoirs locaux) de sols agricoles ou de forêts sur lesquels vivent et se nourrissent des peuples indigènes. Au cours de la dernière décennie, les surfaces de terres accaparées ont couvert 30 millions d’hectares, (plus que la surface agricole française), et le mouvement est loin d’être terminé. Les plantations de palmiers à huile sont responsables d’une grande partie des accaparements de ces dernières années. La croissance des investissements des fonds de pension états-uniens dans les terres agricoles est spectaculaire. En plus, les structures offshore et les flux financiers illicites jouent un rôle important dans les opérations actuelles. Les communautés sont les premières à remarquer que les sociétés qui achètent sont souvent plus intéressées par le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale ou le vol des économies des gens que par l’agriculture. »
L’auteur place donc, dès le départ, l’accaparement des terre dans la mondialisation capitaliste et mentionne que ce phénomène s’est accéléré avec la crise de 2008. Ensuite il compare l’accaparement des terre à une forme d’extrativisme : « On est là face à une nouvelle conquête de type colonial, un renouvellement d’une forme de pillage extractiviste dans lequel les terres sont assimilées à de simples puits à profit, un autre genre de mines à ciel ouvert. L’installation de monocultures avec machines agricoles et fertilisants chimiques les videront rapidement de leur fertilité. »
Et cet accaparement des terres oblige l’accaparement de l’eau « Sauf dans les immenses fermes non irriguées, dédiées à une agriculture productiviste extensive et pluviale comme le soja en Amérique du Sud, les accaparements des terres en Afrique ne se font jamais sans la confiscation de l’eau douce. »
Un article à lire pour sa vision de l’écologie et de l’avenir de l’agriculture.
Bonne lecture
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