« À ce moment-ci, nous n’avons toujours pas de directives claires ni de réponses à nos questions quant à l’organisation des services de garde. Faut-il insister sur le fait qu’il est minuit moins une avant la rentrée ? »
Respecter les « bulles » sera impossible
La seule indication formulée par le ministre Roberge est que les « bulles classe » devront aussi être respectées en dehors de la classe et que le jumelage des groupes dans les services de garde devrait être l’exception à la règle. Or, sur le terrain, tout le monde sait bien que c’est impossible.
« Il faut bien mal connaître la réalité des services de garde en milieu scolaire pour penser qu’il sera possible de conserver les "bulles classes" matin, midi et soir. Ça se dit bien aux parents et à la population dans une entrevue, mais dans les écoles, la réalité est tout autre, ne serait-ce qu’en raison du jumelage des groupes, des ratios et de la pénurie de personnel », insiste Éric Gingras.
La pénurie de personnel complexifie l’organisation
Par exemple, le ratio en service de garde est de 1 éducatrice pour 20 élèves alors que pour la plupart des classes, les ratios sont de plus de 20 élèves par enseignant. La formation de sous-groupes et le jumelage des groupes sont bien souvent impossibles à contourner, surtout avec la pénurie de main-d’œuvre qui affecte aussi durement ces catégories d’emplois.
Par exemple, au Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) sur la Rive-Sud de Montréal, des 710 postes de techniciennes et éducatrices en services de garde offerts lors de l’affectation du personnel en juillet dernier, 177 sont toujours vacants. Si les chiffres du CSSP sont particulièrement parlant, la situation est problématique aussi ailleurs au Québec.
À chaque début d’année, les groupes en services de garde débordent le temps de trouver du personnel pour combler les postes restés vacants lors des affectations. Comment fera-t-on cette année ? Nous n’avons, à ce jour, toujours aucune réponse. Le silence est lourd et ne fait qu’alimenter les inquiétudes et la frustration.
À quand une véritable valorisation ?
« Nous avons déploré à de nombreuses reprises le silence du ministre de l’Éducation quant au travail du personnel de soutien scolaire dans le réseau. Pensons ici aux techniciennes et éducatrices en services de garde, aux techniciennes en éducation spécialisée, aux préposés aux élèves handicapés, aux concierges aussi, etc. Valoriser leur travail et leur apport essentiel à la vie scolaire, ce n’est pas uniquement de les nommer en conférence de presse. C’est aussi, et surtout, de tenir compte de leur rôle et de leur place dans l’organisation du réseau », déplore Éric Gingras.
En plein contexte de pandémie, alors que l’on parle beaucoup des mesures sanitaires pour le retour à l’école, les postes à combler en services de garde sont nombreux, les conditions de travail et les salaires ne sont pas attrayants, les groupes sont surpeuplés et les directives inexistantes, ce qui ne simplifie en rien l’organisation déjà complexe des services.
Ajoutez à ceci tout l’effort non reconnu déployé dans les services de garde d’urgence au printemps dernier pour s’occuper des enfants du personnel essentiel, le fait qu’on leur a refusé la prime COVID et le fait d’être laissés de côté, une fois de plus, dans le plan ministériel de la rentrée, vous obtenez un coquetel qui laisse un arrière-goût franchement amer.
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