« Mines, barrages, grandes infrastructures routières à coups de centaines de millions $, voire des milliards $, les premières annonces du gouvernement et du Budget Bachand laissent présager le pire. Nous craignons que le gouvernement n’ait pas du tout tenu compte des nombreuses recommandations que nous lui avons transmises depuis plus d’un an » affirme Christian Simard de Nature Québec.
Une participation déficiente
Mais il n’y pas que les récentes annonces du gouvernement qui font craindre le pire par rapport aux orientations du Plan Nord. Il y a aussi la façon dont les processus de consultation se sont déroulés depuis le début. « Nettement minoritaires sur chacun des groupes de travail, nous n’avons pas pu disposer de toutes les ressources et de tout l’espace nécessaires pour faire valoir une véritable vision intégrée du développement du Nord » explique Christian Simard.
Patrick Bonin de l’AQLPA : « Bien que les ONG en environnement aient participé au processus de bonne foi, force est de constater que les solutions innovatrices qu’elles proposaient se heurtaient souvent aux priorités économiques à court terme et à courte vue des groupes de travail ».
« Et il y a pire », ajoute monsieur Bonin. « Dans certains cas, nous n’avons même pas pu avoir accès aux recommandations finales des groupes de travail sur lesquels nous siégions. C’est inadmissible comme façon de faire, surtout lorsque le gouvernement laisse entendre que le Plan Nord est le résultat d’une collaboration sans précédent avec les différents organismes et partenaires » déplore-t-il. Réal Reid de Fondation Rivières : « C’est donc avec une certaine stupéfaction qu’on constate aujourd’hui que le dernier budget du Québec consacre déjà des fonds pour l’accès et le harnachement éventuel de la Caniapiscau, alors que ce projet précis n’a pas été discuté au sein de la table énergie ». Ceci amène Daniel Breton de MCN21 à conclure : « En énergie, au nord comme au sud, ce gouvernement n’a aucun plan compétent. Le Plan Nord risque plutôt d’être une « Improvisation Nord », durée illimitée, impacts indéterminés ».
Plan Nord : une fuite en avant ?
« Grands réseaux routiers, mines, barrages, coupes forestières, attention ! L’histoire récente nous enseigne que le développement du Nord doit se faire autrement. Nous devons éviter les erreurs du passé avec un modèle néo-colonial d’ouverture des territoires et d’extraction effrénée des ressources pour les grands marchés du Sud, de l’Asie et de l’Europe » met en garde Ugo Lapointe de Québec meilleure mine !
« Nous devons nous assurer de retombées à long terme pour l’ensemble des collectivités touchées, la société en générale et les générations futures. Nous devons également assurer une protection véritable et accrue de l’environnement » ajoute monsieur Lapointe.
« Dans un contexte où une bonne partie de l’humanité s’active à trouver des solutions pour réduire les effets néfastes sans cesse croissants du développement (changements climatiques, perte de biodiversité, atteinte aux milieux marins, etc.), le Québec doit également participer à ce défi de tous les instants. Le Plan Nord représente ici une occasion unique. Ne la manquons pas ! » insiste Nicolas Mainville de Greenpeace-Québec.
Des questions fondamentales
« Le Plan Nord cadrera-t-il avec les principes de la Loi sur le développement durable du Québec ? Tiendra-t-il compte du débat qui a cours présentement au Québec concernant l’exploitation des ressources naturelles et énergétiques ? Tiendra-t-il compte de la véritable valeur que représentent les riches écosystèmes nordiques dans la lutte aux changements climatiques, dans la préservation de la biodiversité, des plus grands réservoirs d’eau douce au monde et des dernières grandes rivières vierges du Québec ? Bref, le Plan Nord reflètera-t-il une « nouvelle » vision intégrée et responsable du développement, ou perpétuera-t-il un vieux modèle dont on connaît déjà les effets néfastes ? » s’interroge Henri Jacob de l’Action boréale de l’Abitibi-Témiscamingue (ABAT).
Pour les organismes environnementaux, les connaissances écologiques du territoire sont un incontournable. « Il faut définir un cadre écologique de référence du territoire tant sur les aspects des potentiels que des fragilités avant de définir les modalités d’exploitation ou de conservation des ressources. Et il faut surtout donner les moyens nécessaires aux organismes et au ministère de l’environnement afin qu’ils puissent bien faire leur travail » précise Yvan Croteau du Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE).
Le Plan Nord devra également définir beaucoup mieux ce que signifie un objectif de 50% de protection des territoires nordiques. Cela n’est pas du tout clair pour l’instant et laisse place à toutes sortes d’interprétations contradictoires (50% protection = 50% développement ? Dans quel ordre prioritaire ? Selon quel échéancier ?).
Somme toute, si le gouvernement Charest veut se réclamer d’un Plan Nord qui respecte les plus nobles et les plus grands des principes de développement, il devra répondre en substance à ces questions. Jusqu’à présent, nous avons toutefois de sérieux doutes quant à sa capacité de le faire.
Pour information :
Christian Simard et Louis Bélanger, Nature Québec (418.928.1150)
Représentants à l’environnement sur les tables ’accès au territoire’ et forêt du Plan Nord
Patrick Bonin, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) Représentant à l’environnement sur la table énergie du Plan Nord (514.594.1221)
Réal Reid, Fondation Rivières (450.449.9407)
Représentant au développement durable sur la table énergie du Plan Nord
Ugo Lapointe, Québec meilleure mine ! (514.708.0134)
Représentant à l’environnement sur la table mine du Plan Nord
Daniel Breton, Maîtres Chez-Nous 21e siècle (514.799.3553)
Nicolas Mainville, Greenpeace-Québec (514.214.0843)
Henri Jacob, Action boréale de l’Abitibi-Témiscamingue (ABAT) (819.738.5261)
Yvan Croteau, Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE) (819.856.0337)
John Burcombe, Mouvement Au courant
Thomas Welt, STOP (dossier énergie)