7 avril par CADTM Europe
tiré de : [CADTM-Infolettre] Covid-19, crises, dettes...
Début avril, la Commission européenne reprenait les annonces de la BCE BCE
Banque centrale européenne La [2] est une institution européenne basée à Francfort, créée en 1998. Les pays de la zone euro lui ont transféré leurs compétences en matières monétaires et son rôle officiel est d’assurer la stabilité des prix (lutter contre l’inflation) dans la dite zone.
Ses trois organes de décision (le conseil des gouverneurs, le directoire et le conseil général) sont tous composés de gouverneurs de banques centrales des pays membres et/ou de spécialistes « reconnus ». Ses statuts la veulent « indépendante » politiquement mais elle est directement influencée par le monde financier. , en déclarant que les règles budgétaires ne seraient plus d’application pendant la crise. Ainsi la règle d’or s’appliquerait contre les populations pour imposer l’austérité, mais l’on y dérogerait volontiers pour secourir le secteur privé.
A l’instar de la crise de la dette Dette Dette multilatérale : Dette qui est due à la Banque mondiale, au FMI, aux banques de développement régionales comme la Banque Africaine de Développement, et à d’autres institutions multilatérales comme le Fonds Européen de Développement.
Dette privée : Emprunts contractés par des emprunteurs privés quel que soit le prêteur.
Dette publique : Ensemble des emprunts contractés par des emprunteurs publics. grecque en 2015, aucune forme de solidarité financière n’a pourtant été mise en œuvre pour les pays les plus en difficultés. A la place, on organise l’endettement croissant et permanent des États, Italie et Espagne en première ligne, au bénéfice des banques et des marchés.
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Ce plan ne sera d’aucun secours ni pour l’économie réelle et le secteur de la santé, éprouvés par plusieurs décennies d’austérité et de privatisations, ni pour celles et ceux qui ont perdu leurs revenus suite aux mesures de confinement.
La BCE rejoue la politique du Quantitative Easing qui à partir de mars 2015 avait pris la forme d’un plan massif d’aide aux grands actionnaires des grandes banques, ceux-là mêmes qui étaient les responsables de la crise de la dette.
Non assorti de conditionnalités quant au comportement de ses bénéficiaires, ce plan a permis aux banques de racheter leurs propres actions Action
Actions Valeur mobilière émise par une société par actions. Ce titre représente une fraction du capital social. Il donne au titulaire (l’actionnaire) le droit notamment de recevoir une part des bénéfices distribués (le dividende) et de participer aux assemblées générales. aux grands actionnaires, de leur distribuer des dividendes faramineux, et de reprendre librement leurs activités spéculatives.
De cette nouvelle vague d’investissements spéculatifs a découlé une nouvelle augmentation rapide de l’endettement en Europe et dans le monde, qui atteignait fin 2019, le niveau record de 322 % du PIB PIB Produit intérieur brut Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées.
Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre. global.
[4] En témoigne la récession Récession Croissance négative de l’activité économique dans un pays ou une branche pendant au moins deux trimestres. du secteur de la production industrielle entamée dès le second semestre 2019 en Allemagne, en Italie, au Japon, en Afrique du Sud, en Argentine et aux États-Unis.
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L’urgence n’est pas de sauver les grands actionnaires des banques et des grandes entreprises privées : l’urgence est de répondre aux besoins de financement du secteur de la santé et aux besoins de protection de toute personne qui aujourd’hui ne dispose pas de logement, d’accès à l’eau, à l’électricité, à l’alimentation ou à des revenus permettant de se les procurer.
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L’État doit assurer le versement des salaires en lieu et place des employeurs qui refuseraient de payer, et leur imposer des amendes en retour. Ainsi, au niveau européen, l’Union doit obliger les actionnaires à renoncer à leur dividendes de 2020. Un revenu décent doit également être versé aux chômeurs-ses, aux stagiaires et aux personnes sans droit aux allocations.
Dans l’urgence, ces mesures doivent être combinées à la mise à l’arrêt complet de toutes les activités non essentielles ; l’interdiction des licenciements et la réintégration des salarié-e-s licencié-e-s depuis le début de la crise ; la fourniture gratuite de moyens de protection à tou-te-s les salarié-e-s encore en activité ; la garantie du droit de retrait en cas de non-respect des conditions de sécurité ; l’arrêt de toutes les expulsions de locataires et la suspension des loyers, des crédits personnels et des factures d’eau et d’énergie ; la mise à disposition de logements corrects pour toutes les familles vivant dans des logements précaires ou sans abris ; la mise en place immédiate de mesures de protection pour les femmes victimes de violences conjugales, pour les enfants victimes de violence, impliquant des décisions rapides d’éloignement des conjoints violents ; l’arrêt des expulsions et la régularisation immédiate de tou-te-s les sans-papiers et réfugié-e-s avec accès immédiat à tous les systèmes de protection sociale.
A plus long terme, d’autres mesures permettraient de répondre aux besoins de financement des États : le financement public par la banque centrale Banque centrale La banque centrale d’un pays gère la politique monétaire et détient le monopole de l’émission de la monnaie nationale. C’est auprès d’elle que les banques commerciales sont contraintes de s’approvisionner en monnaie, selon un prix d’approvisionnement déterminé par les taux directeurs de la banque centrale. à taux 0 % pour rompre avec le chantage des marchés ; la socialisation sous contrôle citoyen du secteur bancaire et des assurances ; une réforme radicale de la fiscalité sur les patrimoines et les revenus ; la mise à l’arrêt des réseaux d’évasion fiscale des grandes entreprises ; la taxation des transactions financières au-dessus d’un certain plafond ; l’annulation des dépenses militaires et la reconversion des travailleurs·ses du secteur ; l’expropriation et la mise sous contrôle citoyen des secteurs essentiels
[1].
Par ailleurs, cette crise a montré à quel point nos sociétés reposent sur le travail de soin aux autres, qui est, dans son écrasante majorité, exercé par des femmes. Il faut reconnaître cette réalité pourtant trop souvent invisibilisée et pousser pour qu’elle soit prise en charge par le secteur public.
Cette crise représente l’occasion d’obtenir un vrai changement des règles du jeu pour modifier radicalement la société dans son mode de vie, son mode de propriété, son mode de production et son rapport à la Nature, en donnant la priorité aux biens communs, à la souveraineté alimentaire et à la relocalisation de la production matérielle et des services, en adaptant une manière de travailler et de produire qui soit compatible avec la lutte contre la crise écologique.
Il nous faut planifier la décroissance tout en améliorant les conditions de vie, élargir la sphère des services publics, le contrôle citoyen, et la démocratisation, pour rompre avec la société du 1 % des plus riches et réaliser la société du 100 % écologiste, socialiste, autogestionnaire, féministe et antiraciste.
CADTM Europe
Le CADTM Europe rassemble des organisations dans 5 pays, Belgique, France, Italie, Suisse, Luxembourg et des militant-e-s en Grèce, au Portugal, en Pologne et dans l’Etat espagnol. Le site www.cadtm.org publie des articles en français, anglais, espagnol, portugais, grec, italien et allemand. Le réseau mondial du CADTM est présent dans plus de 30 pays sur 4 continents.
Notes
[1] D’autres mesures à entreprendre pour faire face au coronavirus ont été listées ici : https://www.cadtm.org/Serie-Covid-19-3-4-Propositions-de-mesures-a-prendre
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