Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Arabie saoudite

Notre ami le roi et le pacte de Quincy

Le roi est mort, vive le roi. Le roi Abdallah est décédé mais l’Arabie saoudite a un nouveau souverain qui va assurer, comme ses prédécesseurs, la continuité du régime, au grand bonheur de la famille al-saoud et de ses alliés qui profitent des immenses ressources énergétiques dont regorge ce pays d’à peine trente millions d’habitants.

Abdelaziz Ben Abderrahmane Al-Saoud est le fondateur de cette monarchie (troisième État saoudien) et c’est aussi son premier roi. Il est également le père de tous ses successeurs qui sont - pour l’instant - au nombre de 6. De mères différentes certes mais ils ont tous le même père qui aura eu une trentaine d’épouses.
Quand on sait que ce royaume a été fondé en 1932, cela signifie qu’une famille (un père et ses enfants directs) gouverne ce pays depuis 83 ans. On s’achemine d’ailleurs vers un règne direct - de la même cellule familiale - de plus d’un siècle. Car même si le nouveau roi Salman a 80 ans décède dans quelques années, son successeur déjà désigné n’est autre que son frère Moqren ben Abdelaziz, nouveau prince héritier à 70 ans. Et au besoin la fratrie est encore nombreuse.

Cela explique entre autres que les rois de l’Arabie Saoudite sont de plus en plus vieux à débuter leur mandat mais éclaire peut-être aussi sur les raisons qui font que cette monarchie est hermétique au changement.

Quelle évolution pouvait-on et peut-on en effet espérer d’un tel régime quand on sait qu’il a pris les rênes du pouvoir en 1932 ?

À cette époque, même au Québec, en France, en Italie et dans d’autres pays occidentaux, les femmes n’avaient pas le droit de vote et plusieurs libertés qui sont si fondamentales aujourd’hui n’étaient pas garanties.

Depuis, grâce aux luttes livrées par les femmes dans ces pays, des acquis ont été arrachés aux différents gouvernements. Les femmes saoudiennes ont obtenu le droit de vote en 2011…aux élections municipales. Pour le reste, elles sont placées sous la tutelle des hommes durant toute leur vie.

Et, ignominie parmi les ignominies, elles sont les seules dans le monde, à ne pas avoir le droit de conduire une voiture.

Si les femmes saoudiennes vivent dans des conditions d’oppression exécrables, leurs compatriotes hommes ne jouissent pas non plus des libertés d’expression, de presse et d’organisation. Un régime étouffoir des droits fondamentaux !

Est-ce que les puissances occidentales et à leur tête les États-Unis s’en offusquent ? Pas du tout.

L’Arabie saoudite est liée à l’Amérique depuis 1945 par le Pacte de Quincy signé entre le fondateur du royaume et le président Roosevelt pour une durée de 60 ans. Cet accord a été renouvelé en 2005 pour une même durée et paraphé par G.W Bush.
Ce pacte stipule entre autres que la « stabilité de l’Arabie saoudite fait partie des intérêts vitaux des États-Unis qui assurent, en contrepartie, la protection inconditionnelle de la famille Saoud et accessoirement celle du Royaume contre toute menace extérieure éventuelle ».

Cherchez l’erreur quand on nous rabâche depuis des années que la monarchie d’Arabie saoudite soutient et finance des mouvements fondamentalistes.

Rabah Moulla

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