Édition du 29 octobre 2024

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Syndicalisme

Négociation dans l'hôtellerie : des directions butées

Alors que les règlements tombent les uns après les autres dans l’hôtellerie, en négociation pour une 9e ronde coordonnée, certaines directions d’hôtels demeurent obstinées et c’est le cas au Bonaventure où l’employeur a décrété un lock out, le 25 septembre. Dès le lendemain, le syndicat, qui représente environ 200 travailleuses et travailleurs, se dotait d’un mandat de grève générale illimitée, adopté à 97 % par les membres, lors d’une assemblée générale.

Tiré d’Unité, journal du Conseil Central du Montréal métropolitain-CSN, novembre 2016, volume 31, numéro 7) | Emmanuelle Proulx est conseillère syndicale.

Un antisyndicaliste notoire

Il faut dire que depuis l’arrivée du nouveau propriétaire au Bonaventure, Claude Chan, en février 2015, les relations de travail sont pénibles. M. Chan possède des intérêts dans de nombreux établissements hôteliers québécois, notamment à l’Hôtel Classique à Québec, où un procédé illégal a été utilisé en septembre dernier pour contourner la loi sur les briseurs de grève. La direction du Classique a en effet voulu confier les tâches d’employé-es de l’hôtel à une compagnie sous-traitante qui venait tout juste d’être créée. Saisi de cette affaire, le Tribunal administratif du travail a jugé, le 23 septembre, que le Classique contrevenait au Code du travail, précisément aux dispositions anti-briseurs de grève (article 109.1) et a ordonné aux dirigeants de l’hôtel de cesser de recourir aux services d’employés non autorisés. Dans sa décision, le tribunal estime que la manoeuvre « apparaît comme un subterfuge mis en place par l’Employeur pour contrer l’application normale de l’article 109.1 du Code ».

Quelques jours plus tard, à la suite d’une enquête effectuée au Bonaventure le 16 septembre, le ministère du Travail révélait la présence de 14 briseurs de grève sur le lieu de travail, et ce, en complète infraction au Code du travail. Les procédures juridiques se poursuivent contre cet employeur qui contrevient à la loi en toute impudence.

Hôtel Gouverneur

Autre hôtel, même mépris à l’égard des employé-es, cette fois à l’Hôtel Gouverneur, où le syndicat se bute à une administration à l’esprit étroit. Pourtant, le syndicat a émis à plusieurs reprises, lors des séances de négociation, son intention de trouver un terrain d’entente satisfaisant pour les deux parties, en ouvrant notamment sur des enjeux importants pour l’employeur. En contrepartie, ce dernier a refusé net de s’engager à offrir les éléments de la plate-forme CSN dans l’hôtellerie, pourtant consentis par au moins dix hôtels à ce jour.

« On nous sert des sermons à la table de négociation. On nous dit qu’il faut travailler main dans la main avec le propriétaire, Jacques Goupil. On ne lui donnera pas un chèque en blanc ! », lance Yvon Therrien, président du syndicat CSN, qui ajoute que lorsque vient le temps du renouvellement de la convention collective, celui qui détient de nombreux hôtels Gouverneur au Québec devient intraitable. Afin de rappeler à l’employeur qu’il faut être deux pour danser un tango, deux grèves de 48 heures ont été déclenchées fin septembre et début octobre.

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