Des activistes et organisateurs-trices communautaires, dont des membres du collectif Personne n’est illégal-Montréal, dénoncent l’attaque policière envers les manifestantEs anti-racistes et les militantEs de justice pour les migrantEs lors de la Commission Bouchard-Taylor sur les « accommodements raisonnables » et demandent un arrêt immédiat de la brutalité policière et de la répression politique à Montréal, ainsi que le retrait de tout chef d’accusation émis lors de l’attaque violente menée par la police.
Le 27 novembre 2007, le collectif Personne n’est illégal-Montréal et ses alliéEs ont organisé une ligne de piquetage et une tribune publique dénonçant la nature raciste, sexiste et xénophobe de la Commission Bouchard-Taylor sur les « accommodements raisonnables ». Les manifestantEs ont soulevé des enjeux importants, tels que la pauvreté, la brutalité policière, le sexisme, le racisme, la précarité de statut, entre autres choses, à travers des témoignages, de la musique et de la poésie.
Après plusieurs heures de piquetage et de tribune publique, près de 30 policiers sont entrés sur les lieux afin d’expulser les manifestantEs, dont une grande partie provient de communautés migrantes ou racialisées. Les manifestantEs se sont alors promptement conforméEs à l’avis d’éviction émis par les gardes de sécurité du Palais des Congrès de Montréal. Alors que les manifestantEs s’approchaient de la sortie, la police a commencé à cibler plusieurs individus et à les arrêter, et ce, sans provocation. Durant l’attaque policière, des officiers en uniforme ont poussé et frappé des manifestantEs en utilisant leurs bâtons et ont sorti leurs pistolets Taser. Parmi les manifestantEs, nous pouvions compter des enfants (dont un bébé), de même que des personnes âgées, dont l’une s’est fait pousser au sol par un des policiers. « L’attaque policière était injustifiée, violente et répugnante ; la violence gratuite, l’attitude dégradante et le langage des officiers étaient honteux », affirme Poya Saffari du collectif Personne n’est illégal-Montréal.
Quatre personnes ont été arrêtées : une d’entre elles a été relâchée sans chef d’accusation ; deux autres ont été arrêtés puis relâchés rapidement avec des contraventions municipales ; un autre a été détenu, puis relâché le lendemain, et est accusé de voie de fait.
Cette attaque de la part de la police constitue un abus de pouvoir sans précédent. Il est frappant de constater que cette violence a été infligée à ceux et celles que la Commission prétend vouloir entendre. Des membres de communautés immigrantes et racialisées étaient venus confronter les prémisses fondamentalement racistes et sexistes de la Commission et dénoncer le fait que leurs réalités quotidiennes ont été disséquées de manière dégradante et marginalisées par le soi disant "débat" sur les "accommodements raisonnables". Alors qu’elle prétend agir en tant que forum public, la Commission Bouchard-Taylor n’a servi qu’à ostraciser ces communautés de manière plus aigue et à offrir une plateforme pour l’expression de la xénophobie. La police, elle-même un outil du gouvernement qui a mandaté la Commission, a agi avec un dédain profond pour le bien-être physique et l’intégrité émotionnelle de ceux et celles qu’elle prétend "servir et protéger".
Cette attaque de la part des forces de police s’inscrit dans le contexte d’interventions aussi injustifiées que disproportionnées qui ont eu lieu pendant les deux dernières années à Montréal. Deux exemples notables de ces interventions incluent la violence policière exercée envers plusieurs femmes lors de la marche organisée pour la Journée Internationale des Femmes le 8 Mars 2007, ainsi que la brutalité avec laquelle la police a attaqué plusieurs personnes lors de l’évènement de poésie "Break the Chains", en soutien avec les prisonniers politiques Palestiniens le 19 Avril 2006. "Ces exemples de violence policière sont des expressions claires de la répression politique imposée à ceux et celles qui luttent pour la justice sociale et la dignité à Montréal, particulièrement ceux et celles provenant de communautés marginalisées - que ce soit des femmes, des migrantEs, des Autochtones ou des personnes racialisées", a déclaré Farha Najah, du Comité du 8 Mars 2007 du collectif Femmes de Diverses Origines.