MQRP rappelle que les autres patients, assurés par des régimes privés, devront en conséquence payer directement ou tenter d’être remboursés par leur propre assureur, ce qui pourrait s’avérer difficile. Par ailleurs, pour les patients assurés par la partie publique du régime d’assurance médicaments, des coûts pourraient demeurer, par exemple celui des primes et de la coassurance, ce qui n’est pas plus recevable.
Tout en appuyant l’élargissement des services cliniques offerts par les pharmaciens afin d’améliorer l’accès, MQRP souligne les dangers d’un recul vers un mode de financement mixte public-privé pour les soins : « Sur le fond, nous sommes d’accord : cet élargissement permettra d’améliorer l’accès aux soins. Mais le ministre transforme cette bonne idée en une brèche dans la couverture publique des soins, ce que nous dénonçons » a souligné le docteur Alain Vadeboncoeur, président de MQRP.
MQRP a rappelé que l’Assemblée nationale venait d’adopter, le 13 juin dernier, une motion unanime mandatant le ministre de la Santé de couvrir tous les soins médicalement nécessaires. « Le ministre fait aujourd’hui des choix s’opposant à cette volonté claire. Nous le répétons : les soins requis doivent demeurer couverts par l’État quand ils sont donnés par un médecin, comme ils le sont actuellement. Que des assureurs privés couvrent les soins courants est contraire aux principes de base de notre système de santé. C’est une porte ouverte à un système à deux vitesses » a ajouté la docteure Isabelle Leblanc, vice-présidente de l’organisation médicale.
MQRP demande donc au ministre d’assurer la couverture publique de ces nouveaux actes par le biais de la RAMQ, comme il s’y était engagé il y a quelques mois : « Tous les patients doivent en bénéficier, sans barrière à l’accès. Il est d’ailleurs facile de couvrir publiquement ces services, parce que le modèle existe depuis plusieurs années : il suffit d’appliquer une entente similaire à celle permettant depuis 2003 la prescription de la pilule du lendemain par les pharmaciens alors rémunérés par la RAMQ, sans frais professionnels supplémentaires, à toutes les femmes qui en font la demande. Ça ne paraît pas bien compliqué » a poursuivi la docteure Isabelle Leblanc.
Enfin, pour l’organisation, ce débat s’inscrit au coeur d’une réflexion plus vaste, celui de l’élargissement du rôle des différents professionnels dans notre système de santé. « Dans le cadre actuel, les soins requis offerts ailleurs qu’en établissement par d’autres professionnels que les médecins ne sont souvent pas couverts par l’État. Il faut continuer à développer les soins médicament requis mais en s’assurant de les couvrir publiquement et intégralement. C’est aussi ce qu’il faut faire avec les nouveaux services offerts par les pharmaciens. L’équité et la gratuité d’accès demeurent des priorités et nous les défendrons jusqu’au bout » a conclu le docteur Alain Vadeboncoeur.