Selon les données les plus récentes de la Société canadienne d’hypothèque et de logement sur le marché locatif, le loyer médian dans Le Sud-Ouest a bondi de 21% entre les mois d’octobre 2019 et 2020, passant de 861 $ à 1043 $. « C’est énorme et ça n’a rien à voir avec l’augmentation du coût de la vie ou des revenus des locataires », dénonce Marie-José Corriveau, coordonnatrice du FRAPRU. Le FRAPRU note que d’autres secteurs de Montréal sont également frappés de plein fouet par l’augmentation du loyer moyen, comme Hochelaga-Maisonneuve (9,8%) et Rosemont-Petite-Patrie (8,6%). Il attribue cette flambée du prix des logements aux opérations menées par les promoteurs immobiliers depuis quelques années, au détriment des locataires.
Cette hausse en flèche du coût du loyer fait craindre au RIL et au POPIR le pire pour les locataires à faible et modeste revenus. « Avant même la pandémie, 3685 ménages locataires du Sud-Ouest devaient verser 50 % ou plus de leur revenu pour se loger ; or le revenu médian de ce groupe est de seulement 12 300 $ par an », rappelle Hassan El Asri, coordonnateur du RIL. « Pour payer leur loyer, ces ménages doivent couper dans leurs autres besoins essentiels, comme se nourrir, et c’est au détriment de leur santé, physique et mentale, parfois même de leur sécurité », souligne Patricia Viannay, organisatrice communautaire au POPIR-Comité logement qui travaille avec les locataires de Griffintown, Petite-Bourgogne, Saint-Henri, Côte-St-Paul et Ville-Émard. « Ces gens ont évidemment besoin d’un logement social maintenant. Il faut arrêter de les faire attendre pendant des mois, voire des années », dénonce-t-elle.
« En plus, les rares logements inoccupés sont beaucoup plus chers, ce qui rend difficile la recherche d’un nouveau logement », rappelle Hassan El Asri, soulignant que la SCHL constate sur l’île de Montréal, un écart de 36°% entre le loyer moyen des logements inoccupés et celui des logements occupés. « Les locataires forcés de déménager, souvent victimes de reprises de possession et d’évictions frauduleuses, ne trouvent carrément pas à se reloger dans le secteur ou à proximité et ils doivent quitter notre communauté », insiste-t-il. « Le pire, c’est qu’on n’en voit pas la fin », ajoute Patricia Viannay.
Rappelant que la ministre Andrée Laforest a affirmé à plusieurs reprises que l’habitation est une priorité pour son gouvernement, le POPIR, le RIL et le FRAPRU espèrent un signal clair en faveur du logement social dans le prochain budget de son gouvernement. Pour répondre aux besoins les plus urgents, ils demandent que le budget 2021 prévoit une nouvelle programmation sur cinq ans. Sans financement de nouvelles unités dans le programme AccèsLogis, la Ville de Montréal pourra difficilement réaliser les 6000 logements sociaux annoncés par l’administration Plant sociaux, ni même réaliser des projets sur les sites récemment acquis soulignent-ils. Le RIL et le POPIR sont d’ailleurs mobilisés pour soutenir de nouveaux projets visant à répondre aux besoins pressants dans leurs milieux, mais qui ne peuvent pas se concrétiser sans de nouveaux investissements québécois. C’est le cas de l’organisme sans but lucratif d’habitation Libr’elles dont des membres étaient présentes à la manifestation. Le projet de 50 logements sociaux pour femmes seules et femmes monoparentales dans Saint-Henri, appuyé par le POPIR, ainsi que deux autres projets dont les plans sont déjà prêts n’attendent que le financement de nouvelles unités dans le programme AccèsLogis pour démarrer. La Coalition avenir Québec (CAQ) n’a pas programmé de nouveaux logements sociaux dans ses deux derniers budgets, une première en 20 ans.
Les organismes de défense du droit au logement rappellent par ailleurs que la somme récemment récupérée par Québec du fédéral reste insuffisante pour livrer l’intégralité des 12 500 logements sociaux programmés depuis 10 ans que la CAQ s’est engagée à livrer au cours de son premier mandat. Ils demandent donc que les sommes manquantes soient enfin budgétées.
Les comités logement du Sud-Ouest et le FRAPRU estiment qu’il faut au moins 50 000 unités en 5 ans, pour répondre aux besoins, dont la moitié en HLM. Sur ce nombre, 22500 devraient être construits à Montréal.
La manifestation d’aujourd’hui s’inscrit dans le cadre d’une série d’actions du FRAPRU menée durant les consultations pré-budgétaires. Demain à Québec, un rassemblement se tiendra devant le Conseil du Trésor.
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