La manifestation avait deux revendications : la décriminalisation de l’avortement et l’implantation du programme de pilule du lendemain dans la ville de Concepción. La manifestation a commencé en face du Palais de justice, puis s’est rendue à la cathédrale, où une femme a lu le manifeste qui clame que : « Nous, les femmes du continent, nous exigons aux États la décriminalisation de l’avortement et nous rappelons aux citoyennes et citoyens que sommes nous libres de décider si nous voulons ou non être mère, parce que la maternité est volontaire et que nous, les femmes, sommes sujets de droits. » Par la suite, la manifestation s’est rendue à l’hôtel de ville afin de remettre le manifeste à la maîresse.
Les femmes interpellaient la maîresse car le gouvernement central a mis sur pied un programme pour donner des pilules du lendemain ( à prendre dans les heures suivant une relation non protégée pour empêcher une grossesse ) gratuitement, dans les centres de santé et sans discrimination, pour toutes les femmes. Les adolecentes de 14 ans et plus pourraient recevoir cette pilule confidentiellement et sans que l’autorisation des parents soit nécessaire. Les groupes de femmes le voient comme une bonne initiative. Cependant, il faut savoir qu’au Chili, les services de santé sont gérés par la municipalité. À Concepción, la maîresse présentement au pouvoir, Jacqueline Van Rysselbergue est du parti UDI, un parti de droite économique et religieuse. Son administration refuse donc de rendre disponible ce programme dans les centres de santé de la ville de Concepción.
Le Chili est un des 5 pays au monde ( avec le Vanatu, el Salvador, Malta et le Vatican) où l’avortement est illégal dans toutes les situations, même si la vie d’une femme est en danger, ou si elle a été violée. Il y a quelques années, l’avortement thérapeutique était permis, mais il est devenu illégal durant la dictature et cela c’est maintenu jusqu’à aujourd’hui.
Au Chili, l’avortement illégal est la 4e cause de mort maternelle. Les femmes pauvres sont les plus affectées parce que les femmes riches peuvent payer pour se faire avorter clandestinement par un personnel plus compétent et dans de meilleures conditions sanitaires. C’est donc aussi un problème de justice sociale et d’équité.
Les manifestantes ont réaffirmé la nécessité « des contraceptifs pour ne pas devenir enceinte, de la pilule du lendemain pour ne pas avorter et de l’avortement légal pour ne pas mourir. » Ce qu’elles demandent est légitime dans une société démocratique : elles veulent la décriminalisation de l’avortement, maintenant.