Parmi les multiples attaques aux droits des travailleurs et travailleuses, le projet de loi 59 s’en prend à l’accès au régime d’indemnisation et de réadaptation. Au retour de la relâche de la commission qui étudie ce projet de loi, les parlementaires devront se positionner sur les articles modifiant les maladies professionnelles donnant accès à une présomption dans la reconnaissance d’une lésion professionnelle. Ces articles, proposés par le ministre, prévoient l’exclusion de maladies, notamment certaines surdités professionnelles.
Alors que le Québec est en retard de plusieurs décennies en prévention du bruit dans les milieux de travail, les représentants patronaux se plaignent du coût de l’indemnisation des personnes devenues sourdes en travaillant. Ils se plaignent, mais parce qu’ils ne font pas ou peu de prévention, ils n’ont qu’eux-mêmes à blâmer. Pourtant le calcul est simple : chaque dollar investi en prévention fait économiser 10 $ en indemnisation. Mais la solution que propose le ministre est d’empêcher la reconnaissance de certaines surdités, dont celles qui ne sont pas bilatérales, c’est-à-dire qui n’affectent pas les deux oreilles de manière égale. Pourtant, c’est bien connu que dépendamment de l’organisation du poste de travail et du métier, les deux oreilles ne sont pas toujours exposées de manière égale. Il suffit de penser aux chauffeurs de véhicules lourds, un exemple parmi plusieurs. Cette mesure empêchera donc des milliers de personnes d’avoir accès à des prothèses auditives pour pallier leur surdité. Une aberration que les militants et militantes des deux centrales syndicales dénoncent vivement.
« C’est inacceptable que ce soient les travailleurs et les travailleuses du Québec qui paient pour réduire les coûts du régime alors que c’est l’inaction des employeurs qui en est responsable. Donc, au lieu de s’assurer que les employeurs assument leur responsabilité, le gouvernement préfère retirer le droit à l’indemnisation et à la réadaptation des travailleurs et travailleuses. C’est odieux », dénonce Simon Lévesque, responsable de la santé et de la sécurité du travail FTQ-Construction.
« Ce projet de loi devait être le tremplin pour moderniser le régime et l’adapter aux nouvelles réalités du marché du travail, et ce, afin de mieux protéger les travailleuses et travailleurs. Nous constatons que les orientations prises par le ministre indiquent tout le contraire, il est clair pour nous que M. Boulet a choisi son camp et je peux vous jurer que ce n’est pas celui des accidentés du travail. Il choisit plutôt d’économiser sur le dos des personnes accidentées ou malades en lien avec leur emploi. C’est indécent ! », ajoute Isabelle Gélinas, première vice-présidente au Conseil Central du Cœur-du-Québec - CSN.
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