Par son engagement, elle œuvre sans relâche pour l’autonomisation des femmes, en particulier dans le Grand Sud de l’île, et défend ardemment leurs droits économiques et sociaux. À travers son rôle à la tête de la CCFEPS, elle facilite l’accès des femmes aux financements, à la formation et aux opportunités de marché, tout en menant une bataille plus large pour éradiquer les violences basées sur le genre.
Un engagement pour l’autonomisation et l’égalité
L’autonomisation des femmes haïtiennes est au cœur de la mission de la CCFEPS. "Nous œuvrons pour qu’elles puissent accéder aux financements nécessaires pour développer leurs entreprises, qu’elles soient formées dans des domaines clés et qu’elles trouvent des opportunités sur le marché. L’autonomie financière est cruciale pour leur émancipation, et pour leur offrir un moyen de se protéger contre les violences auxquelles elles sont souvent confrontées", explique Lineda CARRIÉ. Cependant, malgré leur contribution essentielle à l’économie, les femmes haïtiennes se heurtent à des obstacles persistants : un accès limité aux financements, une discrimination systématique dans le domaine économique, et une exclusion sociale de plus en plus marquée.
Des défis profondément enracinés
Avec plus de 50% de la population haïtienne composée de femmes (IHSI, 2015), l’inégalité entre les sexes reste un problème de taille dans le pays. Selon CARRIÉ, bien que des progrès législatifs aient été réalisés dans le domaine des droits des femmes, leur mise en œuvre reste largement insuffisante. "Les femmes continuent de faire face à des défis majeurs : violences physiques et psychologiques liées à l’insécurité généralisée, accès restreint aux opportunités économiques, inégalités d’éducation et absence de protection sociale et juridique", souligne-t-elle.
Les violences basées sur le genre en Haïti, qu’elles soient domestiques, sexuelles, économiques ou institutionnelles, sont des fléaux omniprésents. Celles-ci trouvent souvent leur origine dans une culture patriarcale renforcée par la pauvreté, l’impunité, et un manque flagrant d’éducation. Ce climat contribue à maintenir un silence social autour des abus, rendant difficile pour de nombreuses femmes de dénoncer leurs agresseurs et de trouver justice. La situation est encore plus compliquée par l’absence de statistiques fiables, ce qui empêche une évaluation correcte de l’ampleur du problème.
L’urgence d’une action collective
Malgré ces difficultés, l’espoir réside dans la mobilisation collective. "La clé pour changer les choses est l’unité et l’action concertée. Nous devons renforcer les lois existantes, en assurer leur application stricte, et punir sévèrement les auteurs de violences", affirme CARRIÉ. L’accès aux financements et à l’autonomisation économique des femmes est également un pilier essentiel de son engagement. Pour elle, former les agents publics, notamment les policiers, juges et travailleurs sociaux, est une étape indispensable pour assurer une meilleure prise en charge des victimes de violences.
Les femmes haïtiennes doivent également être mieux représentées dans les instances décisionnelles. "Lorsque les femmes occupent des positions de pouvoir, leurs besoins sont mieux pris en compte", insiste Lineda CARRIÉ. Encourager leur participation active dans les sphères politiques et économiques ne serait pas seulement bénéfique pour elles, mais pour l’ensemble du pays.
Un programme national de développement durable à l’horizon 2030
Dans le cadre des Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, notamment l’ODD 5 : "Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles", la mise en œuvre d’un plan d’action national doit inclure des stratégies de sensibilisation et d’éducation sur les droits des femmes. Pour CARRIÉ, il est indispensable d’intégrer l’égalité des sexes dans les programmes scolaires dès le plus jeune âge, tout en multipliant les campagnes d’information et de formation via les médias, les réseaux sociaux, les leaders communautaires et les organisations locales.
"Impliquer les hommes et les garçons dans cette lutte est crucial pour initier un changement culturel profond et durable", estime-t-elle. Par ailleurs, CARRIÉ plaide pour une réforme du système judiciaire, afin de garantir que les victimes de violences soient systématiquement protégées et qu’elles aient accès à des réfuges et à des services d’accompagnement adaptés.
La Journée internationale des droits des femmes : un levier, pas une fin
À l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, Lineda CARRIÉ appelle à un engagement renouvelé et à des actions concrètes. "Cette journée est importante, mais elle ne doit pas se limiter à une simple commémoration. Elle doit être un catalyseur pour des actions durables en faveur de l’égalité des sexes et des droits des femmes", explique-t-elle.
Elle conclut son message en adressant un message fort à toutes les femmes haïtiennes : "Vous êtes fortes, résilientes et essentielles au développement de notre pays. Ne laissez personne limiter vos ambitions. Continuons à nous soutenir, à nous éduquer et à nous battre pour nos droits. L’avenir d’Haïti dépend de l’émancipation de ses femmes."
Un appel à l’action pour l’avenir d’Haïti
Les mots de Lineda CARRIÉ résonnent comme un appel à la solidarité et à l’action pour un Haïti où les femmes ne sont pas seulement des victimes, mais des actrices et des leaders du changement. Alors que les défis restent nombreux, l’engagement sans faille de cette entrepreneure et militante offre une lueur d’espoir. L’émancipation des femmes est non seulement essentielle pour leur propre bien-être, mais également pour l’avenir et la prospérité de tout le pays.
Smith PRINVIL
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Un message, un commentaire ?